Revue de DVD spécial cinéma français : Marguerite et Julien, Arrête ton cinéma, La fille du Patron
Trois DVD de films français sur le grill de nos chroniques spécial sorties DVD du mois de mai.. et un seul vraiment convaincant, et pas le réalisateur le plus connu des trois :
1. Marguerite et Julien ( Wild Side- sortie 6 avril 2016)
Projet à la base destiné à François Truffaut pour lequel le scénariste Jean Gruault avait rédigé un scénario en 1973, Marguerite et Julien était très attendu pour le retour en compétition officielle l’an passé de Valérie Donzelli après l’acclamé La guerre est déclarée,
Malheureusement- comme pour Sean Penn cette année, cette projection à Cannes fut des plus houleuses, le film de Valérie Donzelli étant dans l’ensemble assez critiqué et laissant un peu tout le monde dans l’expectative
Marguerite et Julien traitait un sujet pour le moins délicat : l’histoire véridique de l’indéfectible amour d’un frère et d’une sœur dans un 17ème siècle moralement étriqué en s’inspirant des réels frère et sœur Marguerite et Julien de Ravalet, décapités en 1603 pour inceste et adultère. . Leur amour deviendra illégitime, interdit car honteux.
On aurait aimé adorer cette histoires d'amour impossible cruelle et déchirante, malheureusement, malgré quelques audaces de mise en scène (anachronismes, emprunts au Peau d’Âne de Jacques Demy, arrêts sur image, scènes qui se figent et s'animent,), l’ensemble ne fonctionne pas vraiment dans cette passion que l'on aurait aimé fiévreuse et qu’on regarde avec un intérêt poli
Il faut dire que le casting ne convainc pas : Jérémie Elkaim a du mal à correspondre au personnage et semble peu concerné par le film. Et même mon adorable Anaïs Demoustier, a du mal à convaincre et surtout, Donzelli n’arrive jamais à trouver le ton idéal pour traiter son histoire, à la fois trop légère et aérienne pour un tel sujet…dommage…
"Marguerite et Julien" : bande-annonce
2.Arrête ton cinéma, Diane Kuris (sortie DVD BAC films 17 mai)
Après plusieurs autres romans plus ou moins éloignés du milieu qu'elle connait le mieux, Sylvie Testud profite de son 5ème livre pour revenir à ses premiers amours dans un roman intitulé C’est le métier qui rentre, publié en 2014.
Sybille, son héroïne, actrice qui lui ressemble sur bien des points (elle a commencé à jouer en Allemagne, elle a deux enfants et un compagnon en dehors du milieu...) est un jour contactée par des producteurs, un frère et une sœur, Gundrund et Blaise, des tyrans au nom prédestinés de "Ceaucescou", afin de signer un contrat sur le scénario qu'elle a écrit.
J’avais déjà trouvé le livre trop « croquignolesque », et estimé que e trait est trop gros pour qu'on suive cette histoire avec autre chose qu'une distance parfois amusée. Mais l’adaptation de Diane Kuris, qui étonnamment a préféré appuyer encore plus le trait, au lieu de nuancer le propos est hélas bien pire que le roman original
Sa volonté de passer de l’ironie présente dans le roman au vaudeville bien lourd est une idée hélas peu inspirée, et le film se traine péniblement, avec des comédiennes soient qui en font des caisses (. Balasko et Zabou notamment), soit qui n’ont rien à jouer ( le pauvre Fred Testot dans le rôle du personnage du mari, bien plus terne que dans le roman) .
Une version dénaturée et caricaturée qu’on regarde avec d’autant plus d’amertume que récemment la géniale série 10% sur France 2 traitait du même sujet mais avec bien plus de finesse et surtout d'humour et également des personnages bien plus complexes et attachants que dans cette pochade à oublier…
ARRETE TON CINEMA ! - Bande-annonce VF
3 La fille du patron, sortie DVD Wild Side le 6 mai
Sorti, en DVD le 6 mai dernier de la Fille du patron, premier film réalisé par le comédien Olivier Loustau qui était une des belle surprise de ce début d’année 2016 et j’avais eu la chance grâce au cinéma le Comoedia qui m'avait invité à l'avant première de poser quelques questions au cinéaste
Connu du grand public essentiellement en tant que comédien, notamment chez Abdellatif Kechiche avec qui il a déjà tourné quatre fois, Olivier Loustau a choisi comme cadre de son premier long métrage un décor, et même une toile de fond qui a des résonnances personnelles avec sa propre histoire.
Fils d’ouvrier, il a en effet choisi de situer l’intrigue de son premier long métrage au sein d’une usine de textile dans laquelle une jeune femme, et accessoirement la fille du patron de l’usine comme le titre l’indique va faire un stage d’ergonomie dans une entreprise en proie à de grandes mutations.
Car on sent que Loustau a soigné particulièrement l’écriture de votre scénario, évitant le manichéisme des situations et des personnages, notamment celui de la femme de Vital qui n’est jamais chargé et à laquelle la trop rare Florence Thomassin offre sa finesse de jeu et sa personnalité. Outre Thomassin, le film offre à d’autres acteurs phares cinéma français des années 90 et un peu oublié aujourd’hui, comme Stéphane Rideau, Florence Thomassin ou Moussa Maaskri,… un peu sous-estimés par le cinéma français d’aujourd’hui un joli retour en force.
On sent que Loustau, plus second rôle que premier aime les acteurs, a fortiori secondaires et leur offre de beaux personnages.
Mélange de chronique sociale à Ken Loach empruntant pas mal de référence à Kechiche et Cantet déjà citées, la Fille du patron a aussi à avoir avec le cinéma néoréaliste italien, Scola ou de Risi, particulièrement dans sa manière de traiter avec pas mal d’humour et de bonne humeur des sujets graves…
"La fille du patron", une plongée dans le monde ouvrier
Dans les bonus du DVD, on note d'interessantes scènes coupées, plutôt intéressantes et qui complètent bien le métrage, une interview de son auteur aussi convaincant que dans mon itw :o) et surtout un court métrage Face à la mer d qui se déroule situe dans le milieu des pêcheurs mais qui prouve la cohérence du travail de Loustau et la filiation évidente avec le cinéma de Kechiche…