Avignon Off 2023 : Focus sur trois seuls en scène coup de 🤝
Dans l'anarchie des pièces proposées au Festival Off, le spectateur aura le choix s'il veut découvrir des seul-en-scène qui marquent la rétine.
Pour ce dimanche matin, après une bonne semaine de déambulation dans la cité des Papes, on vous en propose trois qui nous ont particulièrement séduit.
Droles, tendres, érudites, ludiques, touchantes ou le tout à la fois on vous dit pourquoi on vous les conseille sans plus attendre :
1. Norma(le) à l'Autre Carnot
Après 3 mois de programmation au Théâtre du Marais, ce seul en scène brillant et émouvant, dans lequel Norma raconte son parcours, pose ses valises au OFF d'Avignon.
Drôle et percutante, Norma raconte avec une honnêteté désarmante comment se réparer après l'inceste.
Un seul en scène intime et puissant pour tordre le coup à ses traumas et ses névroses. Norma y met en scène de nombreux personnages qui ont jalonné sa vie : les thérapeutes qui l'ont accompagnée, ses ami(e)s, sa famille, ses ex, et jusqu'à son bourreau ; tout le monde a son rôle à jouer dans le chemin de Norma vers une existence plus sereine.
Au travers ce récit de résilience, surgit la sincérité et l"honnêteté de Norma ainsi que sa capacité à prendre le recul nécessaire sur ses épreuves terribles de la vie pour avancer. Norma nous dit ou presque de son parcours fait en dent de scie: elle dit tout de l’emprise, de ses tocs, son rapport au patriarcat, à l’amour, à l’éducation....
Norma('le) ou comment transcender ses traumatismes, pour en faire un spectacle en fin de compte optimiste et presque solaire sur un sujet qui pourrait verser dans le pathos ou le voyeurisme.
*** Norma
A voir du 7 au 28 juillet : à 11h tous les jours
Théâtre Carnot – 7 Rue Carnot, 84 000 Avignon
Seul en scène écrit par Norma. Mise en scène : Coralie Lascoux. Production : PoolProd. Costume : Eugénie Prax
crédit photos : Quentin Chevrier
2. Hector Obalk : Toute l'histoire de la peinture en moins de deux heures; Théâtre le Rouge Gorge
Après avoir écumé les scènes parisiennes du Théâtre de l'Atelier et du Théâtre le 13ème Art, Hector Obalk investit celle du Théatre Rouge Gorge pour le Off d'Avignon.
Avis aux festivaliers curieux d'assister au show d'un passionné qui a relevé le défi de nous raconter toute l'Histoire de la peinture en moins de deux heures...
Impossible de passer à côté de ce spectacle au titre aguicheur. Pour Baz'art, je me suis greffée aux 40 000 spectateurs venus assister à ce véritable stand up sur l'Art et ses secrets.
J'ai pour ma part assisté à ce qu'Hector Obalk - critique d'art et réalisateur passé notamment par Arte - appelle Le Parcours B de son spectacle, bien assise dans un des fauteuils rouges du Théâtre de l'Atelier, au pied de la butte Montmartre. J'ai ainsi voyagé entre le 14ème et le 20ème siècle, ai croisé les primitifs italiens et flamands, découvert ce qui se cachait derrière le terme de maniérisme, visité l'Espagne et vu, autrement, la France.
La mise en scène est bluffante. Hector Obalk fait apparaître sur écran géant une multitude de miniatures représentant un nombre vertigineux de tableaux.
D'un coup de main, il convoque des maîtres comme Giotto, Léonard de Vinci ou encore Ingres, dans un tour de passe-passe technique impressionnant.
C'est dynamique, audacieux et on en prend plein les yeux. L'avantage de projeter ainsi une toile sur un grand écran est de nous permettre de nous y arrêter, de scruter LE détail qui nous aurait forcément échappé entre les dédales d'un musée, coincé entre deux visiteurs aussi curieux que nous.
La volonté d'Hector Obalk d'expliquer, avec force anecdotes amusantes, les principaux mouvements artistiques, de rendre telle peinture ou tel peintre accessible, est indéniable et vraiment admirable.
Hector Obalk a en tout cas toutes les qualités d'un véritable show man, n'hésitant pas à interpeller le public, à faire venir un spectateur sur scène pour le mettre à l'épreuve de ses connaissances, à se moquer avec gentillesse et bienveillance de grands maîtres qui, tout talentueux fussent-ils, ne s'embarassaient guère des plus justes proportions.
Il s'amuse et son enthousiasme est hautement communicatif. ne peux que vous recommander, si vous passez à Avignon cet été, de vous laisser conter l'Histoire de la peinture.
du 7 au 29 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet
Au théâtre du Rouge gorge à 15h00
3. Le mardi à Monoprix, Thierry Pina, au BA théâtre d’Avignon
Chaque mardi, Marie-Pierre se rend chez son père veuf depuis peu. Elle lui rend service et l'accompagne chez Monoprix pour faire ses courses. Cela chuchote, cela murmure ...
Avant, il y a de ça du temps, Marie-Pierre, son nom c'était Jean-Pierre. Mais au delà de sa transidentité, jusqu'à quel point peut-elle supporter l'insupportable et nier sa propre identité au nom de l'amour filial qu'elle porte à son père devenu dépendant. Le mardi à Monoprix est un monologue écrit d’une plume délicate et sensible, un très beau texte d'Emmanuel Darley.
Une occasion unique de découvrir cet émouvant monologue d'un dramaturge un peu trop sous estimé.
Une femme, la narratrice, rend visite à son père, chaque mardi, pour s’occuper de lui, faire son ménage et l’accompagner à Monoprix.
En fait, ces rendez-vous hebdomadaires ne se passent pas très bien. Et puis, il a du mal à reconnaître dans Marie-Pierre, sa visiteuse, le fils qu’il a aimé autrefois, lorsqu’il était un garçon qui s’appelait Jean-Pierre.
Thierry Pina, qui reprend un rôle autrefois incarné par Jean Claude Dreyfus, joue un être à fleur de peau qui ne demande qu’à être aimé dans cet hymne à la tolérance qui résonne fort dans notre société qui a tendance à se replier sur elle-même.
Le mardi à Monoprix est un texte très simple, très doux en apparence et qui dissimule la très grande violence du regard des autres, du poids de ce regard quoi qu’on fasse et quoi qu’on assume.
Thierry Pina intense, pudique et touchant porte cet ode à la tolérance et l'acceptation de soi, avec beaucoup d’élégance et de légèreté.
Tout en sobriété et générosité, un spectacle qui mérite une écoute attentive et bienveillante.
Impulsée par la compagnie Ah le Zèbre cette expérience théâtrale assez unique, sorte de confidence toute en sensibilité chuchotée dans l'oreille du spectateur qui, sans aucun doute, devrait assurément toucher le cœur du spectateur …
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