Le Déluge de Stephen Markley. :le pavé indispensable de cette rentrée littéraire?
« J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : la croissance, c’est
terminé. Sortir des populations de la pauvreté et conserver
le niveau de consommation de l’Occident, il ne faut plus
y penser. C’est pour ça que je ne voulais pas venir à cette
foire aux conneries. Je vous le dis franchement, si on
n’avance pas, c’est à cause de vous, de vous tous ici, parce
que la situation n’évoluera pas tant que les individus les
plus riches continueront à consommer autant de ressources que certains pays – ce qui, d’après ce que j’en vois,
est le postulat de base de cette petite sauterie
et de demain
Attention dizaine d'heure de lecture à prévoir : Sous la forme d’une dystopie hyperréaliste, Le Déluge imagine l’effondrement qui risque de se produire si nous n’affrontons pas la crise climatique.
Cette fresque de la lutte climatique aux États-Unis et dans le monde de nos jours à l’horizon 2040 fait plus de 1000 pages, mais elle est juste vertigineuse.
Dans un style choral parfaitement maîtrisé, Markley nous embarque dans la nouvelle – et dernière – guerre mondiale du siècle qui oppose activistes combattants et conservateurs capitalistes.
Ça parle de déni, de famille, d'amour, de haine des migrants, d'arbitraire, de compromissions, de foi, de solidarité, de la puissance mortifère du lobby des énergies fossiles disparition des côtes, de la corporatisation, inégalité endémique, fanatisme religieux,
On y voit se croiser scientifiques, des activistes, des écoterroristes, des politiciens, des toxicomanes, des fanatiques, des influenceurs, des Wall Street, les 1%, les 99%, alors qu’ils naviguent à travers la sécheresse, la maladie, la guerre, les inondations, la polarisation politique et l’inaction, les milices, la famine, les incendies,
Et les multiples histoires qui se chevauchent, les solutions difficiles à trouver, les ambiances atmosphériques et les grands changements d’humeur que j’ai ressentis en tant que lecteur — et en réponse à tout ce qui se passe maintenant, filtrés à travers la lentille étrangement prophétique du roman de Markley.
Bref, ceux qui iront au bout de ce pavé de plus de 1000 pages bien serrées le mériteront !!
es médias de masse ont propagé une image biaisée de l'effondrement. Une partie de la population pense qu'il sera rapide et implacable, un mur de feu qui brûle tout sur son passage, et l'autre se complaît dans un fantasme rassurant de retour à l'agriculture vivrière et à la médecine holistique. Mais la vérité est que l'effondrement sera exténuant et ne ressemblera à rien de ce que nous connaissons. La faim, la soif et la maladie seront omniprésentes, et beaucoup d'entre nous verrons leur proche violés, torturés, assassinés.
Provoque-les, emmerde-les, use-les jusqu’à l’os. Sois sans peur. Sois Achille, soit Roland, soit Jeanne d’Arc. Sois folle. Traverse les deux Dakotas, admire l’orage qui électrocute l’horizon, reconnais-toi dans ses bourrasques et dans chacun de ses éclairs car ce sont eux tes vrais compagnons de voyage.