Baz'art  : Des films, des livres...
21 juin 2013

L'ex first lady est t-elle (re)devenue une vraie chanteuse ?

Carla-Bruni-Little-French-Songs_portrait_w858 Comme tous les ans, fêtons la fête de la Musique à ma manière en rédigeant un billet musical, si vous le voulez bien!

Cela ne me sera pas bien difficile vu que, contrairement aux années précédentes, j'ai beaucoup de matière pour vous parler musique, car j'avoue, je reçois beaucoup plus de CD ou de liens musicaux à télécharger qu'il y a quelques mois encore.

Et d'ailleurs, lorsque Emilie, qui travaille chez Barclay, et qui est sans conteste mon principal fournisseur, en me faisant découvrir plein de nouveautés de son label ( j'en profite pour te lancer un grand merci !!), m'a envoyé par la poste, il y a maintenant plusieurs semaines, le nouvel album de Carla Bruni, j'avoue avoir été pris d'un sérieux cas de conscience.

En effet, comme tous les types de gauche, je fais partie de ceux qui ont arrété d'écouter Carla Bruni le jour où elle a officialisé son histoire avec son  Raymond  son Nico et qu'elle est  devenu locataire de l'Elysée.

Bon, en même temps, je ne faisais pas non plus partie de ceux qui bondissaient d'enthousiasme en 2002 lorsque l'ex top model s'est mis à pousser la chansonnette avec son premier album "Quelqu'un qui m'a dit". Certes, sa chanson éponyme était joliment trousée, certes, Carla faisait montre d'un talent indéniable pour trousser certains textes subtils et intelligents, et sa voix, pourtant raillée par beaucoup, avait un charme réel, mais à la longue, les mélodies étaient vite  trop monotones pour que je ne me lasse pas et que je devienne fan absolu de la chanteuse, comme d'autres ont pu l'être.

Alors après quand elle devint first lady et sorti son troisième album  "Comme si de rien n'était", en juillet 2008, je dois dire que j'étais soulagé de voir qu'objectivement, ce CD n'était pas bon du tout. Très impliquée dans la carrière politique de son mari, elle n’avait pas sorti d’album depuis  ce Comme si de rien n’était et je ne suis pas certain qu'elle manquait à grand monde en tant qu'artiste .

Depuis lors, elle  avait mis sa carrière de chanteuse entre parenthèses pour se consacrer pleinement à son rôle de femme de chef du gouvernement et une fois qu'elle a quitté l'Elysée,  s'est attelé de suite à l'écriture de cet album qui sonne ainsi le retour en fanfare de notre ex première dame en tant qu'artiste.

Alors, évidemment, vous l'aurez compris,  il m'est difficile,  même en voulant tendre à l'objectivité la plus totale, de faire abstraction du contexte et réussir à ne pas superposer vie privée et son oeuvre. D'autant plus que Carla en joue, puisqu'elle a reconnu avoir écrit Mon Raymond pour son mari, et   que ses démentis sur l'amalgame entre François Hollande et son  "Pingouin" n'ont convaincu personne.

Carla semble quand même utiliser ses chansons et son talent d'écriture ( réel) pour régler certains comptes,  et forcément, on ne peut pas écouter son album comme l'on écouterait celui, par exemple, d'une Rose ou d'une Joyce Jonathan (remarquez,  l'exemple est mal trouvé, puisque la mimi Joyce est avec Thomas Hollande :o), pour reprendre deux noms de chanteuse qui optent, comme le fait Carlita, pour l'intimiste et l'épure.

Le public demande certes de la sensation, même du buzz, donc c'est peut-être pour cette raison que "Carlita" a surfé sur cette voie, au risque, hélas, de mélanger sphère artistique et sphère intime.

 Une fois le contexte présenté, et si on veut quand même que je fasse montre d'un tant soit peu de détachement, que réellement penser de ce « Little French Songs », le quatrième album de la dame?

Déjà, sans même l'écouter, je me suis dit que la photo de la  pochette en noir et blanc traçait un parrallèle avec son tout premier album, le seul qui avait vraiment été défendu par la critique, et également  le seul qui avait rencontré le public (le CD écoulé à plus de 2 millions d’exemplaires) , et peut-être aussi le seul le plus éloigné de ses acointances politiques futures.

 Ensuite, au niveau du titre, on ne peut qu'apprécier l'ironie de celui qui a été choisi : elle qui s'était pas mal fourvoyée avec son second album "No Promises" dans lequel elle reprenait  des textes de poètes anglais,  ses "Little French songs" ne manquent pas de panache et de malice!

Quant au contenu même de l'album,  qui comprennent 11 chansons écrites de sa main, et quasiment toutes proposées en guitare voix, on peut résolument dire que Carla reprend le style intimiste et acoustique de ses débuts ( ma pensée concernant la pochette était donc pertinente, chapeau le filou), et cela est plus risqué qu'en 2002, car depuis cette époque, énormément d'artistes féminines ont chanté ce style de chansons ( Jeanne Cherhal, Rose, Joyce Jonathan...) et forcément, il y a plus de chance de lasser le grand public.

Et il faut reconnaitre que Carla Bruni arrive à contourner cet écueil car, force est de constater que la plupart de ces chansons sont quand même sacrément réussies, et surtout font montre d'un talent toujours évident à trousser des textes malins et d'une pertinence et d'une efficacité redoutable.

Si certaines comme le fameux "Pingouin" font trop penser à des petites ritournelles pour enfant, la grande majorité de  ces titres séduit l'oreille par l'acuité de lécriture et la joliesse des mélodies, simples, mais incontestablement  efficaces et bien troussées.

Parmi eux, j'ai particulièrement apprécié  Chez Keith et Anita,  qui nous invite dans l'intimité du couple qui fut parmi les plus sulfureux des années 1970, formé par Keith Richards, guitariste des Rolling Stones, et Anita Pallenberg, mannequin italo-germanique. Une chanson à la fois nostalgique mais pas passéiste avec une vraie acuité dans le regard, et une mélodie entrainante :

Et même son  fameux "Raymond", lorsque j'arrive-enfin- à écarter de mon esprit l'identité et le visage du Raymond en question,  est un portrait enjoué, fort bien enlevé, et incontestablement bien plus réussi que le "Mon amoureux"  du disque précédent qui était également dédié à l'ex chef de l'état.

 Mais, cela dit dans cet éventail de chansons, plutôt charmantes et orchestrées avec finesse, le plus beau  titre est certainement celui qui ouvre l'album , ce "j'arrive à toi" qui témoigne d'une fort belle plume, dépassant l'anecdotique pour tutoyer l'universel et le poétique :

Rien à faire, quand j'entends  «J'arrive à toi par miracle, après de longues années, après des siècles d'obstacles". de sa voix fragile et pourtant bien tenue, je ne peux m'empecher de trouver cela très beau et finalement, qu'importe, au bout du compte,  si le "Toi" en question gigote frénétiquement des épaules et a prononcé le fameux discours de Dakar!! :o)

 

 Au final,  avec cet album Carla a largement réussi son examen de passage et se(re) positionner comme une artiste à part entière, et sa tournée qu'elle a prévu d'entreprendre à partir de novembre prochain, devrait définitivement asseoir son statut.

Commentaires
P
Je n'ai pas aimé le premier album donc je ferai l'impasse sur celui-ci. Si j'ai un peu de temps j'irai l'écouter sur Deezer parce que ton avis pique ma curiosité. Cependant j'avoue que j'en ai un peu marre de ces chanteuses qui se prennent pour Joan Baez (en moins bien) et qui parlent de leurs amours impossibles (ou pas) sur fond de guitare sèche. Tu me diras, il en faut pour tous les goûts :)
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V
oui, c'est un beau billet<br /> <br /> Moi aussi, j'aime bien ce dernier album écouté sur deezer alors que je partais avec un petit a priori...comme quoi...bonne fin de journée à toi
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B
l'itw en italien ? je vois pas trop..; mais le toi qui gigote c bien moi...merci pour ton com en tout cas
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O
Cet article est magnifique, j'ai adoré l'interview en italien et l'humour sur le "toi" qui gigote ;D
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S
J'aime bien sa voix, ses chansons, ses paroles, ses musiques :)
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