L’Ange Rouge : le plaisant polar lyonnais de François Médéline
« J’ai détourné le regard. Je déteste les cadavres, encore plus quand ils sont à la morgue. Je préfère la crim’ aux stups : c’est moins routinier, les agents se droguent moins, la clientèle est moins menteuse, les planques moins nombreuses. Mais je déteste ces saloperies de cadavres. Lorsque j’en vois un, je cours dans ma montée d’escalier si je rentre seul la nuit, je vérifie trois fois que ma porte d’entrée est bien fermée et je contrôle sous mon lit avant de m’y coucher. Un cadavre fait croire aux esprits. Je ne sais pas trop pourquoi j’ai fait flic. Surement pour contrarier ma mère. »
Printemps 1998, la bonne ville de Lyon est en émoi. Un crucifié a descendu la Saône sur une barge le dimanche des rameaux. Le cadavre émasculé et défiguré venait d’avoir trente-trois ans. Pas besoin d’être grand clerc pour faire un parallèle avec un certain Jésus, surtout dans la ville du Primat des Gaules. Serions-nous devant l’œuvre d’un serial-killer en puissance se demande le commandant Alain Dubuk ?
Nous sommes à Lyon, la ville aux deux collines, celle qui travaille et celle qui prie, et l’on prie avec ferveur chez les intégristes de Saint-Georges et les étudiants du GUD, comme on travaille beaucoup à préparer des attentats chez les anarchistes squatteurs des souterrains de la Croix-Rousse.
L’enquête avance vite, mais le tueur a toujours un cadavre d’avance, et oui Dubuk tu es bien à la poursuite d’un serial-killer.
Bon, ok des cadavres christiques et une enquête menée par un flic sacrément borderline, on a déjà vu ça dans pas mal de polar, mais il faut reconnaitre à François Médéline un savoir-faire indéniable.
Un style direct, rapide et précis dans le déroulement de l’enquête, des personnages à la psyché très fouillée et surtout une habile utilisation du décor urbain de Lyon.
On se croirait chez Ellroy et pourtant nous ne sommes pas à L.A, mais la cité des Gaules vaut bien la cité des Anges, d'ailleurs, n’est-ce pas entre Rhône et Saône, que le cinéma a été inventé?
Un crucifié port Rambaud, un autre place Gerson, un pendu dans un dépôt désaffecté de La Guillotière, et quelques cadavres en plus à l’ile Barbe, bref j’ai lu un polar trash et lyonnais.
L'ange rouge par François Médéline est paru aux éditions La manufacture de livres