Sacha Lenoir : quand écrivains et cinéastes se rencontrent autour d'un même projet
Lorsque le site les agents littéraires spécialisé dans les maisons d'éditions indépendantes, m'a proposé de découvrir- et vous faire découvrir- l'ouvrage Sacha Lenoir, paru aux éditions Capricci, je me suis dit que ce livre était idéal pour mon blog, et notamment pour ma rubrique " de l'écrit à l'écran".
En effet,Sacha Lenoir est une idée que je trouve assez formidable, initiée par la région des Pays de la Loire et donc la maison d'édition Capricci. En effet, ce projet tend à creuser une passerelle entre romanciers et cinéastes.
La recette est simple, encore fallait-il y penser. Prenez un personnage, une fillette nommée Sacha Lenoir, un décor unique (un ferry) et laisser 5 romanciers français plutôt issus de la nouvelle génération (Maylis de Kerangall, Olivia Rosenthal...) broder une nouvelle de 15 pages autour de ce personnage. Ensuite, montrer ces différents écrits à un réalisateur, connu (Melvil Poupaud; Pascal Bonitzer) ou moins, qui, de son coté, va songer à une adaptation cinématographique autour de cette nouvelle. Enfin, faites rencontrer un de ces écrivains et un ces réalisateurs et faites les discuter ensemble autour de ce projet.
Le coffret Sacha Lenoir se présente donc sous la forme d'une grande boîte contenant 5 petits livrets de taille identique, et chacun contenant une nouvelle suivi de la discussion entre le romancier et le metteur en scène chargé de l’adaptation.
J'avoue que dans tous ces livrets, c'est de loin la partie que j'ai préféré car ces discussions permettent aux deux créateurs de se poser des questions assez passionnantes autour du processus de création, et notamment autour d'une adaptation cinématographique. Est ce qu'un écrivain se fait forcément des images concrètes des personnages et des situations qu'il écrit? Et est ce que ces images peuvent se confondre avec celles d'un réalisateur, a priori plus compétent pour la mise en images? Les discussions vont donc tourner autour de ces thèmes, et les protagonistes citeront pas mal de références et d'influences permettant d’orienter leurs projets sur un univers plutôt que sur un autre.
Il est simplement dommage que ces discussions restent à l'état d'ébauche, puisque ces films sont restés à la phase de l'écrit, et on aurait aimé recevoir le DVD du court métrage avec le coffret, pour que le projet soit pleinement abouti. De même, et c'est pour moi la réserve principale du concept: les nouvelles en elles-mêmes manquent de force et finalement finissent par un peu toutes se ressembler, une fillette perdue sur un ferry ressemblant pas mal à une autre fillette perdue sur un autre ferry :o)
Des 5 récits, la nouvelle La ligne de flottaison m'a paru la plus convaincante, car elle tente un peu de s'affranchir du postulat du départ et instaure un climat onirico-fantastique qui sied bien à l'histoire. Et l’échange qui suit entre Emmanuelle Pagano, l’auteur et Pascal Bonitzer le réalisateur nous emmène sur des chemins tout à fait passionnants.
En bref, le projet est absolument passionnant, mais la réalisation d’ensemble donne un léger sentiment d’inachevé.
Cela étant, je ne peux qu’encourager à ce que se multiplient des projets similaires, qui ne font que stimuler l'esprit créatif des artistes.