Baz'art  : Des films, des livres...
22 janvier 2021

Sélection Hiver littéraire 2021:5 lectures poches pour bien commencer la nouvelle année !

  Une sélection de nouvelles lectures en poche pour bien commencer la nouvelle année : 

1/Nous étions nés pour être heureux; Lionel Duroy ( J'ai Lu)  

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 " En fait, je n'arrive pas à comprendre comment vous avez pu vous remettre de notre enfance."

Le temps d’un repas de famille pas comme les autres, un homme se remémore toute sa vie passée. 

Depuis son premier roman, Priez pour nous, Lionel Duroy, connu aussi pour être la plume de biographies de stars, comme celle de Depardieu,  n'aura eu de cesse d'utiliser sa propre histoire familiale comme matière principale de ses  propre romans et souvent de manière assez dure, où les rancoeurs et les incompréhensions sont légions. 

 "Priez pour nous"  "Le chagrin" et son dernier roman  "Nous étions nés pour être heureux" forment une trilogie des relations familiales, où blessures filiales et fraternelles et sens catharsitique de l'écriture se mêlent dans un seul et même élan.

Lionel Duroy transcende l'autofiction à travers le personnage de Paul, double littéraire évident et protagoniste principal d'une réunion de familiale tendue qui voit une famille se réunir après une trentaine d'années de silence

Par rapport aux deux autres romans de la trilogie, Lionel Duroy semble apaisé et  Nous étions nés pour être heureux est avant tout un roman qui parle de résilience et de paix familiale qu'il faut tenter de creuser. 

Une plume élégante, des portraits pscyhcologiques très bien creusés, et un récit formidable d'humanité et de profondeur. 

 

2/Brigitte Giraud; Jour de courage ( J'ai Lu)

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 " Livio stoppa les élèves qui commençaient à noter, et précisa qu'il reviendrait sur 'l'autodafé puisque c'était le sujet principal de la matinée.Il leur demanda de ne pas se précipiter. Ce n'était pas tant les livres au feu qui l'intéressait mais comment et pourquoi ils y étaient arrivés."

Brigitte Giraud, auteur locale bien connue des lyonnais, est une habituée de la rentrée littéraire et nous propose pratiquement chaque année un de ses romans. A chaque fois on relève  sa  formidable capacité  à se renouveler, et sur la forme et sur le fond, et à tenter des projets pour le moins audacieux et aventureux sur le papier.

Après l'excellent "Un loup pour l'homme en 2017", et après nous avoir cruellement manqué l'an passé Brigitte Giraud revient cette année  avec « Jour de Courage » un roman sur l’homosexualité aussi sensible qu'érudit.

Livio, jeune lycéen, donne un exposé dans le cadre de son cours d’Histoire sur la Seconde Guerre mondiale sur les autodafés. 

Il va choisir de parler d'un certain  Magnus Hirschfeld, médecin allemand qui a lutté pour l'égalité hommes femmes à travers la création de  son institut de sexologie :et surtout contre la persécution des homosexuels, et qui verra sa bibliothèque brulée par les nazis.

On comprendra assez vite, le lecteur mais aussi les camarades et la professeur de Livio, que Livio utilise de parler de Hirschfeld,pour exprimer quelque chose qu'il a sur le coeur et faire son coming out..

Le roman passe de la vie de Livio, de la découverte de son homosexualité, malgré la présence à ses cotés de la jeune Camille, secrètement amoureuse de lui, à celle de Hirschfeld, racontée par Livio.

Deux récits qui s'entrecoisent pour dire que, même à un siècle d'intervalle, il est toujours difficile de vivre pleinement sa différence, et combien l'ignorance peut faire du mal.

On est totalement happé par la plume élégante et le talent manifeste d'observation d'une romancière qui est  également professeur et qui décrit avec une grande justesse les réactions de jeunes élèves qui n'ont pas tous forcément la curiosité et la vivacité d'esprit de Livio  …

Un roman d'une grande justesse, aussi bien par son propos que par la manière de construire son récit....

A conseiller sans l'once d'une hésitation !

3/Ainsi parlait ma mère; Rachid Benzine (Points) 

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 "Ma mère n'a jamais vraiment compris le français.Alors quand un médecin ou un employé de la sécurité sociale ou un professeur d'école lui posait une question, elle a toujours répondu invariablement " oui" sans se soucier davantage des effets de sa réponse. Cela nous a valu des ennuis avec la terre entière, la police, les impôts, les services sociaux, la banque les hôpitaux et toutes les administrations ."

Ainsi parlait ma mere un (très)  court mais (très) joli roman.Il est l'oeuvre de Rachid Benzine, connu comme enseignant, islamologue et chercheur associé au Fonds Ricœur. 

"Ainsi parlait ma mère" est un très beau texte, et avant tout une fort belle preuve d'amour d'un fils à sa mère et un bel hommage à toutes ces mamans qui ont fait ce qu'elles pouvaient avec très peu en donnant corps et âmes à leurs enfants .

C'est également une ode à « La peau de chagrin », texte d’amour à une Maman empêchée de lire, lettre d’un fils aimant

En effet, à 93 ans, et de plus en plus affaiblie la mère du narrateur/ auteur, ne sachant pas lire, demande  à son rejeton de lui faire la lecture du roman La peau de chagrin de Balzac, le seul qui a réussi à trouver grâce à ses yeux sans que la mère ni le fils ne puisse ne l'expliquer. 

Ainsi parlait ma mère, son premier roman, est une ode aux mamans, à ces femmes qui ont fait tant avec le peu qu'elle possédaient et qu’on a l’honneur d’aimer.

Le sujet de la relation père/fils est une thématique ô combien usitée par les écrivains ; on pense bien évidemment à la référence ultime dans ce sujet,  "le livre de ma mère " d'Albert Cohen et le roman de Rachid Benzine, qui va sur les mêmes rives de l' «hommage» à sa mère décédée et témoignage sur la « majesté de l'amour » maternel,  n'a nullement à rougir de la comparaison. 

Rachid Benzine livre des souvenirs lourds de nostalgie, mais souvent cocasses, sur cette complicité mère/fils et sur cette incroyable maman soucieuse des traditions, recluse dans une vie modeste, qui aura tout donné pour sa progéniture.

Une écriture drôle et émouvante; des thèmes en phase avec l'actualité sur les relations aidants/personnes dépendantes et la difficulté des migrants à s'intégrer : voilà un livre empli de tendresse et de délicatesse pour sa mère que toute mère devrait offrir à son fils, ou le contraire...

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4/ Les Magnolas, Florent Oiseau ( Pocket)

 "J'ai jeté un regard plus que sceptique sur l'objet. Son portemanteau ressemblait à un épouvantail, il prenait une place conséquente, je n'ai pas réussi à feindre l'emballement. "

Si le mot magnolias déclenche immédiatement dans mon cerveau, la chanson éponyme de Claude François, il a une connotation nettement moins festive dans le dernier roman de Florent Oiseau puisqu’il s’agit du nom de l’Ephad où la grand mère du narrateur attend la fin de ses jours.

Lui c’est Alain, un acteur dont le dernier rôle était « un rôle dans une série de télé il y a un an. J’ai joué un cadavre. »
Sa vie professionnelle est aussi ratée que sa vie sentimentale (superbe passage sur son amour de jeunesse qui part à Paris et sur l’écart qui se creuse peu à peu entre eux. Rien que ce passage est une raison suffisante pour lire ce livre ! ).

La grand mère d’Alain lui demande un jour de l’aider à mourir, l’idée qu’il ne la connait pas vraiment s’immisce alors dans son esprit et Alain décide de partir à la recherche de l’histoire de cette femme.

Il y a du Fab Caro dans la drôlerie de Florent Oiseau et du Vincent Delerm dans son observation des petits instants du quotidien et de la vie qu’il nous parle des aires d’autoroute ou de sa maison d’enfance en Dordogne.

 J’ai aimé la tendresse dans ses personnages, son sens de l'autodérision, ce mélange de nostalgie et de mélancolie, son regard qui fait mouche sur les sujets graves sans que ce ne soit jamais plombant (et après les livres sombres que j’avais lus en janvier c’était une vraie respiration).

Et puis il y a ses mots : ✒️"Et alors que vous ne l’attendez plus, elle vient vous éclairer dans la nuit de ses phares emplis d’espoir. Elle fait ça pour tout le monde. Certains sont devant les pleins phares chaque journée, d’autres -la majorité-doivent se contenter de brefs faisceaux, d’éphémères éclaircies. Mais la vie finit toujours par revenir chercher les oubliés sous les porches des gares de province. "
🌸🌸et ces mots là, ils font du bien. Alors si vous avez l’impression d’attendre la lumière des phares, lisez-ce très beau roman!. 

5/New York sera toujours là en janvier " Richard Price, 10/18

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"Le sourire de rital de Bam Bam  m'emplit à la fois de tristesse et de colère.Je l'aimais encore ce con, et voilà."

Richard Price, connu notamment dans le milieu du cinéma et de la télévision comme étant  le scénariste de  la série the Wire et de "la couleur de l'argent" de Martin Scorsese,  possède en général un univers  très noir, mis notamment en avant dans les excellents romans “Ville noire, ville blanche” ou bien  “Souvenez-vous de moi”.

Mais il faut savoir que  Richard Price écrit depuis près de quarante ans, en témoigne ce  premier roman édité en 1983. "New York sera toujours là en janvier "  suit sur près de 400 pages  la destinée de .Peter Keller, diplômé de l'université de  droit de Colombia 1971. 

Peter apprend qu’il n’est pas admis d’office dans la prestigieuse fac mais est  seulement sur liste d’attente , il se rend compte qu’il va devoir changer ses plans , revoir ses ambitions à la baisse et va  enchaîner les petits boulots, démarcheur par téléphone , agent dans un centre de tri postal et professeur d'anglais. Il flirte même avec la drogue et son humour particulier lui fait presque connaitre la prison.

On est heureux de l'avoir découvert, ce roman, un des tous  premiers romans de Richard Price,  une sorte de roman de jeunesse, si on peut dire,  tant ce récit initiatique à l’humour ravageur sur le fameux âge des possibles donne le pouls de cette Amérique des années 70 et son racisme plus qu'ambiant et de l'oeuvre à venir de son auteur.

Loin des romans policiers tres sombres et violents que Price écrira par la suite, New york sera toujours là en janvier- joli titre, profond et mélancolique- est  un récit de formation drôle et touchant,  à ne pas rater. 

 

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