Lola pater : un film de Nadir Moknèche touchant et intimiste
J'avais rencontré le cinéaste algérien Nadir Moknèche il y a quatre ans, lors de sa présentation de son précédent film Goodbye Marroco, au Festival drôles d'endroit pour un rencontre.J'aime bien ce que fait ce cinéaste depuis son truculent Délice Paloma en 2007), et prouve qu'il sait faire un cinéma engagé et sensible
Dans son dernier film, sorti le 9 aout, Lola Pater sur un sujet du transexualisme souvent abordé ces dernièrs années au cinéma de Transamerica, à Lawrence Anyways en passant par une femme fantastique ou encore The Danish Girl Nadir Moknèche réussit avec tact et sensibilté à traiter un sujet casse gueule, et livre une oeuvre attachante et lumineuse sur les questions d'identité sexuelle.
Certains polémistes- dont Libération qui ne perdent parfois pas une occasion de se taire ont reproché à Fanny Ardant de ne pas être… un transsexuel : Fanny Ardant trône dans ce rôle faite pour elle, car en voyant sa prestation royale, on se dit que nulle autre actrice aurait pu porter ce rôle aussi casse gueule sans l’exagérer .
Nadir Moknèche laisse filtrer un m beau essage de tolérance,dans un mode non pas militant ni vindicatif, mais plus personnel et intimiste, soulignant que c’est à chacun de faire un pas vers l’autre, individuellement.
le film ne cherche ni à revendiquer un droit ni à imposer un quelconque message, mais se tisse autour d’une situation étonnante pour animer ses personnages. On est touché par le beau traitement que Moknèche réserve à ce duo sensible, en quête d’identité et de reconnaissance à travers les liens du sang,
La décision prise par Farid de devenir Lola et la complexité d’une situation qui la mena d’Algérie à Paris et de Paris au Sud de la France est traitée avec le respect et la sensibilité adéquate.
L’approche humaine de son sujet prise par Nadir moknèche permet à Lola Pater de mettre en abîme des personnages et des thématiques avec une justesse adaptée et beaucoup de simplicité.
« Être dans un corps qui n’est pas à toi, tu ne peux pas imaginer ce que c’est comme souffrance », si Lola/ Farid fait cette confession à son rejeton pour tenter de lui faire comprendre une décision assez difficile à appréhender pour lui, Nadir Moknèche n'en fait jamais trop, de cette difficulté d’assumer une nouvelle identité à l’ éventuelle acceptation.
Lola Pater choisit une narration simple certes mais sincère, afin de raconter ce face-à-face entre un fils endeuillé et son père devenu femme, sous fond de passé difficile à diférer.
Nadir Moknèche va à l’essentiel et en se focalisant en premier lieu sur ses personnages : en puisant dans ses racines le cinéaste franco algérien offre un panel de sa communauté franco-algérienne moins controversée et plus ouverte que dans ses clichés, avec un jeune- excellent(Tewfik Jallab)- va lutter entre ses a-prioris et un égo masculin froissé par ce père inattendu.
Ces deux personnages en quête de nouveaux repères se cherchent l’un dans l’autre, aussi bien pour se retrouver que s’accepter dans un très joli film, modeste dans sa forme mais très fort dans ce qu'il dit.