Surprise : je n'ai pas dormi devant Holly Motors
Bon, je le reconnais, le titre de mon billet sent un peu la provoc' facile, et surtout il laisse entendre que je partais voir ce film avec quelques a prioris pas très positifs :o)
Si tout cela est un peu vrai, je veux, votre honneur, reconnaitre que je n'ai pas utilisé le verbe "dormir" pour rien : j'ai vu le film Holly Motors unsoir de semaine à la séance de 22H30 alors que j'étais déja un peu épuisé, et surtout j'ai entrainé mon pote ( un peu plus branché ciné populaire que moi je le reconnais), qui esperait de tous ses voeux ne pas "voir un film trop chiant vu l'heure" et qui a été pris par Morphée au bout d'un quart d'heure de film , pour se réveiller environ un quart d'heure avant la fin. Bref, en plus du bruit du moteur de la limousine du film, j'entendais le bruit des ronflements de mon voisin :o) Ainsi, on peut dire que j'ai eu le sentiment de voir le film en dolby stéréo.
Je tenais il est vrai à voir ce film , quitte à mentir à mon pote (chiant, tu rigoles?: il y a vachement d'action et de rebondissement dans ce film : à un moment, il sort de la limo "), car évidemment, j'avais été frappé par l'aura dont a bénéficié Léos Carax à Cannes lors de la présentation du film.
Pour les cinéphiles de tout bord, ce film était le seul chef d'oeuvre du festival, le seul qu'il fallait voir toutes affaires cessantes, tant ili était génial de bout en bout.
Pourquoi un tel enthousiasme? : on peut subodorer, avant même de voir le film, qu'il existe un lien à part entre les journalistes ciné et l'ex enfant prodigue du cinéma français, un lien qui expliquerait ce petit manque d'objectivité. Un rapide survol des commentaires des spectateurs sur Allo ciné laisserait en effet penser que le spectacteurs lambda ne partage absolument pas le point de vue de l'élite, le nombre de zéro étoiles et de réflexions outragées étant légions.
Bref, Holly Motors est visiblement un film qui laisse des avis tranchants : soit on aime, soit on déteste ( comme mon pote dormeur). Et bien moi, peut être car je je fais rien comme tout le monde, j'avoue avoir été entre les deux, et que le film m'a laissé plutot indifférent,
Je pensais que le film allait vraiment m'enerver ( d'où mon titre), mais en fait, il n'en fut rien, il m'a juste semblé bien vain.
Disons plutôt que je suis sorti de la projection un peu comme j'étais sorti du Mullholand Drive de David Lynch : l'impression d'avoir vu de très belles images, d'avoir assisté à de tres belles scenes de cinéma, mais aussi celle de voir un film qui ne s'adresse pas à moi mais qui parle seulement qu'à une toute petite partie de spectateurs
Il faut au moins reconnaître à Carax que son film regorge d'amour pour le cinéma, ainsi que d'une vraie puissance visuelle. Si on tente de résumer le film, on peut dire qu'on y suit la journée d'un certain Monsieur Oscar qui, quand il n'est pas dans sa limousine en train de se préparer pour son prochain rendez-vous, est, tel un acteur, incarne différents personnages.
Visiblement, les références et les clins d'oeil aux chefs d'oeuvre du 7ème art sont légions, mais c'est là que je me dis que ma cinpéhilie se heurtait à quelques limites, je n'en ai pas reconnu beaucoup (à part une Kylie Minogue grisée en Jean Seberg, et bien magnifique en tout cas, pour ce qui est de loin la plus belle scène du film).
Et le film donne quand meme l'impression d'une vacuité assez incrouyable, et doit plus revu comme un film à sketches, avec des saynètes de qualité fortement inégales.: parfois avec de jolis moments de cinéma, parfois flirtant allégrament avec le ridicule (ah le Monsieur Merde et Eva Mendès, pour moi ,ca ne passe pas du tout, pareil pour la scène de la nièce pleurant son oncle mourrant, aux dialogues si ampoulés).
Bref, Holly Motors donne quand même l'impression que ce film a plus été fait pour la presse parisienne élitiste, qui ont joué le rôle de superbes attachés de presse du film, mais aucunement pour le spectacteur lambda. Il n'y aucune volonté de tendre la main au public et de lui raconter une histoire qui ait du sens ..
Et cerise sur le gateau, les dialogues pompeux entre Lavant et michel Picolli qui pourraient essayer d'expliquer un peu le pourquoi du comment sont tellement sybillins que le pauvre spectateur est vraiment laissé sur la bande d'arret d'urgence, regardant passer cette limousine d'un air morne.
Afin de prouver ce que j'avance dans mon billet, voici un extrait d'un commentaire orgasmique sur ce film.