Rentrée littéraire de janvier : deux lectures, deux déceptions...
Même si je n'ai pas totalement fini (loin de là ) de lire toutes les parutions de la rentrée littéraire de septembre, j'ai commencé à me plonger dans celles de la rentrée de janvier 2013.
Cette rentrée est certes moins prolifique que celle de septembre (100 romans environ), mais qui recèle aussi, d'après ce que j'ai pu lire dans le presse, d'un certain nombre de belles découvertes.
Ce n'est pas forcément le cas de ces deux livres dont je vous parle ci dessous, et qui m'ont un peu déçu par rapport aux attentes que j' en avais .
Le premier, l'Equipe anglaise, édité chez Fayard, est le second roman du jeune Kylian Arthur ( 25 ans). Ce jeune auteur, pour son second roman, nous livre un récit qui semble bien autobiographique, puisqu'il a pris dans ses souvenirs de jeune cadre financier français venu tenter sa chance à Londres, au sein de la City.
Alors que l’Amérique s’efforce d’oublier le 11 Septembre, Londres savoure encore l’ignorance de sa propre tragédie. C’est une ville aux mille fêtes, aux mille passeports, aux mille possibles. Le narrateur est français, il a 24 ans. Avec ses trois colocataires, il nous entraîne au coeur de la vie d’expatrié, où liberté rime avec insouciance, avenir avec espoir, amour avec conquêtes d’un soir.
Ce livre est donc le récit déstructuré et pas vraiment chronologiques des aventures d’un jeune français embauché à la City chez Lehmann Brothers, qui vit en colocation avec une bande d’hurluberlus et qui se demande s’il ne ferait pas mieux de devenir écrivain.
Même si au départ je n'ai pas forcément une grande empathie pour ces jeunes financiers fils à papa qui partent conquérir Londres, j'aurais pu tout à faire vaincre mes rétiences, au film de ma lecture, si l'auteur prenait peine de nous trousser de vrais personnages et une vraie narration digne de ce nom, un peu comme les chroniques cinématographiques de Cédric Kaplish sur Euramus, à qui cette équipe anglaise fait parfois penser.
Mais hélas, trois fois hélas, ce roman n'est rien d'autre qu'une simple enfilade de chroniques plus ou moins interessantes ( plutot moins que plus d'ailleurs) et plus ou moins ( plutot moins que plus aussi :o)) sympathiques sur la vie d’expatrié.
L'écriture de Kylian Arthur est désinvolte, parsemé certes d'un certain humour ici et là, bref un peu à l'anglaise, but certainement avoué de l'auteur.
Mais ce détachement permanent laisse plutot entrevoir un certain je m'en foutisme qui du coup, empeche totalement qu'on adhère à cette histoire. Histoire, qui, au demeurant, est tellement courte et vaine qu'on l'oublie aussitot aprés l'avoir lue...
Contrairement à l'équipe anglaise dont l'auteur m'était totalement inconnu, j'attendais mon second roman de ma chronique du jour, l'espoir cette tragédie, avec énormémement impatience car je connaissais le romancier Salomon Auslander pour avoir été séduit comme tant d'autres lecteurs par ses lamentations du prépuce qui n'était pas un roman, mais un récit autobiographique de sa vision de la judaicité.
Profondément original, déroutant et surtout presque constamment hilarant, ce livre très attachant m'avait fait entrer avec délice dans l'univers de ce juif new yorkais, à l'humour proche comme beaucoup l'avaient fait remarquer à l'époque , d'un Woody Allen, et j'attendais donc avec grande impatience ses prochains écrits.
Deux ans aprés son carton, il revient en ce début d'année 2013 avec un livre tout aussi encensé par la critique et qui s'appelle l'espoir cette tragédie,
Contrairement à son précédent, il ne s'agit plus d'une autobiographie mais bien d'une fiction. L’histoire, complétement farfelue, est en effet celle d’un homme obsédé par la mort et juif qui découvre, après avoir acheté une ferme où il s’est installé avec sa femme, son fils et sa mère (qui lui en font voir de toutes les couleurs), qu’Anne Franck en personne, vit dans son grenier.
On voit bien que le propos d'Auslander est extremement ambitieux : réussir dans une fiction à portée humoristique, à parler de thèmes très profonds et très intelligents (la légitimité de l'art après l'Holocauste, le devoir de mémoire et les ravages causés dans le monde par le nazisme).
Le livre commence d'ailleurs très fort : l'esprit du premier livre est présent, à savoir ce style corrosif, percutant et surtout vraiment drole, entre Allen donc mais également une pincée de Philip Roth, mais en plus barré, séduit toujours au départ, mais, malheureusement le charme n'opère plus passé les 100 premières pages.
On a l'impression qu' Auslander ne sait plus par quel bout prendre son histoire et du coup verse dans le grotesque et même le ridicule et du coup, l'humour cinglant du début semble vain et artificiel.
Dès lors, on ne croit plus vraiment à sa farce et au potentiel comique de son histoire... A force d'aborder un sujet vraiment brulant, Shalom Auslander semble s'y être un peu brulé les doigts et s'y être emmelé les pinceaux...
Visiblement, l'autobiographie lui sied mieux que la fiction, mais on attendra peut être sa nouvelle tentative de roman, avant se prononcer totalement.