Le château des insensés Paola Pigani
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Le château des insensés Paola Pigani
Devenue dépressive et mélancolique à la mort de son bébé, Jeanne est envoyée à Neuilly-dur-Marne pour être internée à l'hôpital de Ville-Evrard.
Au moment où l'Europe rentre en guerre, suivant les directives préfectorales, les malades des asiles sont évacuées et envoyés loin de Paris.
Jeanne se retrouve seule, perdue dans les Cévennes.
Dans le village de Saint-Alban-sur-Limagnole, le château Renaissance est devenu un lieu qui, sous la direction du docteur François Tosquelles, accueille des malades psychiatriques venus de toute l'Occitanie.
Ce psychiatre catalan, a fui la dictature espagnole, et s'est réfugié en France, dans ce village historique il a développé de nouveaux traitements pour soigner la maladie mentale. Patients et soignants vivent ensemble et créent une véritable intéraction thérapeutique entre les malades et les villageois.
L'asile psychiatrique s'ouvre, les " fous" ne font plus peur et peuvent même aider aux champs, mains d'œuvre très utile dans ces temps troublés.
De part les sympathies politiques de Tosquelles, Saint-Alban va vite devenir un lieu d'accueil pour résistants, maquisards et déserteurs en souffrance.
Le château développe alors un véritable laboratoire d'expérience dans la recherche comportementale du soin psychiatrique tout en étant un haut lieu de résistance à l'Allemagne nazie.
C'est là que durant cinq années, Jeanne, jeune femme brisée, va se reconstruire, dompter sa douleur et s'ouvrir au monde.
Quelle belle idée que Jeanne, cette tendre héroïne dont nous suivons les pas dans sa résurrection cévenole.
Avec elle nous ferons la connaissance de sœur Rolande, bonté, humanisme et patriotisme chevillés au corps, nous rencontrerons Auguste Forestier, sculpteur et Marguerite Sirvins, aquarelliste et brodeuse, tous deux artistes reconnus dont les œuvres se trouvent à la Collection d'Art Brut de Lausanne ( fantastique musée à deux heures de Lyon, note du chroniqueur).
Paul Eluard, poète surréaliste ( "La terre est bleue comme une orange." c'est lui ) et Jean Dubuffet, ( théoricien et pape de l'Art Brut c'est lui aussi ) descendront de Paris pour assister à la naissance de cette nouvelle approche de la psychiatrie qui inspirera leurs œuvres respectives.
" Le château des insensés " de Paola Pigani est une sacrée belle page d'Histoire dans un roman tendre et fort, n'est-ce pas ce que tout bon lecteur demande à la littérature ?
" Bien sûr des hommes comme Auguste, on ne les oublie pas. Je retrouve chez d'autres malades et surtout chez les bien portants les mécanismes essentiels de cette quête de soi-même, de cette construction de soi-même, de cette découverte de soi, de cette offre de soi, de cette dissimulation de soi, de cet appel aux échanges qui sont, au fond, la condition, l'espoir, et l'angoisse : cet entre deux eaux qui est la source de l'aventure humaine "
Lettre de François Tosquelles à Dubuffet de novembre 1965.
" Jeanne descendait avec d'autres malades sur la place de l'église où les attendait un petit groupe de paysans, hommes, femmes des hameaux voisins. On les suivait à pied ou en charrette.
Les villageois à peine étonnés les considéraient comme "ceux d'en haut", l'asile était dans leur vie comme les genêts, les roches dans leurs champs. Ses remparts étaient les leurs aussi. Derrière, se tenaient autant d'âmes que dans la commune et personne n'avait oublié que des fous avaient prêté main-forte dans les fermes lorsque l'épidémie de typhoïde avait frappé la région quelques années auparavant. La guerre déjà troublait les usages. Résistant, maquisards, dénonciateurs, marché noir et combines. Seulement quelques pas, quelques peurs séparaient les fous des autres. La faim se partageait mieux que l'espoir. "
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Le Château des insensés * Liana Levi
" Jeanne tout court, sans nom de jeune fille, sans nom d'épouse. Jeanne sans état civil ni sac à main. " C'est ainsi que se présente cette frêle jeune femme à sa descente du "train des fous" ...