La Couronne du serpent -Du côté de chez Visconti
L’histoire de Björn Andrésen,l'acteur de « Mort à Venise » à qui Visconti a tout enlevé en lui confiant ce rôle. L'histoire tristement banale d'un adolescent arrivé au sommet, pour qui la chute a été brutale.
Il est jeune, beau, très pâle, il a 15 ans et s'appelle Björn. Il est orphelin de père et mère, et sa grand-mère le rêve acteur. On est à Stockholm en 1970, c'est l'hiver. Luchino Visconti trouve que c'est « le plus beau garçon du monde ». Il sera Tadzio, cet ange de la mort dans une Venise crépusculaire
Björn Andrésen a 15 ans. Il est orphelin et habite chez sa grand-mère. C’est pour elle qu’il a accepté ce rôle, sans savoir vraiment de quoi il en retourne. Les propos du film, sur le désir, les amours interdits, lui passent par-dessus de la tête, il ne parle pas la langue, et Visconti lui donne des indications telles qu’« avance », « recule », « souris », « éloigne-toi ». C’est tout.
Une histoire racontée à travers les voix du réalisateur, de son amant du moment, de son beau Tadzio et de la fille de celui-ci.
.Après beaucoup de recherches Guillaume Perilhou donne la parole à chacun. Et on aime particulièrement la construction kaléidoscopique du livre, qui alterne reconstitution de scènes, correspondances, et extraits de journaux intimes
L'ensemble des choix narratifs de l'auteur apporte un éclairage intime sur cette destinée tragique et éclaire les coulisses dangereuses du monde du cinéma et l’exposition d’un jeune garçon au monde entier qui laissera des traces impossibles à effacer.
Guillaume Perilhou affronte tout, sans surplomb ni jugement : l’éclat de la beauté, les élans douteux, le génie artistique, la chute après les cimes.
Et au travers des échanges entre le Björn vieillissant et sa fille, c’est du rapport de domination et d’emprise qui a uni le réalisateur et son jeune acteur dont il est question.
Un roman superbe qui retranscrit à merveille le génie et les failles d’un grand homme du cinéma,
Guillaume Perilhou, Les Éditions de l’Observatoire, 224 pages, 20 euros, en librairie