Quatre livres sur le cinéma qui nous ont accompagné cet été ...
Forcément, quand on aime le cinéma on aime les livres sur le cinéma et l'été ne sert pas qu'à faire un premier inventaire de la rentrée littéraire qui va arriver : quoi de plus stimulant en effet que d'emporter sur la plage les dernières publications sur le 7ème art qu'on avait pas encore eu le temps de découvrir et passer du temps avec James Bond, Barbet Schroeder, Jean Eustache, et même De Niro et Stanley Kubrick.. on vous dit tout ici ..
1. Barbet Schoreder, Ombres et clarté ( éditions Lett Motif)
"La tentation de s'accrocher pour comprendre l'interdit est le nerf de la guerre du cinéma de Schroeder. Afin de transcender les frontières de la morale, de les redéfinir en les questionnant tout autant que ses conséquences."
Né en 1941, le cinéaste suisse Barbet Schroeder est l’auteur d'une oeuvre protéiforme (24 films au compteur dont son dernier en date« Le Vénérable W. », qui trace le portrait d’un moine bouddhiste aux penchants extrémistes.)n'a eu de cesse de questionner l'humain dans toute sa complexité Chacun de ses films montre l’Homme, simplement, dans sa réalité, et son ambivalence, et le mal est un thème récurrent, banal de ses oeuvres.
De More à Amnesia, en passant par General Idi Amin Dada, Maîtresse ou Barfly, du documentaire à la fiction, de la Nouvelle Vague à Hollywood, les films de Barbet Schroeder nous entraînent, sur près d’une cinquantaine d’années, au-delà des genres, des catégories et des frontières, vers des territoires vierges, une marge, dans laquelle morale, évolutions et pouvoirs sont observés et questionnés, sans rien imposer. Avec élégance et distance. Ironie et bienveillance.
Filmant aux quatre coins du monde, il ne cesse de s'enthousiasmer pour les nouveaux défis que l'image cinématographique lui lance.
Cet essai de Jérôme d’Estais sonde avec énormément de densité et de richesse documentaire son oeuvre aussi cohérente que diversifiée .
Jérôme d’Estais, Barbet Schroeder : ombres et clarté, éditions Lett Motif
2. Bond; l'espion qu'on aimait; Frédéric-Albert Lévy, éditions Hors Collection
"Dans James Bond, le rôle des gadgets n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer […]D’un côté, ils sont là pour permettre à Bond de se tirer d’une situation périlleuse, donc imprévue sinon imprévisible. De l’autre, s’ils s’adaptent parfaitement à cette situation, c’est qu’elle était prévisible ».
"Bond, l'espion qu'on aimait", analyse ce qui explique la longévité de la licence et l’attachement du public à ce personnage légendaire qu'est OO7.
Cofondateur de la célèbre revue cinéma des années 80 Starfix aux côtés de Christophe Gans, ou Nicolas Boukhrief , Frédéric Albert Lévy est considéré aux yeux de tous comme le spécialiste James Bond et a constitué des années de recherches et de documents inédits ou très anciens pour nous faire une étude très approfondie de son sujet de prédilection ..
Bond, l’espion qu’on aimait nous plonge dans l’univers de l'agent secret le plus célèbre de la planète à travers des thèmes comme la relation de l’agent secret avec les méchants, les femmes ou encore ces fameux et indispensables gadgets qui sont la pour stimuler l’inventivité du personnage.
3. Au travail avec Eustache de Luc Béraud (Institut Lumière/Actes Sud)
"C'est notoire. Jean Eustache était un dandy, souvent désargenté, mais qui savait soigner sa mise et prendre des orientations éthiques et esthétiques fortes et volontiers provocatrices. Il y avait chez lui un gout du paradoxe et de la singularité qui le poussait parfois à afficher des idées réactionnaires sans que l'on ne sache vraiment s'il c'était une pose ou de la sincérité."
Lauréat du premier Prix du livre de cinéma du CNC, pour l'année 2017 qui récompense le meilleur livre de cinéma de l'année, ce livre de Luc BERAUD est effectivement un excellent ouvrage sur le cinéma et pour les cinéphiles et pour le grand public.
Rarement un ouvrage nous aura plongé aussi intimement et avec autant de détails dans le travail de réalisateur d'un grand cinéaste en l'occurence celui du réalisateur du mythique La Maman et la Putain.
Cinéaste surprenant et torturé, attachant et insupportable,excessif, hors normes,très attachant, un homme avec beaucoup de charme et de sensibilité, mais qui se battait contre lui-même. Eustache est raconté par celui qui a été son fidèle assistant sur trois de ses films..
Luc Béraud revient sur son passé commun avec Jean Eustache dont il fut l’assistant réalisateur notamment sur La Mamain et la Putain mais aussi Mes petites amoureuses d’Eustache (1974), un film méconnu peu montré en salle, un film très personnel car inspiré de son enfance à Narbonne et à Pessac, et offre un long-métrage précis touche par son réalisme absolu.
4. Brèves Rencontres ;Michèle Halberstadt ( Albin Michel)
A propos de Jack Nicholson : "Il est brillant, magnétique, puissant. Et son regard est intimidant. J'aurai préféré qu'il garde ses lunettes".
De Michèle Halbersatdt ancienne journaliste émérite de cinéma, il en est question dans le livre de Lisa Vignoli sur Jean Michel Gravier dont on récemment parlé,puisque les deux journalistes cinéma ont officié durant la même période- les années 80 et ont crée une fidèle amitié et se sont visiblement rendus des services mutuels ( elle raconte notamment comment grace à Gravier elle a pu interviewer Coppola alors que l'attachée de presse ne voulait surtout pas d'elle)
Michèle Halberstadt, qui a officié à feu Radio 7, puis à Première, et désormais productrice- elle a crée ARP avec son mari Laurent Pétin( cela est raconté dans le bouquin de Vignoli cqfd) nous raconte non pas ses mémoires- comme Mac Cartney lui suggère de le faire lors d'une rencontre- mais les rencontres les plus emblématiques avec les stars qu' elle a interviewé au cours de sa carrière:Richard Burton, Jack Nicholson Stanley Kubrick, Robert de Niro, Orson Welles Robert Redford, Isabelle Adjani. "
Un livre bref, mais qu'on lit avec une vraie curiosité tant on est ravi que l'auteur , romancière depuis quelques années, sait raconter ses histoires et nous communiquer son plaisir des surprises et des rencontres qui fait le sel de ce métier de journaliste animé par une vraie passion .
Certes Michèle Halberstadt se donne souvent le beau rôle ( on a l'impression qu'elle est la seule journaliste à poser de vrais questions en liens au cinéma, contrairement à ses homologues qui n'interrogent Paul Newman sur sur ses yeux bleus) mais on aime ces moments de complicité, même fugace entre la star et celle qui est venue l'interroger,
On vous laisse découvrir cette rencontre qui n'en est pas vraiment une avec une .Audrey Hepburn, mutine et rusée ainsi que le nom de ceux qu'elle a classé parmi les mauvais moments de ces brèves rencontres assez passionnantes à suivre ..