Lou Doillon est-elle la grande chanteuse que tout le monde prétend???
Si, comme moi, vous etes fana de presse écrite, vous avez sans doute remarqué qu'une artiste trustait toutes les couvertures de ce début de rentrée : Lou Doillon, fille de (et soeur de), qu'on avait un peu oublié après un début de carrière d'actrice météorite dans les années 90, et qui fait un retour plus que remarqué cette rentrée dans la musique, avec son premier album, Places.
Des Inrocks au Parisien, la presse dans sa grande diversité a loué "une véritable révélation musicale à la voix bluffante".
Contrairement à Mélanie Laurent, autre actrice qui a aussi son lot de détracteurs (bon promis, je n'en parlerais pas plus aujourd'hui), l'album de Miss Doillon fut donc accueilli très positivement, à part un ou deux mauvais coucheur (comme Libération, qui dans son portrait de dernière page, l'a assassiné dans les grandes largueurs),
J'avoue que ce concert de louanges m'intriguait au plus haut point, car j'étais parmi ceux que Lou Doillon agaçait par son coté poseur et dont les talents d'actrices ne m'avait jamais convaincu (contrairement à Mel....ah zut, j'ai failli rompre ma promesse :o).
J'ai eu envie de voir cet accueil de princesse était réellement justifié, ou si les a priori positifs que Lou Doillon récoltaient étaient plutot dûs en partie à son appartenance à sa sphère familiale (son père Jacques Doillon, sa mère Jane Birkin, sa frangine Charlotte Gainsbourg, et surtout le grand Serge ,qui veille de la haut sur les filles de sa famille) dans laquelle elle baigne...
Grâce à Aurore (merci beaucoup à toi) de Barclay, j'ai eu la chance d'écouter ce disque dès sa sortie, et également de pouvoir inaugurer ma nouvelle chaine HI FI flambant neuf, cadeau de mon récent anniversaire.
Cet album, comme on l'a lu un peu partout, doit visiblement beaucoup à Etienne Daho, qui l'a produit et arrangé de long en large. La production de Daho, classieuse et internationale, met parfaitement en valeur le talent de Lou.
Il faut dire que ce dernier a visiblement réussi à prendre en compte les désirs les plus intimes de Lou Doillon. Son premier est d'était de le faire en langue anglaise, car selon la mademoiselle, évidemment parfaitement bilingue, «tout ce qui est de l'ordre des vacances, de la joie, de l'intime et de la tristesse, je l'exprime en anglais, le français etant presque une langue administrative, pour moi".
L'album commence par le single qu'on entendu un peu partout sur les ondes depuis deux mois, ICU, et qui, d'emblée pose parfaitement le style de la chanteuse, style effectivement assez éloigné de ce à quoi on s'attendait. Le plus surprenant est cette voix à laquelle les Birkin, mère et fille, ne nous avaient pas habituées : le timbre est grave, voilé, rauque, presque cabossé, jamais chuchoté (comme aime tant le faire "Djeine") et laisse entendre des félures. De plus, son débit, mi parlé mi chanté, achève de nous amèner sur des contrées assez inattendues, entre Patti Smith, Marianne Faithfull, et pour des références plus récentes Suzanne Vega.
Entre parlé et chanté, Places est un album envoûtant, presque hyptonique, et qui nous entraine loin dans l’intimité de la demoiselle.
Cet ICU est pour moi le titre le plus fort de l'album, et il est fort logique qu'il soit le single lancant l'album, mais en ce qui concerne les 10 autres, il faut reconnaitre qu'un certain nombre de morceaux retiennent fortement l'attention et frappent par la belle mélancolie sous jacente des mélodies et des textes (enfin ceux que j'ai pu comprendre). Des paroles universelles et romantiques qui en disent long sur leur auteur, ses failles, ses blessures, ses désirs et ses angoisses.
La musique, dépouillée, navigue entre folk, pop et parfois, ici et là, quelques détails pourraient nous faire penser à de la soul, notamment dans les cuivres.
A part le titre d'ouverture, j'ai plus particulièrement remarqué " Devil or angel", "Jealousy"," Questions and answers", mais il faut reconnaitre que l'ensemble de l'album est des plus agréables à écouter.
Ainsi, s'il n'est sans doute pas l'album du siècle, ni même sans doute celui de l'année, je comprends parfaitement l'engouement des journalistes à son sujet et, en ce qui me concerne,une bonne partie de mes digues de résistance à l'égard de Lou ont bien cédées....Bon, je vous rassure, elle est encore loin de détroner qui vous savez....