Baz'art  : Des films, des livres...
30 mai 2016

Julieta, le nouveau chef d'oeuvre de Pedro..

julieta

Malgré six films en compétition depuis 1999, parmi lesquels des chefs-d'œuvre incontestés, Almodóvar n'a jamais fait chavirer le jury du Festival de Cannes, et malheureusement, ,son superbe Julieta n'aura pas su renverser la tendance et est carrément reparti totalement bredouille, tout comme l'avait fait trois ans auparavant l'ambitieux mais plus radical La Piel que habito.

Et j'avoue avoir un peu de mal à comprendre pourquoi certains festivaliers semblent juger son oeuvre « trop populaire » pour mériter une récompense cannoise, alors même que le cinéma de Loach, qui a la même vocation populaire, mais moins d'ambition visuelle et moins de densité romanesque a été doublement palmé. Il faut dire qu'on avait peu d'espoir que Pedro soit palmé avec Julieta car cette oeuvre a été reçue assez tièdement lors de sa projection cannoise.

Ne laissons pas trop longtemps durer ce-faux- suspens : personnellement le film m’a autant ébloui que ses autres, malgré une différence dans la tonalité du film. Car après des 'amants passagers' particulièrement déjantés et ratés, Pedro signe un retour au mélo et au romanesque pour le réalisateur espagnol, grand amoureux des femmes, dont les tourments, les fragilités, let le courage le fascinent depuis toujours.

 Sauf qu'habitué à nous montrer des personnages hauts en couleurs dans des lieux sombres, Almodóvar laisse de coté l'excentricité et d’humour ibérique farfelu avec des personnages souvent bigger than life, et son versant LGBT , souvent rafraichissant, mais sans doute pas toujours dosé. à meilleur escient.

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Si on veut situer le film dans la carrière du maestro, on peut dire que ce Julieta se rapprocherait plutôt des Etreintes brisées ou de Volver,  deux des films les plus dramatiques de sa filmographiesauf qu'ici , il choisit ce coup ci de mettre totalement de coté l'humour et l'exubérance qui pouvait caractériser tous ses précédents films ici, certainement à cause de l'univers d'Alice Munro - Pedro a adapté plusieurs nouvelles de la prix Nobel australienne pour tisser son intrigue- les personnages sont  tous de tonalité sombre, mais en les situant dans des lieux aux lumières vives.

Almodóvar s'inspire de trois récits (SilencioDestino,Pronto). de l'auteur Alice Munro pour créer sa propre histoire  et parvient  à tisser admirablement  Almodóvar nous présente une véritable leçon d'écriture du scénario. Julieta valse avec une grande fludiité entre le présent et le passé avec pour point de référence ce personnage de femme qui vit profondément toutes ses émotions, ses trahisons et les épreuves du temps.

Le cinéaste espagnol arrive à montre la douleur de la perte de l'être aimé, en echevetrant les périodes et les histoires, lee tout ramassé dans un film de seulement d'1h30, on peut dire que Pedro sait harmonieusement son scénario.

La puissance de l’intrigue  permet de ressentir leurs tourments intérieurs sans avoir besoin d’en rajouter dans le mélo et la surennchère .

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Porté par une véritable et passionnante intrigue, les méandres de la vie de Julieta, interprétée par deux actrices formidables, notamment la magnifique Adriana Ugarte qui crève l'écran de bout en bout., témoigne  de fort belle façon du poids des chaines familiales et leur transmission avec une clarté et une force peu commune.

Peut-on être heureux lorsque l'on est rongé par un secret ? Peut-on être insouciant lorsque la chair de sa chair, s'éloigne de vous ? Peut on transmettre d'une génération à une autre le sentiment de culpabilité qui nous étreint profondément?  A toutes ces passionnantes questions, Julieta y répond de fort belle manière, en magnifiant des sentiments comme l'amertume, l'impuissance, la tristesse et le problème de communication et de jugement d'une fille vers sa mère.

 

Quant à la mise en scène d'Almodovar, que certains ont trouvé terne car débarassés des exubérances du maitre, elle est au contraire fort belle de retenue et de maitrise, d'autant plus que l'éclat de la photographie met en pleine lumière la gravité de ce sublime  scénario. 

Drame aux airs de tragédie grecque, Julieta est  incontestablement un chef d'oeuvre de plus dans la riche carrière de son auteur..

Bande-annonce JULIETA de Pedro Almodovar VOSTFR

 

Commentaires
T
Pour ma part, j'ai bien aimé ce nouveau Pedro. Un beau film autour de la maternité, de la culpabilité et du destin, autour du manque de communication aussi, bien traité, joli esthétiquement, bien interprété, bref beau travail, ça c'est sûr et il s'agit d'un beau retour (même si j'apprécie à sa manière Les Amants Passagers). Cela dit, je peux comprendre son absence au palmarès, j'ai trouvé qu'il manquait un peu d'émotion (pourtant j'ai trouvé le film très beau encore une fois ! je dirais peut-être un peu froid) principalement parce que je l'ai trouvé un peu trop explicatif.
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A
Les membres du jury du festival de Cannes sont des gens étranges. Leur palmarès est dénué de sens. Pour ce Julieta je suis complètement de ton avis, et Pedro a tout bon. Il est superbe son dernier né, et la presse comme le public me semblent ne pas s'y être trompés. Alors tant pis pour Cannes, ils ont de la m** dans les yeux ! :)
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