Dans la peau d'un jury de festival : chroniques d'Annonay 1ère partie
Allez, depuis le temps que j'en fais l'annonce, il est plus que l'heure que je me lance dans le compte rendu détaillé des coulisses du premier festival de cinéma auquel j'ai assisté de l'intérieur, celui d'Annonay, pour sa 29ème édition.
Car, je le répète pour les distraits, j'ai eu l'immense chance d'avoir été sélectionné parmi plusieurs centaines de candidats pour faire partie d'un jury de cinéphiles chargé de récompenser des premiers longs métrages venus de toute la planète, et l'experience fut tellement passionnante et enrichissante qu'il me tarde de vous la raconter.
Alors aujourd'hui, en ce samedi, jour normalement destiné à mes coups de griffe, je vais reprendre le fil chronologique et vous expliquer ma première journée de festivalier. La partie de la journée de ce 2 février concernant le festival en lui même ayant commencé à 17h00, mon billet devrait être moins long que les prochains, mais en même temps, j'essaierai d'être synthétique dans mes compte rendus ultérieurs pour ne pas vous assommer d'anecdotes dont certaines pourraient vous interesser, et d'autres bien moins :
- Le matin du jour J : Un appel de Gaëlle, l'organisatrice du festival me conseille d'oublier mes billets de train déjà réservé de longue date, car Nicole, une des 30 bénévoles du festival peut me récupérer à Perrache. En effet, elle doit aller chercher une des invitées du festival, la présidente du jury des lycées, qui n'est autre que Tiffany Tavernier, la fille d'un des plus grands réalisateurs français. Lorsque j'ai appris que j'allais donc faire un trajet d'une heure en sa compagnie, j'ai révisé mon petit Wikipédia illustré et j'ai appris qu'elle était scénariste de deux des films de son père (Holly Lola et Ca commence aujourd'hui, tous deux vus et approuvés, ouf!!), et également romancière ayant publié 6 romans dont le dernier A table, et qu'elle présente aussi des ateliers d'écriture. Bref, je commence à stresser un peu, tant sa vie apparait plus interessante que la mienne, mais bon, il est trop tard pour jouer les trouillards et les complexés, et puis, si j'ai voulu faire partie de ce jury, c'est aussi pour faire ce genre de rencontres,non?..
- 17 heures: Pour une fois bien en avance, j'attends Nicole que je reconnais facilement à l'endroit indiqué. Après lui avoir posé quelques questions sur le déroulement des premiers jours du festival, on commence à surveiller les écrans : le train de Tiffany Tavernier vient d'entrer en gare. Heureusement qu'il y avait une photo sur Wiki, je la reconnais immédiatement, et de son coté, elle me prend de suite pour le président du jury adulte, le réalisateur Raphaël Jacoulot. Flatté de la méprise (chic, je peux donner l'impression d'être un artiste, moi?), je me dis que je ne vais pas pouvoir la garder trés longtemps viable et lui réponds d'une voix mal assurée que je ne suis qu'un petit cinéphile lambda travaillant dans le social et tout heureux d'avoir été sélectionné parmi les membres du jury...Filou,si tu commences à jouer aussi profil bas, tu vas pas marquer le festival, alors, reprends toi un peu, mon gars... Au fur et à mesure du trajet en voiture, je gagne en assurance, et, même si Tiffany T estt très (trop?) extravertie et loquace,au moins sa verve à toute épreuve empêche le moindre blanc dans la conversation de s'installer.
18 heures 30: Nous voilà arrivés à Annonay, et malgré le portrait peu flatteur dessiné par Nicole, ce que j'en vois ne me semble pas si moche... Mais de toute façon, on n'a pas du tout le temps de jouer les touristes, car il faut sauter dans le cinéma du festival, les Nacelles, pour visionner (en compagnie des 7 autres jurés dont je ne peux découvrir que les silhouettes avant extinction de la salle) Avant l'aube, le second film du président du jury qui partagera notre aventure pendant 4 jours, Raphaël Ducoulot. Je reviendrais sur le film dans un billet à part, mais disons d'emblée qu'il m'a énormément plu, et que les critiques élogieuses qui accompagnaient le film à sa sortie en mars 2011 était largement méritées!!! Au générique de fin, je suis en train de pousser un ouf de soulagement silencieux : si je n'avais pas aimé le film, j'aurais été un peu embeté en parlant ensuite à Raphaël, et c'est marrant, c'est exactement ce que me dit - mais à voix haute, lui- mon voisin de fauteuil, qui se présente à moi par la même occasion: Gaël R., 36 ans, de Vienne: cinéphile jusqu'au bout des ongles, presque le même âge ( à quelques mois près), presque le meme département ( à 2 kms près) et aussi sympa que moi:o)...ca fait déja un paquet de points communs, ça, ce festival démarre donc sous les meilleurs auspisses...
20 Heures : Raphael Jacoulot arrive dans la salle pour répondre aux questions des spectateurs qui semblent avoir aimé le film autant que moi...Comme souvent, certaines interventions sont totalement incongrues, mais Raphaël, d'une voix douce mais assurée y répond trés gentiment et très intelligement...Je me dis alors qu'elle s'annonce toujours pas mal du tout, cette belle aventure...
21 Heures : Les organisateurs, surnommé par tout le monde "les 2 Gael", à savoir Gaël Labanti, le directeur artistique du festival et Gaëlle Dumortier (oui, celle que j'avais eu au téléphone le matin, faut dire que c'est pas facile de suivre...ils ont tous le même prénom ou quoi?) nous ceuillent à la sortie du cinéma pour se présenter à nous et nous guider en direction de l'Etape, le lieu de raliement du village du festival, sorte de tente géante décorée façon berbère (chaque année ca change en fonction du thème du festival; cette année, c'est l'aventure, d'où l'ambiance désert). Là, on nous donne à chacun une malette officielle du festival avec dedans le programme de tous les films présentés (même ceux qu'on aura pas le temps de voir, sniff:o) ainsi que plusieurs précieux sésames : le pass spécial membre du jury permettant d'accéder à nos places réservées et une enveloppe contenant tous nos tickets repas et boissons si on veut boire un coup à l'Etape...Histoire de bien me faire remarquer, je fais tomber cette enveloppe, tous les billets volant au pied de mes nouveaux collègues, les mettant ainsi tous à contribution... ils sont très sympas et m'aident à les récupérer, ayant certainement peur que je me retrouve le ventre vide dans 2 jours et que je pique dans leurs assiettes :o)...ce qu'ils ignorent encore, c'est que ce n'est que le début de ma maladresse légendaire et que d'ici la fin du séjour, j'aurais fait tomber 10 fois mon boitier de lunettes, et 5 fois mon bonnet :o)
22heures : Bon,c'est pas tout, ça, mais il est temps de se remplir le bide justement : le restaurant le Dôme, situé juste à coté de l'Etape, nous ouvre ses portes. Le repas est très bon (notamment l'entrée, un excellent feuilleté aux écrevisses), mais, plus que le contenu de mon assiette, je me nourris des premières conversations de mes voisins de tablée. Etonnamment, je me sens bien à l'aise parmi ces gens que je ne connaissais pas du tout il y a deux heures, mais en même temps, on parle presque exclusivement 7ème art, et c'est quand même le sujet qui me me sied le mieux au teint :o). Je commence déjà à percevoir les sensibilités artistiques de mes futurs "contre-argumenteurs". A la fin du repas, les deux stagiaires du festival, prénommées toutes deux Chloé (je pense qu'ils ont fait expres dans lle casting avec les prénoms,pour qu'on s'en souvienne plus facilement) nous donne un document retraçant notre programme des 3 jours heure par heure. Si le nombre de projections prévus me va à ravir (évidemment), je bloque d'emblée sur un détail : un vol en mongolfière prévue le samedi matin très tôt...je commence déjà un peu à blanchir, lorsque, au même moment, Gaël R (pas le directeur, le membre du jury) interpelle une des Chloé pour lui dire que le vol en mongolfière, ca va pas etre possible pour lui, because vertige....Bon, eh ben, ca fait un point commun de plus, là, sauf que lui, il l'assume mieux que le poltron que je suis :o)
Minuit : Le diner touche à sa fin, et au moment de partir découvrir notre hôtel (qui ne se situe pas à Annonay, mais à 15 mns de là), je m'apercois que mes valises sont restées dans la voiture à Nicole qui est partie se coucher...Heureusement qu'une des stagiaires y avait pensé à ma place et les avait mise ailleurs, dans une des salles du théatre, le même qui acceuillera les festivités tout du long...du coup, alors que tous mes confrères sont déjà partis se coucher, je dois patienter, en compagnie de Tiffany Tavernier (qui a le même problème que moi vu qu'on a fait la route ensemble) qu'on trouve la clé de la salle en question... allez, minuit 30, j'ai mes petites affaires, il est temps d'aller se pieuter, une grande overdose filmique se profile dès demain.... et vous savez quoi?....j'ai trop hate, et, excité comme je suis, le sommeil met un sacré temps à se pointer, le salaud !!! (...to be continued)