Jerry Lewis, clown rebelle (Bande-annonce) from FRENCH CONNECTION FILMS on Vimeo.
Le festival Lumière, qui entre dans ses derniers jours, présente, outre d'autres atouts indéniables, l'incroyable avantage de mettre en avant des auteurs ou cinéastes qui ont tendance à tomber dans un anonymat qui semble hélas assez inévitable à une époque où les célébrités se font et défont à la vitesse d'une comète éclair.
C'est notamment le cas d'un artiste américain qui était très reconnu dans ma jeunesse et qui malheureusement ne semble plus du tout être appréhendé comme il se doit par les jeunes générations. et pourtant, Jerry Lewis, puisque c'est de lui qui s'agit est un acteur cinéaste absolument fabuleux comme le montre le documentaire biographique « Jerry Lewis, clown rebelle » que le réalisateur documentariste Gregory Monro a présenté lors du festival Lumière lundi dernier.
Un réalisateur que j'ai eu la chance d'interroger par téléphone le lendemain de cette projection ( voir photo) et qui m'a alors raconté la génèse de son projet.
Au départ il y a surtout une volonté de réhabiliter l'image d'un artiste, qui a toujours été défendu par la france- qui l'ont toujours considéré comme un auteur, contrairement aux américains qui ont eu tendance à ne voir que le clown ,puis, depuis ces dernières décennies, même un animateur de TV; Jerry Lewis étant très impliqué par le Téléthon qu'il présente depuis de nombreuses années- il a même été le parrain en france de la pemière émission en 1987.
Pour le cinéaste français, si il n'existe pas beaucoup de documentaires sur Jerry, ceux venant d’un point de vue Européen se font encore plus rare d'autant que l'objectif de grégory Monro était très clair celui de "prendre du recul, essayer d’être plus critique et tenter de comprendre ce que peut endurer un comique incompris dans son propre pays et ne pas faire une hagiographie où les collègues ne font que chanter les louanges de l'acteur . »
Le film comprend des interviews inédites de personnalités et d’experts, incluant l’acteur et comédien Sean Hayes (qui a joué le rôle de Lewis en 2006 dans le téléfilm « Martin et Lewis »), l’acteur français et son ami proche Pierre Etaix, son imitateur célèbre Tony Lewis, le critique de film réputé Jonathan Rosenbaum, l’historien du cinéma Ted Okuda (auteur de « The Jerry Lewis Films ») et le réalisateur Martin Scorsese (qui a travaillé avec Jerry en 1982 sur « La valse des pantins »).
Mais alors que la grande majorité des Américains ne voient en lui que le clown, les Européens et plus particulièrement les Français- qui ont réussi pour le coup à réconcilier Positif et les Cahiers du Cinéma qui l'ont défendu de concert- le considèrent comme un auteur à part entière qui collait parfaitement à l'esprit Nouvelle Vague de l'époque .
Si Lewis est si incompris dans son pays natal, c'est sans doute parce qu'il s’est évertué à bousculer les conventions et à aller dans l'excès , beaucoup plus que chaplin ou stan laurel ses modèles avérés.
Pourtant, Lewis a innové en inventant une nouvelle méthode de tournage, et sa vision du monde et du genre humain le placent bien plus qu'un simple clown car comme il est dit dans le film, derrière tout acteur comique se cachent des souffrances et des douleurs et cellesde Jerry Lewis sont indubitables.
cependant, le film de monroe ne verse pas dans la psychologie de bazar, s'arretant très peu sur sa vie privée, préférant se focaliser sur sa carrière exceptionnelle et si difficile à résumer en à peine une heure- c'est vrai que le film aurait pu durer 30 minutes de plus mais j'imagine que le format était obligé-.
De son duo légendaire avec le crooner Dean Martin, à son incroyable popularité internationale, sans oublier sa grande histoire d'amour avec l'art du cinéma. Par le biais d'archives rares, d'extraits de films et de témoignages d'amis, de critiques de cinéma et d'artistes comme Sean Hayes, Tony Lewis, Jonathan Rosenbaum ou encore Martin Scorsese, Gregory Monro invite le spectateur à redécouvrir le parcours hors du commun de ce clown souvent incompris et trop vite réduit à ses grimaces et cabotinages dont il a sans doute un peu trop abusé...
Jerry Lewis clown rebelle revient longuement duo légendaire avec le crooner Dean Martin, et avec qui il tourna 13 films, ce qui a fait beaucoup pour son incroyable popularité internationale, sans oublier sa grande histoire d’amour avec la caméra, comme il l'avoue dans l'itw exceptionnelle qu'il a donné à gregory monroe, une itw formidable d'émotion et d'empathie- basé autour de photos d'archives dévoilées devant jerry , ce qui était une toute première pour lui et qui cloture en beauté ce film passionnant sur un artiste qui l'est tout autant.
:On y voit de longs extraits de films, notamment son film le plus célèbre « Dr. Jerry et Mister Love », dans lequel il tient un double rôle, il y donne une véritable prestation de comédien.
Grégory Monro se consacre à la carrière de Jerry Lewis et les nombreux extraits de films démontrent quel génie comique il était.
Comme le dit si bien Jerry Lewis dans le documentaire : "10 000 personnes peuvent jouer Shakespeare dans le monde... et seulement 10 peuvent faire rire". Ce sempiternel et récurrent débat entre drame et comédie que l'on rencontre évidemment aussi bien en France ( avec notamment Louis de Funes, sur lequel Grégory Monro a également fait un film dessus) est un des sujets principaux de ce film.
Le bras d'honneur que Jerry lewis lance à la fin du film à l'intention de cette critique institutionnalisée qui l'a tant boudé est à la fois touchant et un peu amer, et ce n'est que depuis quelques années que Lewis est consacré par Hollywood qui le couvre de récompenses, pour un artiste qui est sans doute ’un des comiques les plus influents de notre époque.
Un fait que ce très beau film Jerry Lewis, clown rebelle montre parfaitement, et on est heureux que Gregory Monro et le Festival Lumière aient profité de l'occasion pour lui rendre ce vibrant et poignant hommage, l'année de ses 90 ans, en espérant une belle retrospective qui sait, l'année de ses 100 ans...