Baz'art  : Des films, des livres...
20 février 2024

On va brûler le feu : Rencontre avec l'humoriste Swann Périssé - Palais des Glaces (Paris)

 @ Lisa Miquet

Un rose écarlate se distingue dans le quartier de République, non pas comme le cœur qu’on a vu toute la semaine dernière avec la Saint-Valentin, de la passion amoureuse mais une autre passion, celle de la scène. Swann Périssé, depuis toute petite, n’a jamais été calme. Elle pensait que la sérénité arriverait avec l’âge, mais à 30 ans, elle a dû reconnaître qu’elle a des problèmes de colère. « Swann a une colère constante et une joie de vivre inépuisable. Ce sont ses deux moteurs pour créer », confiait la productrice du spectacle, Valentine Mabille au Monde. « On s’est tout de suite plu, car on riait toutes les deux très fort et on ne s’excusait pas d’exister. » Derrière cette colère, vient un profond, vicéral rejet de l’injustice, d’un « système construit par nous est responsable de destruction de la planète et vecteurs d’inégalités avec le patriarcat et le mépris des opprimés ». Dans un espace public dominé par les hommes, elle se rend compte qu’ils sont autant capables d’adapter leur harcèlement au rythme de ses rollers que de développer une peur de l’ascenseur avec MeToo. 

Calme, c’est un amour absolu pour faire vivre ses émotions et son féminisme, c’est un coup de cœur ! Swann Périssé, aussi pétillante que les néons bleus et roses vous fera rire aux éclats (et prolonger votre espérance de vie). Rencontre avec une humoriste inspirante et vibrante prête à sauver le monde, en essayant de coucher avec les hommes de droite riches pour les faire virer de bord (oui cela ressemble à un scénario d’un certain Michel Leclerc…)

Comment est venu cet amour de la scène ? C’était une évidence ?

C’était une évidence ! Mes profs me disaient que j’allais faire du théâtre mais quand j'étais petite, je ne voulais pas apprendre les textes. Quand j’ai fait mon premier de cours théâtre, je m’en souviens, j’ai adoré, je pouvais faire mon intéressante devant tout le monde. On peut créer des mondes sans décors ou accessoires, juste avec les yeux et le corps. C’est incroyable et trop rigolo !

Comment se sont passés les débuts sur scène ? 

Quand j'étais en cinquième, ça s’est super bien passé ! J’étais dans une option théâtre très libre, où non seulement on apprenait plein de textes et on pouvait les jouer les nôtres, nos chansons, seul ou avec quarante personnes. Moi, dès le premier spectacle, j'en avais déjà écrit. Le thème était l'autobiographie et j’avais écrit un texte qui s’appelait « moi je » sur l’arrogance tout simplement. J’avais une amie qui s’appelait Anna avec qui je faisais du théâtre, qui avait adapté une chanson avec un chœur de comédiens qui la suivait derrière. Moi, j'ai adoré, j'étais pas timide. Un jour, (…) il y avait quelqu'un qui prenait des photos. Il faisait des bruits de flashs crépitants et j’ai tapé la pose.

 

Et après, avec le stand-up ? 

Ça ne se fait jamais d’un coup, comme dans l‘imaginaire collectif, on pense que tu te lances sur une scène puis 2 mois après, tu fais l’Olympia. Il y a un petit évènement étudiant avec 700 personnes à Nancy pour un petit concours de théâtre et il y a une standing-ovation, c’était chouette et j’ai voulu en faire mon métier. Puis, j’ai écrit mon spectacle toute seule, je m’entraînais dans la chambre de ma sœur qui n’habitait plus chez nous et j’ai invité mes voisins tout en bricolant la lumière et la musique. J’ai créé un spectacle qui s’appelait « La Petite Fille en Amérique » avec le personnage d’une petite fille qui avait fugué aux Etats-Unis (j’y avais vécu un an) et j’ai commencé à faire de la scène dans des petits clubs, sur une péniche. J’avais un copain qui faisait les entrées et il gardait 10% des recettes. 

Avec Calme, tu signes ton retour sur scène, pourquoi maintenant ? 

Je reviens sur scène parce que c'était redevenu viscéral, comme au début, quand je jouais au début, j'avais vraiment besoin de raconter des trucs. J'ai perdu cette envie et ce besoin pendant plusieurs années, notamment parce que je gagnais bien ma vie sur Youtube et que c’était très chronophage, il fallait que je fasse des choix artistiques.

Ma carrière sur scène n’a jamais vraiment marché : les gens ne me connaissent pas de l'époque, il n’y avait pas de monde, c’était précaire…Puis j'ai commencé à marcher sur youtube et j'avais pas le temps de faire les deux. Je n'avais plus envie, trop fatigant, trop dur… J’ai fait plein de projets : je suis partie notamment en caravane pendant deux ans en vadrouille. Vivre en caravane, c’est compliqué de faire du stand-up parce que tu peux pas garer ta caravane devant tous les clubs de Paris ! Et là, quand je me suis réinstallée en fait dans une ville, je me suis dit: qu'est-ce que je vais faire de tout ce temps que je passe pas à voyager ou à réparer ma caravane? C'était comme une évidence que je voulais remonter sur scène, comme une histoire d’amour ! Quand tu es amoureux, il n'y a pas de questions à se poser ! 

Pourquoi ce titre ?

J'ai appelé mon spectacle Calme parce que c'est vraiment une émotion que je ne connais pas, je suis très rarement calme. Je suis soit surexcitée, soit épuisée, je n'arrive pas à trouver l'intermédiaire. Et très souvent en colère. C'est vraiment la source de toute mon écriture. Quand j’écris des vannes, je me demande qu'est-ce qui me paraît absurde, qu'est-ce qui me paraît drôle, qu'est-ce qui me paraît fascinant ? Qu'est-ce qui m'émeut ? Moi, c’est ce qui me met en colère, la première émotion de toute mon écriture et j’ai remarqué que les gens n’avaient pas la même colère.

Tu demandes au public quelles sont leurs méthodes pour gérer la colère. Quelles sont les tiennes ? 

En vrai, le sport, ça m'aide énormément. Alors, je me moque souvent des gens qui qui disent des trucs de sport dans le public, parce que c'est très banal, très sage le running, le yoga… On n’a pas la même colère. (rires) Je trouve ça un truc un peu bourgeois et capitaliste avec une méthode individualiste de faire tout ça pour calmer sa colère, le bien manger, aller bien… (…) J'ai également des techniques physiques comme les gens vont aller à la salle de sport, ou des gens vont faire leur compta ou leur ménage… Je me suis rendu compte qu’il fallait que je m'octroie des temps de santé mentale, du temps pour laisser vivre les émotions avec la tristesse, la colère, la culpabilité, le ressentiment ou la jalousie. Vraiment je le fais comme une hygiène de vie, comme il faut se brosser les dents matin et soir ou manger des légumes ou passer l'aspirateur. Je passe l'aspirateur de mes émotions au moins une fois par semaine.

Comment s’est déroulé le processus d’écriture et de création ? Avec le rodage, combien de temps cela t’a pris pour la version finale ?

La fabrication finale de ce spectacle, à peu près, a mis deux ans. Pendant un an, on va dire que je me suis reformée à monter sur scène et à décider de faire un vrai spectacle parce qu’il y a des humoristes qui font très bien l’équivalent de deux heures de spectacle par parcelle, dans des salles de stand-up, genre 8 à 15 minutes, qui sont très forts et très drôles mais si on les regroupe, cela n’a plus de sens ou de cohérence. Donc, on se peut se dire : ok je suis une bête de scène mais de là à écrire un spectacle, c’est différent ? Pendant un an, je me suis rendue dans les comedy clubs, un peu à Paris mais surtout à Montpellier où je vis. En plus, c’est un public qui va moins voir le stand-up, qui vient pour rigoler quoi qu’il arrive 

Pendant un an, je jouais parfois jusqu'à deux fois par soir, j'ai beaucoup rodé au République (théâtre à Paris) et je jouais à 19h30 et 20h30 pendant 1h-1h10. Je filmais et entre chaque spectacle, je regardais pour voir ce qui faisait rigoler, ce qui était inspirant. Pourquoi ça l’était ou pas ? Je réécrivais parce que j’avais de plus en plus envie de raconter et d’idées qui venaient. Puis tous les deux mois, je faisais une pause d'une semaine ou dix jours où soit je me reposais, soit j’écrivais. J’ai travaillé avec un journaliste qui m'a aidée à faire des recherches sur la colère, des femmes plus particulièrement : comment elles étaient statistiquement plus en colère, on réprimait plus leur colère à elles, que ça créait des maladies mentales et physiques ou encore les différences de valorisation de la colère chez les petits garçons et petites filles. 

Je lisais des trucs qui me mettaient en colère pour l’écriture puis je revenais avec une nouvelle version du spectacle. En parallèle, il y a eu un gros travail psychologique pour me dire que je pouvais le faire, que j'étais légitime, que ça allait bien se passer. Enfin mettre en place la stratégie de production : dans quelle ville je voulais jouer ? où, quand, comment ? Quel besoin et investissement pour trouver l'ambition du spectacle. 

Justement parler de colère, de sexe en tant que femme, est ce politique ? 

 Comme tous les journalistes, on est situé.e. dans ce qu’on dit ; après mon public me ressemble. Je parle déjà beaucoup de colère et de violence et j’incite les gens à se mettre en colère. J'y pense d'ailleurs à dire: mettez-vous en colère, sauf si on vous a trop vu (comme un homme hétéro cisgenre blanc). (…) C’est difficile de faire un spectacle universel qui parle à tous. 

Après tu t’adresses à ces hommes aussi présents dans la salle ? Cela leur permet de prendre conscience de cette colère plus « naturelle » chez eux ? 

Justement j’explique que ce n’est pas naturel, c’est moins réprimé ou humilié, comme une pulsion genre un homme n’a pas pu se retenir. C’est la même chose avec l'alcoolisme chez les femmes : un homme, ce sera plus « rigolo » ! Cela va avec l’autorité, le poing qui tape sur la table tandis que la femme ce sera de l’hystérie, être rabat-joie, bien sûr.

Quelles sont tes inspirations en matière d’humoristes et de figures féministes et écologistes ? 

Mon inspiration principale en ce moment, c’est Ali Wong, une super humoriste américaine. Elle a 3 spécials sur netflix, l’une des premières à avoir fait un spectacle en étant enceinte de 8 mois, un grand message féministe badass ! En fait, elle est vraiment cette femme qui arrive sur scène et qui se la pète d’être plus riche que son mari, qui explique qu'elle a envie de le tromper toutes les cinq minutes, que c'est elle qui paie la maison, le wifi, les voyages…

Dans son dernier spectacle, que j’ai vu en rodage à la salle Pleyel… C'est dire à quel point le rodage au niveau des américains n’est pas le rodage des français (rires) ; elle raconte par là qu'elle a divorcé et qu'elle se tape des jeunes, des vieux, tous ses déboires de célibataire, et c'est très drôle.

Dans quelle mesure écologie et féminisme sont liés ? Je pense notamment à ta blague où tu disais que qu'il fallait arrêter de coucher avec des hommes riches qui pouvaient construire des pipelines.

Pour moi l'écologie, c'est une remise en question du système et de comment il fonctionne et c'est dangers, un peu, de repartir à zéro, de reconstruire de nouvelles bases de société. Pour ça le féminisme a une grande place d'ailleurs et il y a beaucoup d'éco-féministes dans le monde, qui se sont élevées contre des aberrations écologiques. D'une certaine façon, c'est un monde qui nous convient plus. On est amené à repenser le système, donc à s'intéresser à l'écologie (…) en fait, le féminisme et le l'écologisme, si je puis dire, sont des valeurs qui veulent construire un monde nouveau.

Oui j’ai vu dans une interview que tu disais ne pas comprendre des gens qui pouvaient être écologistes et pas féministes…

Il y en a peu mais quand même… Après les masculinités toxiques sont tellement ancrées dans les mentalités. Récemment, je me suis disputée avec un écolo, pour préciser j’ai été victime d’agression sexuelle, et il me mettait la responsabilité par rapport aux autres victimes de cette personne où j’aurais dû dire quelque chose. Non seulement je suis une victime mais une coupable parce que j'ai pas pris la main du violeur en lui disant « faut pas le refaire »… C’est aberrant, plus difficile que ce que je croyais…. L’écologisme ce sont des chiffres et des données comme un énorme mur qu’on va se prendre et qui va aboutir à la mort de tous ; alors que le féminisme est plus subtil, c'est moins dans les mentalités. Alors ça tue des gens, mais ça ne tue pas les hommes. On a très bien réussi à vivre comme ça jusqu'à maintenant, même si ça implique que les femmes sont moins payées, que les personnes queers sont maltraitées, que les trans sont tabassé.es mais cela va bien aux mecs blancs donc c’est plus difficile à déconstruire que le charbon et le pétrole qui nous mènent à la catastrophe.

Si on revient à ton podcast créé à la rentrée dernière, Y’a plus de saisons, co-produit avec Binge Audio. D’où est venue l’idée de lancer un talk-show/ podcast sur l’écologie ?

L'idée est venue de deux constats : le premier, c'est que j'adore regarder les interviews sur Thinkerview, des trucs hyper intello des conférences d'Aurélien Barrau (astrophysicien qui aborde la collapsologie) , de Jean-Marc Jancovici (président de The Shift Project). Mais c'est hyper chiant et dense, très fatiguant… Je ne regarde jamais en une fois. Et la deuxième est que j’ai été invitée à faire une table-ronde avec Jancovici, François Ruffin et de deux autres mecs très sérieux, tout ça devant mille personnes et dès que j'ouvrais la bouche, les gens étaient morts de rire ! Je me suis dit que ce contraste entre les gens qui ont la connaissance et moi, c’est intéressant, didactique et qu’il y avait quelque chose à faire.

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Parmi les enregistrements et pendant la préparation, quelles sont les rencontres qui ont nourri ta vision ? 

Ce sont plus des livres en fait. A l'époque, j'avais lu Comment tout peut s'effondrer de Pablo Servigne. Après, j'ai lu le livre Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion, cela a été un grand tournant pour passer des petits gestes écolo à un grand militantisme. : pendant un mois, je le relisais en prenant des notes de manière très scolaire. En rencontres, Camille Etienne est très inspirante et les propos de Fatima Ouassak sont époustouflants. La BD de Jancovici,Un monde sans finest incroyable genre vraiment la pilule rouge ou bleu dans Matrix, on change de vision du monde !

Et est-ce que l'humour, selon toi, est une branche de la lutte écologiste?

Ça me prend beaucoup de temps d'écrire des vannes, de les faire sur scène donc j'ai pas vraiment le temps de lutter et de militer, je suis juste là avec mes petits gestes écolos. Je suis surtout concentrée à faire des blagues et à visibiliser certains sujets. Je pense que j'ai moins de de courage et d'implication que les vrais militants, qui sont sur le terrain, qui s'acharnent à lutter nuit et jour pour arracher des petites et grandes victoires.

Il faut mettre en place tous les moyens possibles et imaginables pour s'en sortir et aujourd'hui, les gens se rendent compte à quel point l'humour prend une place importante dans leur vie. Ils regardent entre quatre et six heures de divertissement sur leur petit téléphone ou ordinateur et je ne parle du temps d’écran. Il ne faut pas laisser croire que c’est que du sérieux, sinon on s’éloigne de l’humain, cela peut aider sur certains sujets. 

 

Pour revenir à ton spectacle, tu parles beaucoup d’émotions, on en parle de plus en plus dans la société en lien avec les questions de bien être comme dans le militantisme, où l’engagement tend à brûler les ailes jusqu’au burn-out. Est-ce que prendre soin de ses émotions, de son bien-être, c'est politique aujourd'hui ? Je pensais notamment aussi à Camille Teste avec Politiser le bien-être (éditions Binge Audio).

J’allais justement dire de lire le livre de Camille Teste qui en parle trop bien ! Quand je l’ai découvert, je me suis dit « je vais faire un spectacle sur ça et je vais l’appeler pareil (rires), je vais piquer toutes ses idées ! » Finalement, j’avais envie de parler aussi de plein d’autres choses, mais en tout cas, la façon dont on nous dit de faire, dont on nous vend le bien-être aujourd'hui, est capitaliste. L'humain doit être le centre de la lutte, mais je n'arrive pas à dire le bien-être, prendre soin de ses émotions, c'est politique, parce que la façon dont on le vend aujourd'hui, c'est payer cher des abonnements dans ses salles où il y a que des gens qui nous ressemblent, Mincir,… bref que des trucs problématiques. Donc, je ne pourrais pas répondre mieux qu’il faut lire ce livre, parce qu'elle le résume bien mieux que moi et elle va vraiment au fond des choses. 

Il y a un passage que j’ai remarqué dans son livre, c'est que même les chercheurs et chercheuses qui ont été payés pour dépolitiser leurs recherches, par exemple : les psychologues, maintenant en plus étudiés sur qu'est-ce qu'il se passe dans le cerveau quand on est en dépression, quand on a plus envie d'aller travailler ou qu'on est épuisé, mon burn-out… Alors qu’avant, c'était plus des études sur comment le monde du travail ou le travail à la chaîne peut rendre dépressif ou casser le dos et les lombaires. Les recherches se sont concentrées sur la responsabilité individuelle du mal-être, c'est incroyable ! Même dans les causes et les personnes formées pour nous faire aller mieux, on est passé de ce qu'on peut faire tout seul pour aller mieux. C'est le système qui part en couille !  

Je ne connais pas très bien les milieux militants, je ne me sens pas légitime de dire: oui, dans les milieux militants, il faut faire du yoga et faire du bien, il faut s’aimer et rigoler. Par contre, politiser le bien-être: oui parce que t'arrives à réunir des gens deux heures par jour, tous les soirs, dans le même endroit, avec les mêmes objectifs, et cet objectif est de perdre ses poignées d'amour en échange de 70 euros (…). 

 Est-ce que aussi la culture, quelquefois fois, peut être un mode d'action collective ? 

Oui bien sûr, juste pour donner un exemple, j’étais influenceuse, je faisais plein de vue et je gagnais mes sous par des intermédiaires, je propose du contenu gratuit et j'ai des sponsors. Je parle au présent car c’est encore le cas, même si j'en fais 100 fois moins qu'avant. J'offre du « contenu gratuit « en échange de l'attention des gens. Là avec le fait d'être sur scène, il y a deux choses qui changent : la première, c'est que les gens me donnent leur argent directement et J'aime bien dire que je suis une AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) du divertissement. C'est une espèce de business model beaucoup plus direct puisque les gens payent pour ce qu'ils voient et ne pas consommer des trucs gratuits avec en échange l'idée qu'il faut acheter des sextoys, des shampoings. L’autre chose, j'avais besoin de live, de vivant, devant 500 personnes, il se passe quelque chose de collectif, de vivant, de vibrant, de joyeux qui ne se passe pas d'habitude. C'est fort, c'est important et on est tous ensemble.

 

Concernant le MeTooStandUp, tu en parles brièvement dans ton spectacle, tu viens d’écrire dessus avec Elodie Arnoult, quelles réactions as-tu observé dans le milieu de l’humour suite à la prise de parole de Florence Mendez ?

[ NB : le 10 janvier 2024, l’humoriste belge Florence Mendez prend la parole et partage les témoignages de 4 femmes. Ces dernières accusent l’humoriste, de viols et d’agressions sexuelles. Au lendemain de ce message, elle continue de recevoir une dizaine de témoignages. Le 13 janvier, Florence Mendez et d’autres militantes féministes se rendent à Bruxelles pour interpeller directement Seb Mellia. ] 

Pour info, je suis un peu éloignée du milieu de l'humour parce que, en gros, quand je fais mon come-back, je suis pas du tout revenue parmi les humoristes, les clubs de stand-up où tout le monde se regarde. Je peux revenir un peu en solo avec mon public, dans mon coin, et les gens savent très bien que je suis féministe. 

Déjà, on a toutes et tous été très bouleversé.e.s. Franchement, je ne connais pas une seule personne qui n'a pas cru les accusations de viol portées contre Seb Mellia Beaucoup d'humoristes qui se sont faits violer par Seb Mellia, et quand tu comprends que ta pote aussi l’a été parce que c’est le même mode opératoire, c'est hyper violent…

Ce qui est dur en plus quand t'es féministe, c’est quand une autre féministe vient te parler et dire que tu n’as pas honte de ne pas avoir parlé, que t'es complice des viols alors qu’il.elle ne se pose pas la question que tu es potentiellement une victime… C'était vraiment dur… Alors en tant que féministe, ça aurait dû être toi, à toi de convaincre la personne d'arrêter de violer, c'est super dur d’entendre cela, et ça fait ressurgir des choses comme lorsqu’il y a eu les accusations portées contre (le youtubeur) Norman. 

Bien sûr, il faut punir, ostraciser les violeurs, mais le problème, c'est un système, pas des individus ! C'est le fait qu'on ait laissé cette personne mal parler des femmes, les violer, ou « juste » insister… Le fait qu'on ne puisse pas parler entre nous, le fait qu’il y ait nulle part, aucun endroit où recueillir la parole. (…) Aujourd'hui, on est à près de vingt-cinq témoignages qui sont sortis. S’il y avait eu 6 ou 7 femmes qui étaient allées à la police, rien ne se serait passé… Et encore, combien n’ont pas témoigné ? 

(…) La violence inouïe aussi c’est que ces gens qui sont accusés, c'était quand même nos amis, nos collègues. Tu tombes des nues et on te dit, que tu savais. Mais en fait non, vous ne savez pas… Tu ne peux pas savoir, en fait, les comportements sexuels des uns des autres et moi je trouve ça hyper violent. Ça m’a épuisée ! Je ne sais pas si les hommes dans le milieu du stand-up font quelque chose… Après il y a des avocats au téléphone, qui disent de ne rien dire… Publiquement, celles et ceux qui parlent publiquement s'en prennent plein la gueule et vont perdre leur procès en diffamation. Les diffamations sont plus punies que les viols. (…) Il faut que ça avance, c’est bien un bon coup dans la fourmilière et il y a beaucoup de femmes et d'hommes qui sont contents aussi.

Quels sont ton ou tes derniers coups de cœur culturels ? 

Histoire de finaliser, ma série préférée, qui est sortie en 2022 je crois, ça nous rajeunit pas (rires), est Beef ou Acharnés (en version française). C’est une série incroyable sur la colère qui est incarnée par Ali Wong.

Interview réalisée le 2 février 2024

SWANN_AFFICHE_PDG

"Calme" 

Écrit et mis en scène par Swann Perisée

Du jeudi au samedi à 19h 

Palais des Glaces (Paris 10e)

puis en tournée en France à partir d’avril. 

« Y a plus de saisons » disponible sur sa chaîne Youtube et toutes les plateformes de podcast. 

Jade SAUVANET

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