Critique cinéma : Le Traître : attention chef d'oeuvre !
Dans les moments phares du dernier festival Lumière, on n'oubliera pas la grande master class du maestro italien Marco Bellocchio à laquelle on avait eu la chance d'assister .
Il a cette occasion revenu sur toute son immense filmographie et également longuement sur ce film Le Traître, qui sort ce mercredi en salles.
Un film lui a permis de se confronter à la Mafia, plus précisément à Tommaso Buscetta, un repenti de Costra nostra.
Le traître en question est Tommaso Buscetta, un cadre de Cosa Nostra qui décide de fuir pour se cacher au Brésil, au plus fort de la guerre entre les clans siciliens dans les années 80.
Animé par un esprit de vengeance, il prend une décision qui va bouleverser l'histoire de la mafia en acceptant la proposition du juge Giovanni Falcone de collaborer avec la justice.
Dès lors, les règlements de comptes s'enchaînent et ses proches sont assassinés les uns après les autres, avant que Buscetta ne soit arrêté par la police brésilienne puis extradé.
Provoquant l'arrestation de plusieurs centaines de personnes avec ses informations, Tommaso Buscetta est le témoin principal du "Maxi-Procès de Palerme", que Bellocchio met en scène de façon éblouissante.
Bellocchio : "Le procès avait été retransmis à la télévision, mais je voulais éviter d'emprunter ces images. Il fallait instiller une dramaturgie. Je voulais aussi montrer que le procès était un spectacle digne de la +commedia dell'arte+, avec ces accusés qui tentaient par tous les moyens de le bloquer"
Ainsi, ces magistrales séquences du Maxi Procès, qui se déroulent selon les propos de Bellochio à la master class au lieu même où elles se sont déroulées, sont à la fois baroques et passionnantes et resteront certainement dans les anales du genre, loin des films de procès ronronnant du cinéma américain .
Le Traître tourne autour de la question de la fidélité et des valeurs, n’hésitant pas à donner ambiguité et ambivalence à ses protagonistes, de telle sorte que jusqu'au bout le spectateur ne sait jamais les cerner ni s'attendre avec eux.
Le scénario de Bellochio, extrêmement bien construit, avec des allers retours passés et présents, décrit le fonctionnement de "la pieuvre", donne des informations cruciales, dénonce ses membres importants et trahit de fait le serment fait à Cosa Nostra pour contribuer à son démantèlement.
A cet égard, Tommaso Buscetta est incarné par un immense Pierfrancesco Favino dans le rôle-titre qui livre ici une performance exceptionnelle en conférant à Busceta une épaisseur humaine étonnante, et en fait une créature à la fois intense et opaque .
En racontant de façon intelligente et complète cette histoire du premier grand repenti de la mafia sicilienne, Marco Bellocchio livre un film remarquable qui contoune le classissime de façon réjouissante; contrairement à Portrait d'une jeune en fille , autre film cannois en compétition, qui ne parvenait pas à transcender à mon sens- j'étais le contre- le classisime du sujet.
L'avenir dira si le "Le Traître" figure parmi les oeuvres majeures du film de de mafia mais, pour baz'art, les membres de la rédaction sont entièrement d'accord: c'est un des meilleurs long métrages de l'année qui aurait certainement mérité quelque chose en compétition sur la croisette.
Le Traître; Un film de Marco Bellocchio avec Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Candido et Fabrizio Ferracane au cinéma ce mercredi 30 octobre 2019