Quais du Polar 2018 : Jorn Lier Horst, fermé pour l'hiver
« Autrefois, vous les Norvégiens aussi, vous étiez pauvres. Je crois que vous l’avez oublié, et pourtant vous êtes si fiers de vos Vikings que vous leur construisez des musées. Ils étaient cent fois pires que le peuple lituanien. Ils pillaient, violaient et tuaient, mais aujourd’hui vous les considérez comme des héros. »
William Wisting, inspecteur de la police criminelle d’une petite ville de province au sud d’Oslo, enquête sur une série de cambriolage avec homicide dans des résidences secondaires de riches norvégiens. Une enquête qui démarre mal. L’inspecteur se fait rosser et voler sa voiture, le cadavre et le corbillard disparaissent, c’est à se demander si « Fermé pour l’hiver » n’est pas une nouvelle aventure des Pieds-Nickelés en Norvège.
Des oiseaux morts qui tombent du ciel, le présentateur d’un Talk-Show célèbre à l’alibi vite démonté, un trafic de drogue à l’échelle européenne, et un futur gendre rêveur aux amitiés controversées, allez William au boulot, et si tu commençais par un verre de Baron de Oña millésime 2004.
A quoi reconnait-on un polar nordique qui sort du tout-venant ? Il y a surproduction dans ce genre littéraire. Il faut s’éloigner du policier neurasthénique, bourrelé de remords et à la vie familiale en capilotade, il y en a trop. Pas d’inspecteur cynique ou corrompu à la personnalité borderline, la Série Noire a déjà donnée.
Et si l’on essayait le polar Norvégien de proximité, citoyen et fraternel. C’est exactement l’impression qui se dégage du thriller de Jorn Lier Horst. « Fermé pour l’hiver » ne révolutionne pas les codes du genre, mais l’humanisme qui se dégage dans la description des cambrioleurs venus de Lituanie, pays exsangue à l’avenir incertain, fait chaud au cœur. Pas cap d’essayer le roman policier bienveillant !
Jørn Lier Horst, lui-même inspecteur de police jusqu’en septembre 2013, a 48 ans et vit à Stavern, une petite ville balnéaire au sud d’Oslo. Les chiens de chasse est son deuxième roman de la série « William Wisting » publié à la Série Noire, Gallimard (après Fermé pour l’hiver, 2017).
Autobiographie pour Quais du Polar
L’inspiration de Jørn Lier Horst (47 ans) vient des paysages désolés de Norvège. La nuit polaire, le soleil de minuit – et les vingt ans de sa propre expérience en tant qu’inspecteur spécialisé en homicides. Son rude passé a fait de lui l’un des principaux auteurs de polar scandinave.
Polars fétiches
Meurtriers sans visage, Henning Mankell
Le Troisième Homme, Carol Reed
Raymond Chandler