faits-etre-heureux La rentrée littéraire de janvier commence déjà à pointer le bout de son nez (je reçois d'ailleurs quelques communiqués de presse des maisons d'édition sur certaines de ces parutions, chouette alors), mais, personnellement, je suis loin d'avoir éclusé ma P.A.L (voilà comme je parle comme un vrai blogueur littéraire maintenant) de la rentrée de septembre, pendant laquelle j'ai vraiment été gaté par les maisons d'éditions que je remercie une fois de plus.

Récemment, j'ai un peu mis le turbo ( avant de m'atteler aux préparations des festivités) et j'ai  quand même réussi à lire deux des productions de cette rentrée de septembre, deux livres assez médiatisés, dont je vous livre la chronique détaillée des à présent :

1. Nous étions fait pour être heureux

de Véronique Olmi

L'histoire  :

Serge, sexagénaire, agent immobilier très aisé, est marié à une très jolie femme qui a la moitié de son âge et avec laquelle il vit dans une belle maison avec jardin tout près de la place du Tertre.

Il rencontre Suzanne, accordeuse de piano. Suzanne est « vieille », elle a de grands yeux, elle est libre dans son corps. Avec elle, l’homme fatigué vit une histoire fulgurante qui ne les laisse indemnes ni l’un ni l’autre.

 Mon avis

Véronique Olmi,  je vous en avais parlé cet été,  car j'avais lu Cet été là, son précédent roman, alors édité en poche. Le roman m'avait peu convaincu, mais j'ai quand même voulu lire son nouveau roman, si généreusement proposé par son éditeur Albin Michel.

Plus que dans Cet été là,  force est de reconnaitre que la plume d'Olmi recèle une vraie élégance, une vraie propension chez l'auteur à saisir les moments des êtres et l’écho qu’ils trouvent dans ce qui leurs environnements et dans les sensations indicibles qui les habitent.

La première partie du roman, qui cible sur cette histoire d'amour et adultérine entre deux êtres un peu abimés par la vie est certes classique, mais elle dégage un vrai charme, du  à cette qualité de plume, qui nous fait notamment parfaitement sentir le décor de ce quartier des  Abbesses,  que j'ai bien connu dans ma jeunesse.

Mais au  delà d’une histoire d’amour et d’adultère, c’est le récit d’une confidence qui est en jeu dans Nous étions fait pour être heureux. L’aveu qui doit être fait, l’élection d’un confident, le secret qu’on cherche à savoir mais qu’on ne veut pas entendre, le gouffre qui se créé, la vérité révélée malgré soi…  Et c'est là que le bat blesse car la seconde partie,  autour du secret d’enfance que porte Serge, jamais révélé à quiconque. m'a moins convaincu.

Cette révélation m'a semblé artificielle, et du coup, on un peu de mal à croire à la relation qui unit Serge et Suzanne. On ne saisit pas vraiment les raisons qui font que Suzanne aime cet homme blessé et égoïste  étouffé par sa tristesse, et comme c'est quand même la clé de l'histoire,  le plaisir de la lecture en est quelque peu entravé.

 

plan de table2. Plan de table

de Maggie Shipstead

L'histoire :

La fille aînée des Van Meter Daphnée  se marie dans quatre jours sur l’île de Waskeke où ses parents possèdent une maison secondaire. Le future mariée enceinte jusqu’aux dents se délecte  du soleil en compagnie de ses demoiselles d’honneur. Sa mère Biddy s’active à ce que tout soit parfait tandis que son père Winn n’est pas d’humeur festive. 
Mon avis :
Voilà un  roman américain dont on a beaucoup parlé durant le mois de septembre. Ce Plan de table, publié aux éditions Belfond, est un tout premier roman venu un peu de nulle part écrit par une certaine Maggie Shipstead,  et qui a énormément séduit presse et blogueuses, par la virtuosité de l'écriture et la vertu jubilatrice de l'histoire.
 
Ce roman prend comme toile de fond les trois jours avant la préparation d'une noce de mariage,  sujet oh combien universel et sur lequel tout le monde  a des anecdotes à raconter.
Ici, la finalité de l'auteur est ambitieuse :  comme dans  toutes les bonnes comédies de moeurs, le roman a pour objectif  d'aller voir ce qui se cache sous le vernis glacé des conventions bourgeoises et des liens familiaux.
Cela pourrait être lourd et caricatural, c'est au contraire parfaitement bien vu et très juste.  Cela grace à la plume de l'auteur, qui  porte sur les situations et les personnages une vraie et délicieuse ironie.  La romancière ne laisse rien passer à ses personnages,  et taille au scalpel sa famille White Anglo-Saxon Protestant: entre tromperie, alcoolisme, envie et jalousie, les personnages se débattent entre leur besoin de liberté et le  fameux et éternel respect des convenances.
 
Le livre m'a fait penser au film Another Happy Day sur un sujet  assez similaire, mais contrairement au film, il arrive à ne pas verser dans la  caricature en gardant sur ses personnages une once d'humanité bienvaillante, notamment son regard sur le personnage de Livia m'a paru assez attendrissant.
Chaque attitude des  personnages puise leur motivation dans une explication bien pensée, notamment le personnage du père,  Winn, dont le besoin de reconnaissance qui passe nécessairement, pour lui, par son intronisation dans le le Pequod, petit cercle so chic et so restreint.
 
Jusqu'au bout de ce roman vif et entrainant, qui souffre néanmoins de quelques baisses de rythme à mi parcours, Maggie Shipstead fait montre d'une plume maniée avec entrain et mêle adroitement une bienveillance légère et un œil acéré.

Bref, un plan de Table où tout le monde peut s'inviter sans hésiter!!! Et encore une fois, je dois dire que la littérature américaine m'a plus convaincu que les romans français....