Visages, Villages : le formidable pied de nez à la vieillesse de Varda et JR!!
Un jour, dans un avion qui m'amenait au Festival de Cannes ( j'avais gagné à un quizz cinéma d'une revue dont je tairais le nom un séjour de rêve sur la croisette), je me suis retrouvé avec Agnès Varda, à mes cotés. Lorsque je suis arrivé à ma place, j'ai vu qu' elle avait beaucoup de mal à mettre son sac à main dans la cabine de l'avion ( ce n'est pas la plus grande en taille de nos cinéastes) et bien qu'elle ne me l'a pas demandé particulièrement gentiment, je n'ai pas hésité un seul instant à lui filer un coup de main..
Forcément, un cinéphile ne peut oublier Cléo de 5 à 7" "Sans toit ni loi" (1985),"Jacquot de Nantes" (1991) ou "Les glaneurs et le glaneuse" (2000), qui était d'ailleurs son dernier grand film à ce jour avant le formidable Visages Villages.
Ce nouveau long métrage, qui sort en salles le 28 juin Michel a eu la chance de voir la semaine passée au cinéma Comoedia dans le cadre du festival Première vague qui présente en avant première les films projetés sur la croisette.
Présenté hors-compétition à Cannes (il faut savoir que Madame Varda a toujours détesté les compétitions), l'épatant Visages Villages s'avère être un documentaire formidable et surtout un formidable pied de nez à la vieillesse.
Il faut voir à quel point on prend du plaisir à voir Mademoiselle Varda musarder et baguenauder, accompagnée du facétieux JR et à quel point ils réussissent à unir leurs immenses talents pour filmer un bien beau pays et photographier de bien belles personnes.
Partis à la rencontre des habitants de la France rurale, avec peu de moyens financiers et matériels ( à part leur petite camionnette et pas mal d'abéngation et de motivation), nos deux compères sillonnent la France de colline en clocher, d’usine en boutique, à travers la mémoire des ouvriers et des agriculteurs, et à la conquête des villages, afin d'immortaliser les visages de ces anonynmes qui les peuplent sans les emporter.
Un road movie documentaire au cœur de la France dite profonde, qui nous conduit des corons du Nord à la Normandie, en passant par une usine des Alpes du Sud où se mélange autofiction, amitié improbable, street art et surtout le regard plein de tendresse et de bienvaillance de nos deux artistes humanistes, au travers de toutes les rencontres suscitées par leur projet commun.
Entre raillerie et émotion, la complicité jaillissant des deux artistes qui ont en commun le même amour pour les gens et la même passion pour leur arts respectifs participe grandement à l’immense plaisir que l’on prend à voir ce film apaisant bercé par la douce et émouvante musique de Mathieu Chédid, le fameux M!
Ce film euphorisant et revigorant nous réserve en sus un vrai suspens( Agnès et JR réussiront t - ils à trouver Jean Luc Godard à la fin du film ( un suspens que nous n'éventrons évidemment pas :o) )..
La grande salle 1 du Comoedia était presque pleine le mercredi soir de la projection du film ( ce qui ne fut hélas pas le cas des autres films présentés lors du festival Première vague sur laquelle nous reviendrons prochainement), et tous les spectateurs en sont sortis avec la banane!
Ce film prouve par la vitalité et l' enthousiasme qui le traverse que Madame Varda, 88 ans au compteur, a encore bon pied bon oeil...
Avec Visages Villages, les jeunes et fringants Agnès V et JR nous offrent du bonheur en 24 images secondes, et, en l'état actuel, c'est le cadeau le plus précieux du monde, vous ne pensez pas?