Ca Va? Pater bien, non...
Ce film là, j'ai fortement hésité avant d'aller le voir en salles, mais finalement le concert de louanges dans la presse et sa sélection officielle au festival de Cannes, et le fait également d'avoir reçu des invitations (merci Les inrocks) ont fini de me convaincre d'aller à l'autre bout de Lyon dans le dernier cinéma qui le passait pour voir Pater d'Alain Cavalier.
Le moins que je puisse dire, c'est que ce film m'a fait faire le grand écart avec ma dernière sortie ciné, Hop l'histoire du lapin qui aime la batterie et le chocolat ( voir ma dernière chronique ciné).
En effet, il faut savoir que Pater, un des 4 films français en compétition à Cannes ,a été présenté comme un OFNI ( Objet Filmique Non Identifié), c'est à dire une oeuvre très difficile à catégoriser : ni vraiment un documentaire, ni vraiment un film politique sur les coulisses du pouvoir, ni vraiment un long making off, mais un peu de tout cela à la fois.
Du coup, il n'y a pas vraiment d'histoire à résumer car d'intrigue, il y en a pas, en tout cas pas dans le sens traditionnel du mot.
Le réalisateur, Alain Cavalier, qui n'a plus réalisé de films de fiction depuis Thérèse en 1986, décide de recevoir pendant un an à déjeuner l'acteur Vincent Lindon et lui propose une sorte de jeu de rôle auxquels les deux protagonistes vont préter avec entrain: Cavalier se décrete Président de la République, et nomme Vincent Lindon premier ministre. Ainsi, la fiction va se mélanger assez vite à la réalité, puisque par moments, l'acteur et le réalisateur ne savent plus très bien (ou feignent de le savoir) si ils sont dans leur fiction ou dans le tournage de celui-ci. Au gré des différentes situations, chacun des deux tiennent la caméra simultanément, si bien que les angles de vue varient à l'intérieur d'une même scène.
La forme est donc vraiment assez déroutante, pour ne pas dire vraiment experimentale, mais cela ne m'aurait pas tant géné si je n'avais pas eu l'impression, que contrairement à ce qui a été dit, le fond n'était pas si brillant et novateur que cela.
En effet, les discussions sur le pouvoir, sur les lois à adopter lorsqu'on détient le pouvoir suprême ne constituent finalement qu'une petite partie du film, et se résume finalement qu'à une seule mesure un peu novatrice qui sera usée jusqu'à la corde: la fixation d'un salaire maximum, à l'instar de ce qui existe pour le SMIC.
Pas mal de thèmes sont esquissés (peut-on réussir à être chef du gouvernement avec simplement sa bonne foi et son envie de plaire au peuple, sans aucune arrière pensée électorale ou manipulatrice?), mais tout reste finalement à la surface, jamais être réellement dévellopé, d'où une véritable frustration à la sortie.
Finalement, la partie qui m'a le plus interessé dans Pater a trait au documentaire sur le film en train de se tourner, et surtout l'image que renvoiele film de l'acteur Vincent Lindon.
Lindon fait en effet partie des acteurs français qui me fascinent le plus, de par ses choix de films sans concession, et trés souvent forts judicieux et ses prestations toujours bouleversantes (Welcome, Ceux qui restent, Mademoiselle Chambon pour ses films les plus récents). Ici, et les interview de l'acteur le confirment, Alain Cavalier a réussi à saisir une partie de l'acteur que ce dernier n'a pas réussi à contrôler. C'est ainsi la première fois qu'on voit- dans un film- son visage ravagé par les tics, et qu'on le voit piquer des colères noires, montrant un coté à la fois impulsif, mais aussi solide et ombragé en même temps qu'on pouvait entrevoir dans ses personnages, mais jamais à un tel degrès.
Cela dit, pour tous ceux qui n'apprécient pas autant que moi Lindon et qui préfèrent un cinéma plus traditionnel- avec un vrai scénario et une mise en scène plus classique-, il n'est pas sûr que Pater vaille le coup d'oeil.
La bande annonce qui suit est d'ailleurs assez éloquente quant à la radicalité de l'entreprise.
PATER : BANDE-ANNONCE HD Avec Vincent Lindon, Alain Cavalier...