Madonna est-elle une grande réalisatrice?
Bon, voici l'exemple type de question dont la réponse est incluse dedans....C'est vrai, quoi, si nous, en France, Johnny Halyday ou Francis Cabrel (pour prendre des chanteurs à la notoriété équivalente à Madonna) s'essayait à la mise en scène de fictions cinématographiques , il y aurait pas mal de réticence et d'a priori sur leurs potentiels à tort ou à raison.
Mais aux USA, où il paraitrait, que, contrairement en France, les étiquettes sont plus faciles à décoller pour un artiste, on voit pas mal de chanteurs s'improviser romancier, ou des cinéastes devenir musiciens sans que cela ne semble poser de problème.
Ainsi, une des stars de la pop les plus connues du 20ème et même 21ème siécle, Madonna, s'est improvisée cinéaste depuis deux films, en toute logique, et assez étrangement, au vu de la promotion de ses films, en toute modestie.
Cette immersion dans le milieu du cinoche, elle s'est opérée en toute logique, car Madonna a toujours baigné dans l'univers du 7ème art, notamment en épousant deux personnalités connues du milieu, l'acteur réalisateur ( mon dieu vivant) Sean Penn, et le réalisateur Guy Ritchie ( qui me fait personnellement moins d'effet :o). De plus, les clips de la diva de la pop, ont toujours été, de La isla bonita a Like a prayer d'inspiration éminement cinématographiques, certains étant de vrais petits courts métrages avec une vraie fiction mise en images et en musiques.
Si j'avais raté ses deux premières incursions dans le milieu du cinéma ( la fiction Obscenité et Vertu ,ainsi que le documentaire plaidoyer pour l'Afrique qu'elle n'a pas réalisé mais dont elle est à l'origine: I am because we are), je n'ai pas voulu rater sa dernière en date, et ce, malgré les critiques assassines qui ont accompagné le film, notamment lors de sa présentation au dernier festival de Venise.
C'est ainsi que j'ai pu voir, la veille de sa sortie salles, grâce à Raphaël d'UGC France, W.E, titre qui en fait reprend les initiales de Wallis et Edouard. Ces derniers sont les prénoms des ducs et duchesses de Windsor, dont l'histoire oh combien rocambolesque, avait défrayé la chronique en 1936, date à laquelle le prétendant à la couronne d'Angleterre avait abdiqué par amour pour une américaine délurée et surtout mariée, ce qui avait jeté le discrédit sur toute la royauté.
Cette histoire (que, visiblement, ma chère mère connaissait bien mieux que moi, question dé génération, j'imagine), j'en avais entendu parler pour la toute première fois l'année passée en allant voir au cinéma le très fameux et très oscarisé Discours d'un roi, puisque le roi en question arrivait sur la trône à cause du désistement du Edouard VIII en question, son propre frère. Chez Madonna, le Georges VI du film apparait d'ailleurs bien moins glorieux que joué par Colin Firth: toujours bégue, mais couard et pas bien malin, j'avoue que le décalage peut un peu décontenancer tout ce qui
Mais, par rapport au film de Tom Hopper, la véracité historique n'interesse pas vraiment Madonna: peu lui importe d'établir une reconstitution fidèle aux évènements, l'important pour elle est de faire ressortir de cette histoire l'incroyable souffle romanesque qui en résulte.
Et en ce sens, le pari est réussi : WE est un film à conseiller à tous les romantiques en goguette, Madonna assumant ce potentiel romanesque de l'histoire avec fougue et un véritable talent visuel. La mise en scène nous emporte, grâce à un ravissement indéniable, et formant un tourbillon audiovisuel assez étourdissant, mêlant les images d’archives à ses propres images tournées sous divers supports. Le film livre également une superbe bande son alternant le classique et le moderne, les tubes « vintage » et les musiques planantes du compositeur Abel Korzeniowski.
Certes, cette flamboyance peut parfois être too much et faire penser à une publicité pour un parfum, mais ce n'est pas vraiment par la mise en scène que le film pêche, mais bien par le scénario. En effet, l'intrigue entrecroise le destin de Wallis Simpson et d'Edward VIII avec un personnage fictif vivant dans les années 1990 et obsédée par cette romance historique. Hélas, ce mélange entre les deux parties ne fonctionne pas vraiment, l'histoire contemporaine trop faiblarde (et flirtant avec le roman photo), et servie par des personnages trop caricaturaux ne fait pas office pas de contrepoint attendu.
Bref, alors que Madonna a pourtant traité un sujet qui visiblement la passionne, il est fort dommage qu'elle n'ait pas soigné le scénario, le gros talon d'achille de ce W.E, toutefois pas aussi désastreux qu'on ait bien pu le dire.