HOLLYWOOD BOULEVARD : Mélanie Benjamin fait parler de grandes héroïnes du cinéma muet !
. « Le cinéma. La première fois que j’avais entendu ce mot, il désignait une catégorie de gens et non pas la succession de fascinantes images en mouvement sur un écran. “Nous ne prenons pas le cinéma”, me répétaient, les unes après les autres, les logeuses quand j’étais arrivée à Los Angeles, deux ans auparavant. “Que voulez-vous dire par le cinéma ? avais-je demandé, déconcertée. — Vous savez, ces gens qui courent partout avec des caméras, pour fabriquer des images qui bougent. Des gens du cinéma. Vous n’en êtes pas, n’est-ce pas ?” »,
Melanie Benjamin, l'auteur des Cygnes de la Cinquième Avenue , continue dans son nouveau roman Hollywood Boulevard, de plonger des personnalités féminines du 7ème art ayant réelement existé, dans la fiction.
Ce roman aux vertus quasi documentaires et joliment féministe de Melanie Benjamin raconte ainsi L’amitié puis le désamour de la scénariste Frances Marion et de l’actrice Mary Pickford, dans un monde du cinéma naissant, où les femmes avaient, on aurait tendance à l'oublier aujourd'hui, le premier rôle.
Ainsi ,Mary Pickford et Frances Marion. les héroines d'"Hollywood Boulevard "ont profondément marqué le cinéma en noir et blanc.
Frances Marion, célèbre scénariste deux fois oscarisée (en 1930 pour The Big House, de George W. Hill, et en 1932 pour The Champ, de King Vidor)partage ici la vedette avec celle qui devint son amie en 1915 et fut comme elle une authentique pionnière du septième art : Mary Pickford.
Cette dernière, surnomée « la petite fiancée de l’Amérique », sans doute la toute première star hollywoodienne, dont le visage d’ange, les moues enfantines et les boucles blondes cachaient mal féroce désir d’indépendance, fut notamment, dès 1919, avec Chaplin, Douglas Fairbanks et D. W. Griffith, à l’origine de la création de la société de production et de distribution United Artists.
On apprend dans le roman de Benjamin à quel point l'actrice et la scénariste formait un duo inaltérable, car les duex femmes ne se quittaient pas.
Grâce à Pickford qui s'occupait de tout, la comédienne joua des rôles d' éternelle ingénue,mais n'arriva pas à se renouveler, en voulut à Frances, s'enfonça dans l'alcool et le ressentiment.
" Quand elle quitta le studio ce soir là, après avoir parlé Frances Marion, Mary rentra chez elle. Pas pour retrouver Owen, mais pour retrouver Mama. Après trois ans de mariage, rentrer chez elle signifiait retrouver Mama..."
Melanie Benjamin dresse autour de ces héroines un portrait d’époque passionnant avec des seconds rôles somptueux :
qui passent dans l'histoire, Fairbanks, Chaplin et Griffith , Cecil B. DeMille,…
Concentrant sa fiction sur l’amitié qui unissait les deux femmes, sur la passion qu’elles partageaient pour ce nouvel art balbutiant, sur leur collaboration fructueuse, et plus tard sur leur éloignement progressi.f
Outre les évolutions formelles qu’il retrace, Melanie Benjamin pointe du doigt le machisme qui règne dans les studios, tandis que femmes qui luttaient avec leur plastique ou leur talent et à partir du moment une industrie hautement rentable — sur laquelle le capitalisme patriarcal s’empressa alors de mettre la main pour y imposer ses lois, dictées tant par le machisme que par le souci du profit.
Bref, Un livre bien plus profond qu'il en a l'air..
«Hollywood Boulevard», de Melanie Benjamin, traduit de l'anglais (États-Unis) par Christel Gaillard-Paris, Albin Michel, 508 p., 22,90 €.