quai d'orsay, quand la politique s'invite dans la bd
Le jeune Arthur Vlaminck est embauché en tant que chargé du "langage" par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il se faire une place entre le directeur du cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d'Orsay où le stress, l'ambition et les coups fourrés sont monnaie courante.
Même si je n'avais pas su, avant d'ouvrir les premières pages de cette BD, que son scénariste, Abel Lanzac, avait travaillé comme conseiller pour Dominique de Villepin, à l'époque ministre des affaires étrangères sous Chirac, j'aurais quand même deviné quel éminent homme politique se cachait derrière Alexandre Taillard de Worms tant tout, de son allure générale de bellatre un peu azimuté à ses envolées lyriques et enflammées, nous fait penser au "meilleur ennemi" de Sarkozy.
De même, le fait que Lanzac ait occupé un poste de conseiller ministériel auprès de De Villepin relève de l'évidence tant tout, des anecdotes racontées ( la crise de l'anhois, à pleurer de rire), les termes employés et les échanges sont absolument saisissants d'autenticité .
Dans quai d'Orsay l'entourage du ministre passent comme les seuls véritables qui font avancer la machine ,pendant que leur patron semble toujours à côté de la plaque. Pour résoudre les problèmes d'un pays d'Asie ou d'Afrique au bord de la guerre comme pour déjeuner avec un prix Nobel de littérature, quelques phrases tirées au hasart dans les Fragments d'Héraclite peuvent donner le change... Et pendant ce temps, les conseillers et colaborateurs abîment leur santé mentale et s'épuisent à faire le travail. Mais les coups d'éclat à la tribune de l'ONU, qui peut les faire sinon cet homme dont on se demande sans cesse s'il rel^ve de la folie ou du génie.Le grand mérite de Quai D'orsay, dont la fin laisse entrevoir un second tome qu'on attend avec impatience, est de ne jamais répondre à la question et de nous laisser avec nos propres interprétations.