La Piel que Habito: Almodovar ne manque pas de peau (ni de talent)
Même si les critiques étaient loin d'être toutes favorables lors de la présentation du film en sélection officielle de Cannes, d'où il est d'ailleurs reparti totalement bredouille, je n'ai pas attendu longtemps, puisque j'étais présent à la toute première séance du mercredi de sa sortie, pour aller voir le nouveau film de Pedro Almodovar, La Piel que Habito (traduction littéralle: "la peau qui m'habite").
Et pourquoi, me diriez vous? Tout simplement parce que pour moi, cet auteur se situe tout en haut de mon panthéon personnel, un des derniers génie du cinéma, qui arrive, pratiquement à chaque film, à allier inventité permanente du scénario et magnificience de la mise en scène (généralement dans le cinéma contemporain, on a l'un ou l'autre). Et en sortant de son dernier opus, je dois vous avouer que.....je n'ai absolument pas changé d'avis sur el maestro...
Bon, reconnaissons le en toute bonne foi ( et non pas comme les journaux qui défendent la politique des auteurs à tout prix): la première partie ne m'a pas totalement convaincu. En effet, j'avais beau reconnaitre les audaces formelles et stylistiques de Senor Pedro (avec ces scènes où l'actrice principale, magnifiée comme toutes les femmes filmées par Almodovar, est vue en surimpression par Banderas à travers un mur écran), je trouvais que l'oeuvre manquait un peu trop de chair et surtout nous emmenait vers des contrées scientifiques un peu abstraites et un peu trop fantastiques (les savants fou,j'ai quand même un peu de mal à comprendre de quel bois ils sont faits) pour moi, le roi du rationnel. Il n'empechait, je restais quand même coi d'admiration devant la perfection stylistique des scènes.
Et puis, à mi parcours, avec un retournement de situation que je vous tairais absolument si je ne veux pas me fâcher à tout jamais avec vous, le film prend toute sa force et sa beauté, et, ce, si on accepte une idée du film assez borderline qui opère un mélange entre les genres et les identités, comme souvent chez l'auteur. Le puzzle se recompose devant nos yeux ébahis par tant de brio et, au générique de fin, on se prend à vouloir le revoir une nouvelle fois pour vérifier le film sous un nouvel angle, ce qui est pour moi, la marque des trés grands films.
J'imagine bien que tout le monde n'entrera pas dans l'univers si particulier de Monsieur Pedro, peuplés de chirurgie esthétique, de transformation sexuelles, de scènes de sexe osées, mais ceux qui accepteront le voyage seront récompensés au centuple.
Pas de bande annonce, la seule que j'ai trouvée m'a semblé complétement ratée au vu du film.