OFF Avignon 2024 / Paquita - théâtre des Béliers : Quand l'histoire fait mémoire
A notre entrée, une femme fait les cent pas sur scène, nous saluant. L’histoire a-t-elle déjà commencé ? Oui, c’est l’histoire dans la grande Histoire qu’a découvert Marine Llado dans sa famille, auprès de sa grande tante, Paquita. Elle en parlait depuis très peu, bride par bride. Un soir discutant avec ses parents, Marine veut en découvrir une partie. Le lendemain, elle part rendre visite à sa grande tante, accompagnée de sa mère. Dans la cuisine, Paquita tricote des chaussettes en laine. Un geste à première vue banal, qui revêt une symbolique : une dette envers la Croix Rouge pendant la Guerre D’Espagne. Nous voilà plongés 70 ans en arrière…
Amposta (à l’Est de l’Espagne), janvier 1939. C’est le traditionnel repas familial du dimanche. Chacun arrive pour aider ou s’attabler ; Paquita essaye de se frayer un chemin. Marco, son père débarque et annonce la prise de la région par le Général Franco. Ils doivent fuir sur le champ, vers la France.
Pour y arriver, ils s’arrêtent temporairement à Barcelone. Mais le 26 janvier 1939, Barcelone chute : le périple recommence pour la famille de Paquita ainsi que près de 500 000 personnes. C’est la « retirada » (exode). La petite fille se retrouve séparée de ses parents mais trouve refuge auprès d’un convoi de la Croix Rouge. Après maints rebondissements, elle arrive en France et se retrouve parquée dans un camp de détention. Rares sont les enfants dans ce camp, elle reste entourée par les femmes détenues qui tentent de la protéger des conditions maltraitantes.
L’histoire de Paquita est un récit d’exil, de guerre et de lutte contre le fascisme. Marine Llado la porte avec rythme et fluidité, passant d’un personnage à un autre avec leurs mimiques et la douceur de ses émotions, sans artifices. Ce récit lui tient à cœur, ça se voit ! On demeure happé.es par celui-ci, suspendu aux bouleversements de sa fuite et à la désillusion face à la France peu accueillante. L‘immersion est clairement renforcée par la spatialisation sonore de Clément Vallon qui nous plonge sur les routes survolées par les avions.
En un dimanche d’élection, il fut si symbolique d’entendre No pasaran retentir dans la salle…
Crédits photos : Mothers in Trouble
Paquita
Écrit et mis en scène par Pierre Delaup
Interprété par Marine Llado
14h20
Théâtre des Béliers
1h20
Jusqu’au 21 juillet
Relâche les lundis
Jade SAUVANET