Le couteau, Salman Ruchdie survivant miraculeux
Pourquoi maintenant après toutes ces années ? Le monde était assurément allé de l’avant et cette question était réglée. Et pourtant ici, approchait à toute vitesse une sorte de voyageur intemporel, un fantôme meurtrier surgi du passé.
Poignardé pendant 27 secondes lors d'une conférence dans l'amphithéâtre de Chautauqua à New York, où il était venu parler de l'importance de préserver la sécurité des écrivains le 12 août 2022, Salman Rushdie raconte deux ans plus tard son douloureux retour à une vie « presque » normale. « Le couteau » raconte son retour à la vie, grâce à l'amour et à l'écriture.
Notre rédactrice chocoladdict l'a dévoré pour nous et vous raconte pourquoi cette lecture est indispensable :
Je n’ai pas lu Les Versets sataniques, tout comme ne l'a pas lu non plus celui qui a tenté d’assassiner Salman Rushdie, un américain de 24 ans.
33 ans après la sortie de ce livre -qui a entraîné à sa sortie manifestations, autodafés, condamnations de la part de certaines personnalités (l’ancien président Jimmy Carter ou l’écrivain Roald Dahl par exemple) mais surtout une fatwa contre lui- alors que l’écrivain est sur scène pour intervenir lors d’une conférence à Chautauqua, il est poignardé à de multiples reprises et laissé quasi pour mort.
Parce qu’il ne pouvait pas faire autrement qu’écrire sur cette tentative d’assassinat, est né Le couteau
Le couteau, celui utilisé par son meurtrier. Le couteau peut-être aussi pour dire que lui aussi à une arme, les mots et que le livre est, si ce n’est un droit de réponse, une façon de reprendre le contrôle sur le cours des choses.
De ce moment où sans voir pour autant la fameuse lumière, il a pensé qu’il était en train de mourir (avec une tristesse liée au fait que ses proches n’étaient pas là) au retour à la vie publique dans une soirée avec d’autres écrivains en passant par toutes les étapes physiques et morales vécues, Salman Rushdie nous livre ses réflexions.
Si le second chapitre est consacrée à sa femme actuelle, la poétesse et romancière Eliza Griffith, ce n’est pas seulement pour nous raconter leur rencontre assez romanesque mais parce que l’écrivain, face à cette haine que quelques pages des Versets sataniques ont provoqué, ce qui l’a sauvé, selon lui, est l’amour. L’amour de sa femme, celui de ses proches (famille).
Sur les motivations de l’acte de celui qu’il appelle « le A. », Salman Rushdie ne s’attarde pas réellement mais il consacre tout un chapitre à des conversations imaginaires avec son assassin où il l’interroge tout de même sur le pourquoi de son acte, sur les notions de vérité et d’ennemi.
Avec une plume d’une clarté impeccable, un sens de l’humour toujours présent, Salman Rushdie réaffirme de manière aussi percutante que bouleversante le rôle des écrivains face au fanatisme. Magnifique.
Le Couteau. Réflexions suite à une tentative d'assassinat,de Salman Rushdie. Traduit de l'anglais par Gérard Meudal (Gallimard, 272 p., 23 EUR).
Avec une plume d’une clarté impeccable, un sens de l’humour toujours présent, Salman Rushdie réaffirme de manière aussi percutante que bouleversante le rôle des écrivains face au fanatisme. Magnifique. pic.twitter.com/TBhZ71BWqD
— Baz'art (@blog_bazart) May 8, 2024
J’ai compris qu’il fallait que j’écrive le livre que vous êtes en train de lire avant de pouvoir passer à autre chose. Ecrire serait pour moi une façon de m’approprier cette histoire, de la prendre en charge, de la faire mienne, refusant d’être une simple victime. J’allais répondre à la violence par l’art.