Erik Truffaz Quartet : une "revolucion" toute en douceur
Un peu de nouveauté sur mon blog : pour la toute première fois, je vais vous parler d'un genre musical qu'il me tardait enfin de défricher : je veux parler du jazz.!!..
Cette musique, que mon père écoutait énormément lorsque j'étais môme, je l'ai toujours trouvé un peu intimidante sans doute un peu trop élititiste pour moi, mais grace à Laure, l'attaché de presse d'Ephélide, j'ai pris mes réticences à rebours et j'ai essayé de m'initier à un groupe de jazz absolument renversant, Erik Truffaz Quartet, et je ne le regrette pas du tout.
En fait, pour tout vous dire, Erik Truffaz, la personne au départ de ce projet et leader du groupe ne m'était pas totalement inconnu.
En effet, ce trompettiste émérite a fait des collaborations avec des chanteurs de rock français que j'apprécie particulièrement comme Alain Bashung, Rodolphe Burger ou Christophe.
Depuis son premier disque, publié en 1993, il s'appuie sur sa parfaite maîtrise de son instrument de prédilection, la trompette . Des 1997, il forme un quartet avec ce groupe, Marcello Giuliani à la basse, de Marc Erbetta à la batterie et de Patrick Muller au clavier, et sort un premier album, « Out of a dream », sous le label Blue Note ( premier groupe français à avoir été publié sous ce label si prestigieux).
Suite à cet album, le groupe prend une dimension internationale, les tournées se succèdent, le bonheur est bien présent dans la matiere sonore.
En juin 2010, Patrick Müller est remplace aux claviers par Benoît Corboz. Pianiste inspiré et ami de longue date, avec qui Erik fit ses premiers pas sur scene des 1985, Benoît est egalement l'ingenieur du son sur l’ensemble de leurs albums depuis "The Dawn".
A la différence des groupes de jazz conventionnels, ce quartet nous plonge dans un univers sonore très lounge ou ambiant music. Sorti le 29 octobre dernier, ce nouvel et 10e opus d’Erik Truffaz Quartet s’inscrit dans la continuité de l’album "In between", comme s’il s’agissait du second volet ou chapitre de sa déjà longue histoire. Au fil du temps et des concerts la musique s’est imposee, le son du groupe a pris de l’ampleur et de la densité.
Au rayon voix, le quartet a invité Anna Aaron pour trois très beaux morceaux, où l'on sent formidablement la passion que peuvent avoir Truffaz et ses acolytes pour la chanson, cette mal-aimée du jazz. Et c'est précisemment cette passerelle que tendent ces jazzmen pour la chanson qui m'a particulièrement touché.
De l'album que j'ai écouté maintes fois en intégralité, j'aime particulièrement "El Tiempo de la Revolución " et "Revolution of time", ces deux plages qui ouvrent et ferment l’album, deux interpretations diamétralement opposees qui sont en fait composées d' une seule et meme partition.
La difference de forme entre ces deux titres exprime la richesse du travail de ce Quartet, et son incroyable capacité à epouser des vents contraires. Ecouter ces deux morceaux l'un à la suite de l'autre permet ainsi de comprendre toute l'ouverture et toute la maturité du projet musical, aussi à l'aise dans les eaux glaciales d'un port fluvial sibérien que dans l'atmosphère tiède, trouble, d'un bar sud-américain, le soir précédent la révolution. Et, à titre personnel, écouter ces deux morceaux en boucle l'un à la suite de l'autre me pousse définitivement à écouter d'une autre oreille ce genre musical en général et ce quartet en particulier.
Erik Truffaz distille au final un jazz très électro et très moderne avec des envolés rythmiques assez subtiles relançant toujours les morceaux. C’est donc un set impeccable pour jouer aux mélomanes, se poser et écouter avec attention une musique riche, une musique chaude.
« El Tiempo de la Revolución » exprime les revolutions successives qui actent notre vie, comme un long poeme que l’on ecrit au fil du temps dans un espace oul’on est a la fois acteur et spectateur. Le temps de la revolution est aussi celui de la naissance, de l’amour et de la mort.
Un fort joli disque aux ambiances parfois planantes, parfois hyptnotisantes, toujours musicalement riches et complexes... Une parfaite initiation à ceux qui pourraient être un peu inhibé par l'univers du jazz.
Hyptotisant, et nous emmenant si loin ailleurs de notre quotidien, on aimerait tant que toutes les révolutions ressemblent à celle là.....