Safari : le thriller existentiel de Sabri Louatah
Sabri Louatah avait fait une entrée fracassante en littérature avec sa tétralogie adaptée dans une formidable série télé pour Canal+, Les Sauvages , il revient en force en cet hiver littéraire avec un roman qui n'est pas la virée animalière en Afrique promise par le titre.
Avec son personnage principal qui bascule dans une quête éperdue d'un père absent depuis si longtemps, Safari va sur les rives d'un véritable thriller existentiel. Plein de rythme et d'intensité. C'est un roman sur la paternité et la littérature comme sauvetage.
Avec « Safari », Sabri Louatah signe un roman « américain », à la fois haletant et existentiel, sur la paternité et la présence envahissante dans nos vies de ceux qui nous ont quittés.
Comment devenir père quand le sien est parti du jour au lendemain sans explication. Comment peut-on devenir père à son tour sans basculer dans l'angoisse et la surprotection. Le narrateur de Safari souffre incontestablement d'un manque de repères, de réponses et de cette absence jusqu’à la névrose.
Portée par une plume ample, romanesque, assez bouleversante- “Je me promenais avec mon fils dans la serre tropicale de Lincoln Park, à Chicago où nous vivions, quand une tache noire est apparue au centre de mon champ de vision, me contraignant à ralentir pour chercher l’appui d’une rambarde.”-
Safari et son dénouement particulièrement poignant, touche du doigt la perte de repères qui nous envahit quand un proche nous quitte..
Soudain, j’ai cessé d’entendre le son de sa voix. Mes mains affolées ne trouvaient plus sa tête nulle part. J’avais une très mauvaise vue, depuis assez longtemps pour me méfier de tout et soumettre Elliott, qui avait alors quatre ans, à une surveillance que beaucoup jugeaient excessive. Ils n’avaient pas tort mais j’avais tout autant raison, on n’a jamais fini, quand on ne voit rien, de surveiller ceux qu’on aime, or je n’aimais personne comme j’aimais Elliott.