Pour/Contre : Club Zéro de Jessica Haussner : 20/20 ou zéro pointé?
Dans une école privée britannique, une nutritionniste (Mia Wasikowska) ouvre un atelier d’ «alimentation consciente. C'est le point de départ de Club Zéro de Jessica Hausner qui revient aux affaires 4 ans après le glaçé et glaçant Little Joe.
Club Zéro aura assurément divisé sur la croisette où le film était présenté en compétition officielle
Motivée, ferme et policée, Miss Novak à tout de la professeure parfaite, d'ailleurs la proviseure de ce lycée d'excellence et très fière de sa nouvelle recrue.
Les très riches parents d'élèves sont eux aussi très satisfaits de cette professeure de nutrition même si sa théorie de l'alimentation consciente les déconcerte un peu.
Les jeunes ne sont-ils pas, avec raison, fort préoccupés de leur santé et de celle de la planète ? Nourriture bio, végétarisme, véganisme et protection de l'environnement ce lycée très très chic est déjà dans le futur. Évidemment, comme le spectateur si attendait les cours et les injonction de Miss Novak deviennent de plus en plus étranges.
Être admis dans le très fermé Club Zéro va devenir le but ultime de cinq adolescents, lorsque vous saurez ce que représente ce fameux club, vous comprendrez l'inquiétude des parents.
Dans ce lycée parfaitement ordonné pour éduquer les humains de demain à vivre sur une planète malade, Miss Novak, d'élément perturbateur, va rapidement devenir élément destructeur.
Protection de l'environnement, alimentation raisonnée, développement durable, jeunesse et éducation, de ces thèmes d'une brûlante actualité, Jessica Hausner réussit un très bon film d'horreur glacé et sophistiqué. Pas d'effusion de sang, pas de cadavre dans le placard, tout simplement une solide description du processus d'emprise d'un gourou sur des adolescents en souffrance.
Une mise en scène au cordeau qui utilise avec efficacité des décors géométriques, aseptisés et parfaitement ordonnés, couleurs et lumières froides, des acteurs dirigés au millimètre font de " Club Zéro " un objet cinématographique d'une force peu commune. Original,radical, graphique, le film a été très mal reçu à Cannes...incompréhensible !
Le film serait donc je cite mon cher confrère une " solide description du processus d'emprise d'un gourou sur des adolescents en souffrance? "...euh, sur le papier peut être, mais à l'écran c'est pas du tout cela : la satire tournant rapidement à vide, faute d'arguments, le scénario n'esquissant que la féroce comédie dérangeante que "Club Zero" aurait pu être.
Le problème de Club Zero réside principalement dans son ton goguenard. La réalisatrice use et abuse d’un humour à froid particulièrement pénible qui ne cesse de se moquer de l’ensemble des personnages et se place au dessus d'eux. Et le regard de la cinéaste est confus. On peut supposer que Jeissca Haussner critique ce mode de pensée et ses dérives, mais le point de vue adopté dans la narration et la mise en scène ne lève jamais réellement l'ambiguité sur son point de vue de réalisatrice.
Il faut dire les seuls personnages qui contestent les actions du prof sont les parents des enfants endoctrinés mais ceux-ci sont également montrés comme des ignorants, incapables de comprendre la légitimité des motivations de leurs enfants.
Tous les ressorts comiques utilisés ici sont au service d’une morale un brin réac sur la bêtise de l’Homme du 21ème siècle et le manque de communication entre adultes et enfants.
Niveau mise en scène Hausner se regarde beaucoup filmer, semblant très satisfaite de ses plans sortis d’un magazine d’architecture scandinave,qui ne laisse pas émerger dans ses cadres très définis un peu plus de trouble ou de doute.
Le film lasse très vite, tant tout semble avoir été déjà dit ailleurs, que ce soit chez Yórgos Lànthimos, Ruben Östlund ou Haneke dans la veine d'un cinéma nihiliste qui déteste ses personnages ou même en mieux chez Tim Burton - enfin plutot chez Roald Dahl,qui, dans « Charlie et la chocolaterie » liait avec bien plus de pertinence et de lectures multiples, nourriture et critique sociale.
Bref, un film au discours faussement intelligent qui manque par trop de consistance.
De Jessica Hausner. Avec Mia Wasikowska, Elsa Zylberstein, Sidse Babett Knudsen. Autriche. 1h50.
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