Les tziganes tombent du ciel à Fourvière
Après La nuit du Bénin, qui avait un peu fini en eau de boudin (voir chronique), j'ai retenté ma chance au Nuit de Fourvière, et en famille cette fois, mais ce coup-ci je prenais moins de risque de subir les intempéries. En effet, à coté du grand amphitéatre, sur l'esplanade de l'Odéon, les artistes du cirque Romanès ont eu la bonne idée de planter leur chapiteau pendant presque la totalité du festival (du 25 juin au 30 juillet).
Si cette troupe ne m'était pas inconnue, alors même que je ne suis pas forcément un afficionados du cirque, j'ai su rapidement pourquoi: en effet, Alexandre Romanès, son fondateur (issu au départ des Bouglione, avec qui il est faché), est un des tziganes de France les plus illustres et les plus médiatisés. Outre sa compagnie, il a également publié des recueils de poème chez Gallimard et avait également osé affronté le gouvernement l'année dernière lors de la polémique sur les Roms.
Comme pas mal de troupe de cirque (Pinder, Zavatta), les Romanès ne vivent le cirque qu'à travers la sphère familiale. Tous les Romanès sont forcément saltimbanques de père en fils, et même les tous petits, qui n'ont pas l'âge de la scène, sirotent leur biberons sans perdre une miette des prouesses de leur ainés, afin de prendre des notes pour leurs numéros futurs. Le concept de cirque familial n'a ainsi jamais aussi bien porté son nom que chez les Romanès.
Parmi ceux ci, la propre fille d'Alexandre, même pas 15 ans, acrobate, jongleuse, multiplie les acrobaties avec grace et talent, tandis que le cousin de la famille nous offre plusieurs numéros de jonglage avec humour et doigté qui ne laisse pas indifférent le jeune public venu en masse. D'ailleurs, la chair de ma chair lui même manquait de s'étrangler de rire devant les péripéties de ce jongleur fou.
Mais ce qui fait la singularité des Romanès par rapport à d'autres troupes, c'est leur faculté à instaurer une ambiance particulière, un coté un peu foutraque et improvisé; cette impression tenace que pas un soir, les numéros s'enchainent dans la même chronologie.
Ce sentiment est fortement accentué par le fait qu'un orchestre de 6 musiciens tziganes accompagnent en live les numéros sans jamais lacher leur instruments, et donnent le la à certains morceux de bravoure : je pense notamment ce numéro extraordinaire où cette fille marche sur une corde plus ou moins vite, au fil du tempo donné par l'orchestre. Lorsque le visuel et l'auditif se mélange aussi gracieusement, forcément, tout le monde est subjugé, qu'on ait 2 ou 75 ans.
Les Romanès sont encore jusqu'à la fin du mois à Fourvière. Il reste encore quelques places à la vente, vous pouvez vous y rendre les yeux fermés, il faudra simplement penser à les ouvrir en arrivant pour ne rien rater de l'enchantement de la soirée.