Prix médicis étranger Tarentule : Eduardo Halfon pris dans la toile entre fiction et souvenirs réels
Peitte fournée des prix littéraire dans les semaines à venir
On commence par le prix Médecis étranger qui est récemment revenu au romancier guatémaltèque Eduardo Halfon pour « Tarentule » (traduit de l'espagnol par David Fauquemberg, Quai Voltaire)
Nous avons quitté le campement en milieu de matinée et nous sommes engagés sur un chemin dévoré par le sous-bois, qui montait à l’assaut de la montagne. J’avais mon sac sur le dos et, au cas où, mon appareil Instamatic dans la poche de mon manteau.
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- Traduction (Espagnol) : David Fauquemberg
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Prix Médicis étranger 2024
La maison que depuis l'enfance, pour une raison que j'ignore, j'ai toujours eu besoin de détruire ou du moins d'abandonner.
Adolescent Eduardo Halfon a connu une terrible expérience. Le camp scout juif où ses parents l’avaient envoyé, lui et son frère, en pleine forêt mexicaine, s’est soudain transformé… en un simulacre de camp de concentration nazi.
Ses camarades et lui ont été traités comme des déportés, humiliés, rudoyés, violentés, dans le but de leur faire ressentir ce qu’avaient pu vivre leurs ancêtres.
Quand, quarante ans plus tard, Eduardo revoit un des responsables du camp à Berlin, ce dernier lui explique qu'il s'agissait d'entraîner les enfants à résister aux antisémites.
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On ne connaissait pas Eduardo Halfon avant cette lecture et ce prix Médecis .alors qu'il passe pour l'une des plumes les plus prometteuses de la littérature latino-américaine.
Et c'est peu dire que ce livre nous aura donné envie de découvrir ses autres romans.
Au fil de pages au style cristallin, où chaque phrase semble ciselée et reste d'une élégante simplicité, Halfon égrène un récit à la rigueur cinématographique, alternant les cuts, traversant les époques et les lieux et flirtant parfois avec le surnaturel ou l'onirisme.
Par exemple, Quand Eduardo s'enfuit du camp et s'enfonce dans la forêt, nous voilà du côté de Hansel et Gretel, plongés dans un conte des plus inquiétant. On ne sait jamais vraiment si on est dans la fiction ou de vrais souvenirs refoulés, mais une chose est sure, ce magnifique texte, lucide, apaisé, parfois drôle, n'a pas volé son prix Médicis.
TARENTULE Eduardo Halfon, traduit de l’espagnol (Guatemala) par David Fauquemberg, Quai Voltaire, 208 pages, 17,50 euros.