Le chant du merle : un petit film fragile et sensible
Sorti mercredi prochain, le 16 mars, d'un "petit" film- sur le plan du budget et de son circuit de distribution qui aura fort à faire pour exister dans la jungle des sorties, entre Kad Merrad , Daniel Auteuil (pour les grosses sorties françaises) et Michael Shannon ou Benicio del Toro pour les - plus emballantes- sorties US..
Je veux parler du chant du merle, le second long métrage de Frédéric Pelle, un long métrage non sans défaut mais qui a le mérite d'être doux, délicat, sensible, à l'image de son héroïne, la formidable Adélaïde Leroux, révelée il y a maintenant dix ans par le Flandres de Bruno Dumont, et qu'on avait un peu oublié depuis, malheureusement.)
Protégé du cinéaste René Feret qui est décédé en avril 2015, on voit d'emblée ce que Frédéric Pelle doit à son mentor, qui l'a d'ailleurs aidé à écrire les dialogues du film.
Six ans après son premier long métrage, La tête ailleurs. Pelle a écrit le scénario de se second long avec sa compagne Orlanda Laforêt et ressemble beaucoup au cinéma de René Féret, pour son coté artisanal, pris dans le bon sens du terme, à savoir un film qui privilégie avant tout l'authenticité- mélangeant notamment comédiens professionnels et amateurs- et la sincérité à l'épate et au cynisme.
Comme dans la plupart des films du cinéaste de Bapteme, "Le chant du merle" possède un versant documentaire non négligeable avec un récit qui s’inspire de la véritable histoire d’une serveuse d’un hôtel restaurant de CorezeAubazine et dans lequel Le chant du merle a été tourné.
Mélangeant avec habileté fiction et réél - on voit l'héroine du film suivre les cours d’un club d’ornithologie qui existe vraiment et dont l'animateur joue son propre rôle dans le film- le chant du merle ne raconte évidemment rien de transcendant ou d'exceptionnel, en s'attardant au portrait d'une jeune fille un peu transparente, qu'on ne verrait pas forcément dans la vie de tous les jours, mais ces petits riens de la vie d'une anti héroine touchante et fragile sonnent terriblement justes et parviennent facilement à toucher la corde sensible du spectateur.
Au fur et à mesure du film, l'intrigue prend une tournure plus sentimentale, notre héroine rencontrant un représentant de commerce charmeur et baratineur, et ce Chant du Merle se pare ainsi de reflets flauberiens- on pense en effet à une Emma B., mais tout en gardant ce naturalisme et une volonté du cinéaste de mettre en valeur les habitants et les paysages de ce coin peu connu de la France...
Entourant la formidable Adélaide Leroux, on reconnait quelques visages plus ou moins connus du cinéma français, tels que la toujours impeccable et lyonnaise- ce qui ne gache rien- Myriam Boyer dans le rôle de la mère d’Aurélie ou encore Patrick d’Assumçao que j'ai trouvé plus convaincant dans le rôle du patron de l’hôtel dans lequel Aurélie travaille que dans L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie, qui l'avait révélé au grand public....
Sans longueur exessive, (80 minutes), Le chant du merle est un « petit » film, certes parfois maladroit, mais au final vraiment touchant.