Allez on rattrape encore nos films vus en mars avril, avant que la vague cannoise nous submerge dès demain en vous parlant de cette belle réussite, ce film Aurore sorti fin avril sur nos écrans et qu'on peut encore voir en salles
Un long métrage enthousiasmant qu'on ne saurait trop vous conseiller d'y aller :
Aurore constitue en effet une belle bouffée d'air frais dans la comédie française dite générationnelle qui, souvent, en voulant embraser des thèmes bien dans l'air du temps, le fait souvent avec lourdeur et superficialité, juste pour privilégier une efficacité comique, au demeurant assez relative.
Pas de cela ici dans Aurore qui choisit de prendre comme personnage central une femme de 50 ans en pleine ménopause , ce qui est, dès le départ, plutôt une belle audace, dans le jeunisme sociétal ambiant.
Parler de la difficulté de cette période pour les femmes qui ont épuisé leur stock d’ovocytes avec humour - les fameuses bouffées de chaleur, sont bien montrées mais souvent en les dédramatisant- et tendresse constitue en effet une des grandes qualités de ce film qui offre une réflexion assez captivante sur la difficulté à assumer son âge chez les femmes, contrairement à l'homme dont le vieillissement est souvent mieux accepté par la société .
Plus abouti et plus émouvant que Zouzou, son premier long-métrage ( qui était plaisant mais un peu vain), Blandine Lenoir porte ici un regard plein de bienveillance et de justesse sur les femmes de plusieurs générations - les portraits des deux filles d'Aurore sont bien dessinés- et sur la solidarité qui les unit, malgré les galères et ces moments l' où l’on s’interroge sur le sens de la vie, et la façon de la rendre plus douce.
Sans jamais verser dans le plaidoyer féministe- les hommes ne sont pas tous des types infects comme c'est parfois le cas dans les portraits de femme- Blandine Lenoir parvient à démontrer que ce genre de la "comédie douce-amère" est toujours difficile à réaliser, mais c'est un vrai plaisir quand il est réussi, avec une tonalité d'ensemble donnant au film une fraîcheur et vitalité, avec ici et là quelques pointes de mélancolies bienvenues.
Les dialogues sont aussi parfaitement ciselés et on sent qu'Agnès Jaoui a pris du plaisir à les dire et, au détour de quelques cinglantes réparties, il semblerait même qu'elle y ait greffé sa patte ici et là.
La complice habituelle de Jean Pierre Bacri est évidemment idéale dans le rôle, elle qui parvient à donner formidablement vie à un personnage auquel on croit fortement.
Le reste du casting est parfait aussi, notamment Thibault de Montalabert, surfant sur la vague du succès 10 Pour cent compose un personnage charismatique et humble, loin du Mathias de la série, et évidemment aussi l'épatante Pascale Arbillot, formidable en copine fofolle et généreuse, prete par exemple juste sur un coup de tête, à bousiller un couple d'inconnus juste parce que le mec est plus vieux que la fille .
Avec ce film funambule qui arrive à trouver un bel équilibre entre legerté et gravité, Blandine Lenoir réussit allégrement son pari avec cette jolie comédie française, assurément une des plus réussies de ce début 2017.