"JOUEURS » de Marie Monge, avec Tahar Rahim et Stacy Martin, présenté à la Quinzaine des Réalisateur du Festival de Cannes sort ce 4 juillet dans les salles de cinéma.Baz'art vous dit ce qu'on en a pensé.
Perdue au beau milieu d’un quotidien morne et sans saveur, l’existence d’Ella bascule quand elle rencontre Abel. Accro à l’adrénaline que lui procurent les jeux d’argent, le jeune homme l’entraîne dans une passion dévorante où l’enjeu est de mise…
Dans le sillage de son dernier court-métrage, "Marseille, la nuit", qui lui avait valu une nomination aux César en 2014, Marie Monge nous plonge avec le bien nommé Joueurs dans l'univers des cercles de jeux . Intriguée par un monde souterrain et mystérieux, la réalisatrice a mené un travail d’investigation pour tisser son intrigue autour de joueurs, des croupiers, des machines à sous (celles qui ont notamment la fonction suivantes « Le Bonus Sans Dépôt ») et des gérants qu’elle a côtoyé intensément pour se documenter.
L’univers des tables de jeux est un sujet souvent conté de l’autre côté de l’Atlantique, mais plus rarement en France (on se souvient de Poker de Catherine Corsini dans les années 80 ou des Mauvais joueurs avec Pascal Elbé plus récemment).
Dans la première partie de ce film qui insuffle du cinéma de genre aux allures de film noir à une histoire d’amour passionnelle, on plonge avec un bonheur certain dans un monde souterrain largement clandestin, fait de méandres financiers et de Paris plus ou moins risqués dans un Paris nocturne et interlope, où l’adrénaline est de loin la carte maitresse.
La peinture de ce monde de cercles de jeu parisien possède un petit côté scorsesien et l’exposition des us et des coutumes des cercles de jeu fait forcément penser au Casino. Sauf qu’ici Paris remplace Las Vegas, ce sont les cartes et les roulettes qui font la loi.
"Joueurs" bénéficie ainsi de quelques qualités non négligeables, notamment celles de nous rendre assez vite familier un monde qui reste opaque pour le commun des mortels.
Séduisante aussi, cette idée la réalisatrice d'inverser les codes du film noir et de faire du personnage masculin "la femme fatale" d'autant plus que Tahar Rahim est très crédible séducteur qui représente la tentation pour l'interdit.
Dommage que le film perde un peu de son intensité dans la seconde partie, avec des ellipses pas forcément trop maitrisées, des rebondissements qui semblent quelque peu rien plaqués, et un manque d’épaisseur surtout dans les personnages secondaires, qui, mis à part le toujours excellent Karim Leklou n’existent pas vraiment.
Bref si le long-métrage ne tient-pas toutes ses promesses de départ, cette passion ardente entre deux âmes la dérive dans un milieu mal connu séduit quand même largement.