Trous de mémoire : l'histoire d'un musée sur la guerre d'Algérie en Provence
Dans Trous de mémoire, Nicolas Juncker s'est inspiré d'une histoire vraie : l'idée de Georges Frêche de construire un musée autour de la guerre d'Algérie à Montpellier. D'ailleurs, je vous conseille, une fois que vous aurez terminé cette bande dessinée, de lire tous les rebondissements liés à ce musée (qui n'existe toujours pas aujourd'hui et vu les relations actuelles avec l'Algérie qui risque encore d'être ajourné pour un certain temps) de Hollande à Macron.
Nicolas Juncker situe sa bande dessinée à Maquerol, petite ville de Provence en 2022. Suite au décès du célèbre photographe Gérard Poaillat, le ministre de la Culture a une idée lumineuse : créer un musée en l'honneur de cet artiste né en Algérie; qui sera aussi un mémorial dédié à toutes les victimes de la guerre ayant mené à l'indépendance de ce pays. Supervisée par une historienne pointilleuse et un scénographie mégalomane, l'initiative dépasse largement le champ culturel mais représente un enjeu politique de taille à la fois pour le gouvernement et pour le maire de la commune. Mais rapidement le projet multiplie les couacs et une partie des habitants s'oppose à ce musée qui mettrait en parallèle le point de vue des rapatriés et celui des Algériens. Les tensions grandissent et le projet tourne au cauchemar (le tout traité avec humour).
Ce qu'on a aimé dans Trous de mémoires :
-le sujet de cette bande dessinée, la guerre d'Algérie dont les plaies ne sont toujours pas refermées
-l'angle choisi : Nicolas Juncker mêle petite et grande histoire, burlesque et tragédie, acteurs d'autrefois et porte-voix d'aujourd'hui
-en donnant aussi la parole à des témoins directs ou indirects de cette guerre, il montre combien les points de vue sur ce conflit sont contrastés et différents (et dans une époque où tout est blanc ou noir, ça fait du bien !)
Trous de mémoires, Nicolas Juncker, couleurs de Juliette Laude, édition Le lombard.