Revue de Littérature étrangère: Richard Flannagan, Emma Donoghue, Michael Magee
Mais il y eu l'invasion. Ce fut, comme l'écrivit dans les années 1830 un procureur général de la terre de Van Diemen, " une guerre d'extermination " que les aborigènes de Tasmanie finirent par perdre.
Le débat fait encore rage : cette guerre fut-elle un génocide ? Raphaël Lemkin, le remarquable avocat juif qui au lendemain de la Seconde Guerre mondiale forgea le terme et le concept de génocide ainsi que sa définition légale, ne se faisait pas d'illusions. Après toute une vie d'étude et de réflexions, il concluait que le crime de génocide avait des racines historiques anciennes. Et son histoire du génocide, demeurée inédite, consacrait un chapitre au sort des aborigènes de Tasmanie.
Si Hiroshima n'avait pas été détruite en ce mois d'août 1945, le père de Richard Flanagan n'aurait pas été libéré des geoles japonaises où il croupissait depuis plus de trois ans.
Si la première bombe atomique lâchée sur une population civile n'avait pas fait 60000 morts en une seconde et beaucoup plus les jours, les semaines et les mois qui suivirent, Richard Flanagan ne serait pas né et n'aurait pas écrit " La question 7 ".
Richard Flanagan en est persuadé, il doit la vie à une réaction en chaîne qui démarre à la genèse de " La destruction libératrice " un roman que le grand écrivain d'anticipation H.G.Wells publira en 1914.
Une formidable mécanique littéraire, poétique et philosophique permet à Richard Flanagan de faire un pont entre la vie du chercheur incompris Léo Szilard, étudiant d'Albert Enstein et cheville ouvrière de la première bombe atomique qui raya de la carte deux villes au Japon, et l'histoire intime de sa propre famille arrivée en Tasmanie au XIXème siècle.
Un drôle de récit où le lecteur côtoie H.G.Wells et Robert Oppenheimer, en suivant l'histoire édifiante de la destruction systémique du peuple autochtone tasmanien par l'armée anglaise.
Un camp de prisonniers japonais, les souvenirs d'une enfance au bord du fleuve Franklin, un détour par la prestigieuse université d'Oxford, qui en prend pour son grade, entre autofiction, récit historique et biographique, profond et parfaitement maîtrisé, " La question 7 " est un très grand roman politique et humaniste.
Il en va des romans irlandais comme des romans islandais.
Le fait que l’intrigue de Retour à Belfast se passe en Irlande et que l’auteur soit irlandais est pour moi un argument suffisant pour que j’ai eu envie de lire ce premier roman (et en parlant roman irlandais
Le chant de la pluie est sorti en poche et si vous avez envie d’être transporté en Irlande côté campagne, c’est LE roman à lire en ce moment avec en prime un temps parfaitement raccord avec le mois de novembre).
En avançant dans ma lecture de Retour à Belfast, je me suis posée la question « est ce autobiographique ? »en me disant qu’il y avait peu de chance pour qu’il puisse vraiment inventer tout ce qu’il raconte en étant aussi juste mais visiblement
Retour à Belfast est le portrait saisissant d’une Irlande pauvre, marquée par ses relations tendues avec les « Brits », le portait d’une classe ouvrière qui tente de sortir la tête de l’eau mais que tout pousse à se noyer.
Cela aurait pu être désespérant mais c’est plutôt rageur, pas dépourvu d’humour. Et puis, s’il n’y a pas d’événement spectaculaire (on est pas dans un film américain), des micro-décisions, des relations (celle avec Mairead en particulier mais aussi le rôle de sa mère qui en a bavé toute sa vie mais est un soutien infaillible) vont détourner un chemin qui semblait tout tracé.
Presses de la cité
Une fille j'ai embrassé, Emma Donoghue
Telle une vieille dame, à 24 ans je puise l'essentiel de ma fascination dans le passé. Les souvenirs me reviennent avec la force irréfragable de vagues heurtant la côte.
Eliza et Anne ont 14 ans quand elle se rencontrent dans un pensionnat anglais pour jeunes filles, elle deviennent amies et amantes, plus tard, l'une deviendra célèbre et l'autre sera placée dans un hôpital psychiatrique. Ce roman s'inspire de la vie de deux femmes ayant réellement existé,
Ce roman raconte l’histoire du premier amour, des hauts et des bas. Lorsqu'on trouver votre quelqu’un spécial quand vous êtes jeune, et que vous êtes prêt à abandonner tout votre monde.
L'intrigue se déroule à une époque où les relations entre personnes de même sexe n’étaient pas acceptables. L’auteur a fait tellement de recherches que j’ai eu le sentiment d’avoir beaucoup appris en lisant ceci! Il était incroyable de voir jusqu’où nous sommes arrivés et le travail que nous devrons encore mettre en place.
Donoghue a merveilleusement su dessiner la vie des pensionnaires à York avec moults détails.
Les recherches minutieuses de Donoghue brossent un tableau saisissant de l’Angleterre du XIXe siècle.
L’intrigue se déroule en boucle, ce qui donne une ’impression de fatalité et d’inéluctable à cette passion dévorante