Au delà: Clint, la mort lui va si mal...
Pour ceux qui bloqueraient sur mon titre, qui sonne un peu comme une annonce nécrologique, je m'excuse de son accroche un peu France Dimanche : aux dernières nouvelles, Clint Eastwood va bien, et n'est passé de vie à trépas dans la nuit.
Je suis un peu provocateur, je le reconnais, d'autant plus que c'est le seul cinéaste qui a eu le privilège de figurer deux fois dans mes coups de griffe du samedi. Après Invictus que j'ai massacré en règle il y a quelques mois ( cf ici), je continue à rattraper en DVD mon retard en films récents Eastwoodien puisque cette semaine, j'ai regardé la cuvée 2011 du Clint annuel, Au-delà, un film qui avait fait chez nous, plus de bruit avant sa sortie qu'après.
En effet, une partie du tournage de ce film a été fait en France, avec des acteurs français, et rien que pour cela, la curiosité était de mise.
Après la vision d'Au-delà, trilogie sur le surnaturel, dont un des volets concerne un couple de journalistes TV français en proie avec le spiritisme depuis qu'ils ont survécus au Tsunami thaillandais pendant leurs vacances, on se prend à regretter que Clint ait eu cette idée saugrenue de tourner en France, tant cette partie est de loin la plus faible du film, et plombe littérallement tout le reste.
Passée la première scène, assez incroyable de prouesse technique où le tsunami est filmé à hauteur d'homme, toutes les situations mettant en scène Cécile de France et Thierry Neuvic ne seront pas loin du ridicules, le pompon étant sans doute les discussions autour d'un livre sur Mitterand que doit rédiger le personnage joué par Cécile de France( qu'a pu comprendre le spectateur américain), ainsi que toutes les scènes se déroulant dans les coulisses d'une émission télévision, qui donnent vraiment un coté cheap à l'ensemble.
Le deuxième volet, mettant aux prises un jeune anglais de 9 ans, confronté au deuil de son frère jumeau, n'est pas beaucoup plus réussi : un peu baclé, pas assez fouillé psychologiquement, elle fait un peu penser à du mauvais Ken Loach.
En revanche, la partie américaine, où l'on suit les affres d'un ancien médium joué par Matt Damon (déja présent dans Invictus) est de loin la plus juste et la plus réussie, avec notamment des scènes de cours de cuisine entre Damon et Bryce Dallas Howard, tendres et malicieuses.
Cela n'empeche malheureusement pas le ratage d'ensemble de l'entreprise, d'autant qu'on a du mal à comprendre le message qu'a voulu véhiculer Clint ( rien ne sert de parler aux morts, les vivants doivent être privilégiés?)...
Le film manque incontestablement de rythme et de passion, et pourtant j'aurais aimé apprécier ce film dont le sujet peut donner lieu à de belles surprises, parmi lesquelles Sixième Sens figue évidemment en tête.
Au vu des derniers films du grand Clint (désolé, je mets Grand Torino dans le lot, n'en déplaise à tous ceux qui le défendent), on ose ésperer qu'il n'ait pas déjà bousculé un peu dans cet au dela, cinématographiquement parlant, évidemment :o)