An Irish (and Wonderful) Story à voir à tout prix au Théâtre de Belleville
En ce moment au Théâtre de Belleville, la comédienne Kelly Rivière nous offre le récit de sa quête sur les traces de son grand-père irlandais, Peter O'Farrell, disparu à Londres dans les années 70.
En fond de scène, des photos de paysages et des portraits commencent déjà à nous la conter, cette histoire familiale irlandaise, avant de laisser la place à d'autres conteuses et conteurs : Kelly Rivière (alias, Kelly Ruisseau) enfant, puis jeune fille, adulte et maman, accompagnée de toute une galerie de personnages extraordinaires... Et d'un fiddle, en fond sonore.
C'est décidé, elle va le percer, ce brouillard qui règne autour de ce mystérieux Peter, le père de sa mère. Elle n'en peut plus de ces tabous, de ces non-dits, de ce sujet maintes fois éludé. Elle en a assez de se poser toujours les mêmes questions : a-t-il commis un crime pour être, jusque dans les conversations, persona non grata ? A-t-il fait de la prison ? Que veulent dire sa mère et sa grand-mère, Nany, en disant qu'il a disparu ? Est-il encore vivant ? Est-il mort ? Tous les moyens seront bons pour la faire avancer dans son enquête : faire appel à Duluc Détective, piquer dans la chambre de sa mère des indices, des photos pour savoir à quoi il ressemblait, tenter d'interroger encore et encore, les premières intéressées - à savoir, sa mère et sa grand-mère -, et partir pour l'Angleterre, puis pour l'Irlande où elle rencontrera deux des soeurs de Peter.
Le récit de cette quête est à la fois hilarant, passionnant, et terriblement émouvant. On est pendus aux lèvres de la protagoniste, nous sommes tout ouïe lorsqu'elle interroge les témoins de cette disparition. Nous aussi, on meurt d'envie de savoir ce qui est arrivé à Peter O'Farrell.
Kelly Rivière incarne près de 25 personnages, aussi bien des femmes que des hommes, pour nous faire vivre les étapes de sa quête. Des interprétations de sa mère (une femme au caractère bien trempé qui se passionne pour les biographies de dictateurs) ; de sa grand-mère Margaret, qui à plus de 80 ans, est capable de courser ses infernaux et bien trop curieux petits enfants avec son fauteuil roulant (il ne faut pas trop la chauffer, la Nany) ; de la détective complètement dépassée à qui elle fait appel, en passant par Julien, son tombeur de frère qui, lorsqu'il ne drague pas, passe ses journées à fumer des joints ; Michel, son si timide père qui déteste les conflits, tentant toujours de tempérer les disputes entre sa femme et sa Poupoune, souvent à coups de carrés de choc'... elle fait TOUT ! Et avec les accents anglais et irlandais, please.
J'ai eu un immense coup de cœur pour cette comédienne, son histoire, celle de sa famille. Je ne peux que vous conseiller de courir la voir et l'entendre, ne traînez pas trop d'ailleurs, car la pièce est victime de son succès...
À savourer sans modération donc (contrairement à la Guiness, Kelly vous le dira...). Long live her!
An Irish Story juqu'au 30 décembre au Théâtre de Belleville, 94 Rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris