CRITIQUE : QUITTER LA NUIT- Les mécanismes du déni
Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l’appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves, Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter.
Complexe et subtil, brut et chargé d’émotion, Quitter la nuit, de la Belgo-Québécoise Delphine Girard, est un drame psychologique anxiogène, mais jamais manichéen, qui aborde le thème de la violence faite aux femmes et de la fameuse question de la zone grise .
Le long métrage est le prolongement du précédent film de Delphine Girard, Une sœur, finaliste aux Oscars en 2020 dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction.
Un peu à la manière de ce qu'avait fait le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen qui a décidé de prolonger au cinéma son court-métrage nommé aux Oscars en 2019, MADRE.
Les 15- très éprouvantes premières minutes du long métrage sont en fait celles du court métrage. Quitter la nuit met en scène le même principal trio d’acteurs, Veerle Baetens, Selma Alaoui et Guillaume Duhesme.
Dans Quitter la nuit, Delphine Girard entrecroise avec intelligence et sensibilité diverses perspectives révélatrices au lendemain de cette nuit de tous les dangers et les horreurs et de ce qu'on préfère se taire à soi même, coupables et victimes réunis dans un seul et même élan.
Delphine Girard refait le noue des évènements, en multipliant les flash-backs et les ellipses, jusqu’à brosser un portrait de la situation qui, s’il n’offre pas toutes les réponses, impose une réflexion puissante et assez poignante.
La caméra nerveuse sait pleinement capter la tension entre deux personnages dans les plans moyens et larges, l’image en révélant alors plus que les mots tout en sondant les rouages étriqués d’un système de justice quelque peu limité.
Avec une forme dépouillée, la cinéaste rehausse la dimension factuelle, authentique, du fond tout en gardant tension et justesse du propos. La réalisatrice utilise à tout aussi bon escient le gros plan, surtout lorsqu’elle choisit de rester sur le visage du personnage qui écoute.
. Il en résulte un film âpre mais terriblement humain mais dont la dimension douloureuse est transcendée par une infinie empathie pour l'ensemble de ses protagonistes, même les plus difficiles à comprendre et à aimer.
Quitter la nuit
Le film sera présenté en AVANT-PREMIÈRE LE 03/04 À 20H30 AU CINÉMA LUMIERE TERREAUX
Remerciements à Haut et Court
Sortie nationale le 10 avril