Festival du Premier film d'Annonay: retour sur la terre promise 5 ans après
Il y a maintenant de cela 5 ans (mon dieu comme le temps passe), j'avais eu l'immense chance d'avoir été sélectionné parmi plusieurs centaines de candidats pour faire partie d'un jury chargé de récompenser des premiers longs métrages venus de toute la planète, lors de la 29ème édition du Festival D'annonay.
Ce fut une experience tellement passionnante et enrichissante que j'avais pris de longues heures et pas moins de 4 billets pour vous la raconter dans le menu détail.
Je n'avais pas encore eu l'occasion de revenir sur les lieux de ce magnifique moment, et j'ai donc attendu 2017 et la nouvelle édition , 34ème du nom ( bravo à ceux qui suivent) pour y remettre les pieds le week end dernier.
Accompagné de mon fidèle comparse Michel j'ai ainsi pu humer l'air de la ville, un air nettement moins froid qu'en 2012 -( où le thermomètre affichait jusqu'à moins 20), mais toujours un peu sec de cette Ardèche où le ciel est un peu grincheux ( sauf sur cette photo prise à notre arrivée, mettant en avant les frères Montgolfier et leur invention portant leur nom, fier emblème de la ville), mais le coeur des gens extrêmement chaleureux.
Un retour évidemment dans la peau de simple spectateurs puisqu'il est normal (quoique :o) que je laisse ma place de jury à d'autres cinéphiles passionnés ; des membres de jury qui doivent d'ailleurs commencer dès ce jeudi 9 février, sous la présidence de Safy Nebbou, à voir les films sélectionnés en compétition.
Des films en compétition, qui sont parfois sans distributeur attribué, et que j'ai eu la chance de voir pour partie dès le week end dernier puisqu'il ont été projetés avant l'arrivée du Jury, le festival se déroulant sur une dizaine de jours ( comme Cannes) pour permettre à tout le monde de bien en profiter de façon étalonnée..
Du coup c'est un peu le contraire de ce qui se passe avec le Festival de Cannes ( toutes proportions gardées, of course) : le premier week end de début de festival, il n'y pas forcément d'embouteillage au niveau du public et des équipes de films.
En effet, le plus gros du festival, en terme d'évenements et d'affluence, est souvent concentré sur la dernière paire de jours, celle que j'avais testée il y a 5 ans, et j'ai pu voir la différence par rapport aux files d'attentes peu remplies devant les trois salles qui projetaient les films (en même temps il y a 5 ans comme j'étais un tout petit peu privilégié, j'avais pas attendu du tout :o)..
Mais Annonay, ce ne sont pas que des films en compétition en recherche de distributeur, ce sont aussi des films hors compétitions :soit des premiers films français projetés en avant première plutôt attendus, soit des premiers films internationaux sortis récemment et qui sont de bonne qualité.
Le week end dernier, plus que les films en compétition, c'étaient les jeunes talents du cinéma français qui étaient mis à l'honneur avec une belle brochette d'une dizaine de jeunes comédiens, et même très jeunes comédiens reperés dans quelques films marquants de 2016-2017, de Nocturama à Juillet Aout en passant par le formidable "Irréprochable".
Ayant déjà vu une bonne partie de ces films, je me suis donc plus rebattu naturellement vers les avant premières ou films en question et si je vais délibérement zapper le premier film que j'ai vu à peine arrivé sur les terrres ardéchoises ( The Open, une fable apocalytico-tennistique particulièrement indigeste et mal jouée présentée pourtant en compétition), je présenterais les 6 autres films vus le week end dernier et reviendrais évidemment sur une bonne partie d'entre eux prochainement :
Je commencerais ma petite revue de films sans doute par le choc de ce festival, un film qui génère de plus en plus de bruit depuis maintenant plusieurs mois et sa présentation l'an passé à Cannes lors de la semaine de la critique: Grave.
Premier long-métrage de Julia Ducournau, ce film de genre français présenté en séance de minuit devant une cinquantaine de spectateurs assez sidéré par cette audace formelle et visuelle mérite amplement son succès qui devait se concrétiser lors de sa sortie le 15 mars prochain.
Gaël Labanti, élégué général du festival, nous a présenté le film en insistant sur le fait qu'au récent Festival de Toronto, des spectateurs n’auraient pas supportés certaines scènes et auraient tournés de l'oeil.
Saans aller jusque là ( quel homme résistant je suis:o), il est évident que GRAVE est une expérience sensorielle , située quelque part entre les films de Claire Denis (Trouble Every Day), Marina Van (Dans ma peau) et les premiers films de Cronenberg, et devant lequel il semble difficile de rester indifférent
Audacieux et fort maitrisé mélange entre teen-movie, film cannibale et humour noir, Grave détonne assurément dans le paysage cinématographique français et on n'a assurément pas fini d'en parler..
GRAVE Bande Annonce (Film d'Horreur Français - 2017)
Juste avant Grave, par un petit hasard de la programmation, j'avais rattrapé The Fits, un film sorti en salles en janvier dernier, et qui traite d'un sujet finalement assez proche mais de façon évidemment totalement différente: la difficulté pour une jeune fille d'entrer dans l'âge adulte et le parrallèle entre mutation du corps, désir sexuel et phénomène proche du surnaturel.
Réalisé par l'américaine Anna Rose Holmer, The Fits a fait sensation lors des festivals de Sundance et Deauville s'avère être une proposition cinématographique assez radicale qui déconcerte plus qu'elle ne séduit totalement( les spectateurs semblaient plus que perplexes à la sortie) , mais dont la maitrise cinématographique est assez bluffante.
THE FITS - BANDE ANNONCE OFFICIELLE VOSTF
Rien à voir par contre pour le premier film israélien Une semaine et un jour, vu aussi en première journée et qui était sorti en salles de façon hélas beaucoup trop confidentielle en décembre dernier ( pas sûr que le mois de décembre soit idéal pour ce genre de films, mais passons)....
Une comédie douce amère étonnante et épatante qui nous fait découvrir un couple d'âge moyen 7 et 8 jours après la mort de leur fils unique, dans la tradition du “shiv’ha” (la période de deuil officielle du judaïsme).
Surprenant, drôle, surréaliste, touchant, et incroyablement poétique, le film évite totalement le pathos et le larmoyant pour aborder des sujets profonds et terribles sur un ton décalé et souvent fort drôle...
UNE SEMAINE ET UN JOUR Bande Annonce (Israël - 2016)
On reviendra aussi prochainement sur le film les Derniers Parisiens , que le cinéaste Hamé Ekoué du groupe de rap bien connu de La Rumeur est venu présenter le dimanche après midi, en compagnie de l'acteur ô combien charismatique- mais peu loaquace- du Prophète et de Rengaine Slimane Dazi.
Une oeuvre mélancolique et habitée qui a pour décor central le quartier de Pigalle, pas le Pigalle d'aujourd'hui un peu standardisé, mais le Pigalle très empreint des années 90/ 2000 qui n’existe plus vraiment et réincarné le temps d’un film pas toujours très abouti et un peu confus, mais au charme certain..
Bande-annonce des Derniers parisiens, avec Reda Kateb.
Un quartier de Pigalle, qui étonnamment est aussi le décor principal (mais pas exclusif comme dans le film de la Rumeur) du premier long-métrage de Lidia Leber Terki "Paris la Blanche" présenté lui en compétition.
Un joli film- qui n'évite pas toujours le déjà vu et quelques maladresses- qui aborde les thèmes du déracinement de la perte d'identité et de la question des Chibanis qui sont restés 45 ans en France et qui ont du mal à revenir à leur vie d'origine avec retenue, sensbilité et délicatesse.
PARIS LA BLANCHE Bande Annonce (Film Français - 2017)
Enfin, quelques mots sur un autre film en compétition ( qu'on pourrait parfaitement retrouver au Palmarès dimanche soir, d'autant plus qu'il a tour rafflé au festival Premier Plans d'Angers), le film islandais Heartstone du cinéaste Gudmundur Arnar Gudmundsson.
Heartstone - Official Trailer