Trust: Ross gagne ses galons de cinéaste
Sorti en tout début d'année, un film avait piqué ma curiosité, à tel point que j'en avais parlé dans ma sélection de la semaine du 18 janvier. Jugez en plutôt vous même : un film réalisé par David Schwimmer, alias Ross dans Friends, et qui traite d'un sujet supra casse gueule : les risques de pédophilie liées à internet, ca vous titillerait pas un peu non plus, non?.
Je suis obligé de préciser immédiatement le statut du réalisateur car on peut affirmer sans se tromper que,jusqu'au restant de sa vie, et quoiqu'il ait prévu de faire dans les années qui lui restent, David Schwimmer sera marqué au fer rouge par son rôle de Ross, l’un des 6 protagonistes de Friends, cette série culte pour toute une génération (dont je fais partie), mais peu de gens savent qu’il est réalisateur depuis longtemps, et qu'il a notamment réalisé un certain nombre d’épisodes de la série.
Des 6 acteurs de la série, David Schwimmer est peut être celui qui a la carrière post friends la plus ambitieuse, puisqu'il a continué à suivre cette voie de la réalisation, et après un premier essai plutôt remarqué, Cours Denis, Cours, comédie anglaise un peu déjantée avec le bien barré acteur britannique Simon Pegg, a voulu prendre comme sujet de son second film un sujet bien contemporain, mais encore tabou, la pédophilie sur Internet.
N'ayant finalement pas pu voir le film en salles (car, malheureusement,et je le répète, je n'arrive pas à voir les 3 films que je cite chaque semaine, si j'en vois au moins un, c'est déjà pas mal), je n'ai pas hésité à le choisir parmi la liste des nouveaux DVD à chroniquer avec Cinétrafic, le DVD étant sorti récemment, soit le 22 mai et distribué par la Metropolitan Filmexport”.
Et même si les critiques lors de sa sortie étaient étonnamment bonnes, je dois dire que j'ai quand même été surpris par la qualité d'ensemble du film, tant je n'imaginais pas David Schwimmer cinéaste aussi doué.
Les premières images du film imposent déjà un procédé quelque peu singulier (même si j'aurais la surprise de le revoir dans un autre film vu juste après celui ci, au cinéma, Adieu Berthe) : on voit apparaître en « surimpression » les textos et autres discussions virtuelles qu’entretient Annie, adolescente de 14 ans avec ses interlocuteurs virtuels. La méthode sera reprise plusieurs fois tout le long du film, mais sans que cela soit trop répétitif.
Et la suite du film continue de surprendre : alors qu'on peut s'attendre à avoir un énième film de vengeance musclé à la Charles Bronson où un père part à la poursuite des agresseurs de sa fille, le film va prendre, la plupart du temps, une autre vie, bien plus interessante, en axant sa cible sur les relations familiales et les conséquences désastreuses qu'une telle tragédie peut avoir sur chacun de ses membres. D'ailleurs, lorsque, dans la dernière partie du film, Trust a tendance à suivre le cheminement du père et de son envie de retrouver à tout prix le pédophile (avec un Clive Owen qui en fait un peu trop dans le style machoire sérrée et sourcil froncé), il perd sensiblement de sa force et de sa sensibilité.
Mais la grande majorité du temps, David Schwimmer réussit très brillamment à capturer des instants précieux, de ceux qui toujours sonnent juste, et qui nous permettent d'entrer dans l'intimité d'une famille déchirée qui tente tant bien que mal de se reconstruire autour de leur fille.
Cette subtilité et cette sensibilité sont incarnées par le soin dans l'écriture accordé au personnage d'Annie, jamais sacrifié, et dont on suit avec vraie passion l'évolution, puisque ce n'est que vers la fin du film qu'elle comprendra qu'elle a bien été victime d'un viol, ce qu'elle avait nié jusqu'à présent ( très belles scènes de thérapies, avec la formidable Viola Davis en psychotérapeute compréhensive et humaine). Et ce beau personnage de jeune fille comme on en voit rarement dans le cinéma US mainstrean, est formidablement servi par l'exceeptionnelle interprétation de la jeune Liana Liberato, jeune comédienne totalement inconnue et qui s'est totalement investi dans un rôle si difficile.
La fin, qui refuse totalement de suivre la voie du thriller et de la résolution trop facile, touche énormément et contribue à faire de ce film une oeuvre fine et intelligente, alors même qu'on aurait pu craindre une oeuvre didactique et manichéenne à la Dossier de L'écran.
Et d'ailleurs, je suis prêt à parier que son absence de dictactisme, n'empechera pas, bien au contraire, le film d'aider à ouvrir un dialogue sur Internet et ses dangers, après la projection, entre les parents et leurs adolescents , comme le souhaite David Schwimmer, dans l'interessant making off qui fait partie du bonus du DVD.
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