Revue de BD: Enfants pénibles, Sfar en psychanlyse et histoire du hip hop
Quelques semaines avant le début du Festival d'Angoulème, on a une nouvelle chronique consacrée au neuvième art et cette fois ci, il y est question de trois belles BD qu'on a récemment découvertes et qu'on vous recommande vivement, dans des styles et des thématiques bien différentes:
1. GROS, L'enfer c'est les enfants des autres, ( Chêne Editions)
Après le succès de l’album Comment rater ses vacances dont on avait parlé en septembre dernier , ce nouveau recueil de dessins signé Pascal Gros nous plonge dans la thématique des enfants et de l’éducation. Sujets d’actualité et humour se mêlent à perfection dans les 150 dessins qui dépeignent les réalités de la société contemporaine, ses vices et ses méfaits.
École, famille, religions, préjugés et stéréotypes, un florilège de sarcasmes et de dérision, pour rire de tout et surtout des enfants des autres !
Aux manettes, le dessinateur de Marianne pour un plaisir totalement jubilatoire devant ce recueil de dessins satiriques, qui prouve l'efficacité de ces strips qui dit tout en le minimum de cases!!
2. Joann Sfar, Si j'étais une femme je m'épouserais ( Marabout)
Fin de la Parenthèse sorti récemment chez Rue de Sèvres était quasiment la première bande dessinée de Joann Sfar que je lisais mais malgré mon manque d'enthousiasme, j'ai remis cela avec si j'étais une femme je m'épouserais qu'il a sorti dans la foulée chez Marabout, c'est dire à quel point ce type est un stakhanoviste!!
Si j’étais une femme je m’épouserais, est le prolongement des deux précédents carnets de Sfar "Si Dieu existe" et "Je t'aime ma chatte" parus l'année dernière chez Delcourt visiblement Sfar change aussi beaucoup d'éditeur) et il faut dire que Sfar a pris l'habitude depuis 2002 de dessiner sa vie sur des carnets.
Voici donc en dessins et en texte une sorte de journal intime qui raconte sa vie personnelle et les événements de l'époque qu'il traverse. On voit ainsi dans ce troisième carnet qu'il voit une psychanalyse qui ne se remet pas d'une rupture amoureuse.
L'ensemble est plutot de tonalité triste, voire dépressive ' "(Je suis malade d'une incapacité à tourner la page. Je ne sais rien oublier. Je suis à l'arrêt comme si j'étais écrabouillé par tous ces moments passés que je suis incapable de laisser filer".
Par ailleurs, on surfe sans transition d'un sujet ( Enrico Macias) à un autre ( le tournage de son dernier film) sans fil conducteur, et évidemment l'exercice est énormément mégalo, mais cette alternance de dessins et textes écrits à la main. touche par sa sincérité et un réel talent..
3. Hip Hop Family Tree, Ed Piskor ( Papa Guedé éditions)
En fin d'année 2016 est sortie aussi aux éditions Papa Guédé la version française de la cultissime BD Hip-hop Family Tree, écrite par l’Américain Ed Piskor. qui s'échine à tracer en plusieurs volumes l'histoire du mouvement hip hop en bande dessinée, bref une oeuvre documentaire d'une ambition et d'une ampleur assez exceptionnelles que tous les fous de ce mouvement hip hop ne peuvent que plébisciter!!
Ce premier volume est consacré à la naissance du hip-hop, à l’émergence de ce style musical qui allait s'imposer très rapidement comme un genre musical majeur aux USA puis sur toute la planète.
Pas toujours facile de se retrouver lorsqu'on est néophyte en la matière, tant les protagonistes sont nombreux et qu'on passe de l'un à l'autre sans forcément tout bien suivre...DJ Kool Herc , Grandmaster Flash, on a tendance à un peu mélanger les noms et les parcours, vu qu'on ne s'attache jamais à un artiste en particulier ...
Une bande dessinée qui accumule les détails et anecdotes croustillantes dans un style assez tonitruant inhérent au mouvement. Résultat, la dimension humaine du mouvement hip-hop est parfaitement restransrite et entre flow, battle, armes à feu, punchlines et problème de femmes, cette BD réserve un excellent moment de lecture..
A noter que la BD est sélectionnée à Angoulême ,et que les tomes 2 et 3 VF arrivent courant 2017.