#Mardiconseil spécial livres de poche printemps 2018 : Antoine Bello, Nicolas Rey, David Enia
Le soleil a enfin montré le bout de son nez ces derniers jours, les températures ont grimpé et notre pile à lire de poches pour le printemps ont diminué pas autant qu'on aurait aimé mais un peu quand même, des mois qui se sont avérés terriblement livresques :
" La task force était dirigée d'une main de fer par Karen Snyder, une avocate d'une quarantaine d'années dévorée d'ambition. Deux ans à peine après son arrivée, elle se préparait à annoncer sa candidature aux élections sénatoriales de Californie. Franck s'attendait à ce qu'elle reste en poste le plus longtemps possible afin de bénéficier de l'aura que confère l'exercice de l'autorité dans l'inconscient républicain."
Franck, un inspecteur de police, doit enquêter sur une disparition dans la Silicon Valley.Mais lorsqu’il arrive dans l’entreprise, il se rend compte que.Ada la disparue n’est pas humaine, mais une IA (intelligence artificielle) IA programmée pour écrire des romances à l’eau de rose qui se vendent à plus de 100 000 exemplaires.
Ce roman d'Antoine Bello, auteur qui mélange science fiction et littérature blanche ( un de ses meilleurs romans est sans doute Emilie Brunet) parle d’un sujet assez actuel et connu dans la SF : les IA, et tout ce qui s’en suit : les lois robotiques, la conscience supposée ou non de l’appareil, l’éthique des fabricants, les risques que cela peut donner.
Mais la façon dont est traitée le sujet diffère de ce qu’on a l’habitude de lire et très drôleIA programmée à écrire des romans à l’eau de rose, Surtout lorsque la romance en question est parsemée d’argot ou de détails scabreux.
Entre la comédie, la SF et le roman policier, ce livre, qui lorgne évidemment du coté du du génie incontesté Philip K. Dick, propose une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur notre avenir.Antoine Bello poursuit sa réflexion sur la réalité de la réalité bien plus qu'il ne livre une thèse sur la dérive de la technologie.
Sur un exercice particulièrement périlleux,Antoine Bello s’amuse et amuse le lecteur... que demander de plus?
2. Sur cette terre comme au ciel, Davide Enia ( Le livre de Poche)
« C’est surprenant, cette insistance des femmes à demander aux hommes ce qu’ils pensent. La réponse, le plus souvent est simple, aussi élémentaire que le mâle : à rien. Parfois on est simplement en train de regarder une tache sur un mur. D’autres fois, c’est l’écoute d’un formidable solo de guitare électrique qui absorbe l’attention. Il n’y a aucune logique. Plus surprenant encore est la façon dont le mâle se sent tenu de fournir une réponse sensée et profonde qui alimenterait son charme mystérieux. »
Palerme 1980. De la guerre en Afrique aux attentats mafieux, une famille sicilienne dans la deuxième moitié du XXe siècle. Lorsque oncle Ubertino voit Davidu se battre contre les gamins du quartier, il comprend aussitôt que le petit orphelin de neuf ans a de qui tenir. La boxe est dans la famille depuis trois générations. Entouré d’une mère, d’un oncle et de grands-parents aimants, le jeune garçon tendre et poète à la fois, toujours flanqué de Garuso le souffre-douleur du quartier, va faire de cruelles découvertes, l’amitié, l’amour, le deuil et la vie comme un ring de boxe.
Quel joli roman d’apprentissage tendre et douloureux comme l’enfance. Une histoire de la Sicile à travers trois destins de boxeurs. Je vous entends hurler : « la boxe c’est détestable ! » eh bien oui cher lecteur je suis comme vous je déteste la boxe mais il faut bien le dire, ce sport extraordinairement romanesque est une formidable métaphore des difficultés et des combats quotidiens que l’homme doit affronter. Il émane de ce récit une tendresse, un charme et une violente douceur qui envoute le lecteur.
Davide Enia réussit l’improbable mariage du noble art et de la poésie.
3. Nicolas Rey, les enfants qui mentent n'iront pas au paradis ( J'ai lu)
"C'est à des petits détails qu'on réalise que l'on a passé quarante ans.Hier, par exemple, Gabriel parle à une amie au téléphone.
T'as fait quoi ce matin?, il a demandé
On m'a posé un stérilet, fut sa réponse.
Parfois il suffit d'une phrase pour réaliser qu'on n'a plus dix sept ans."
On aime beaucoup Nicolas Rey sur baz art et il ne nous le rend bien vu que notre article sur son dernier roman en date Dos au mur a été particulièrement lu ces dernieres semaines, et de loin notre chronique de livres la plus appréciée de l'année ..
Il faut dire qu'on a beaucoup vu Nicolas Rey sur les plateaux télé et radios pour la promotion de ce Dos au mur et cela a sans doute aidé cela
Les enfants qui mentent est son septième roman, juste avant " Dos au mur tient " qui dans cette infime frontière qui sépare la vérité du mensonge. Porté par des chapitres courts qui donnent un rythme alerte à ce récit qui mélange allégrement le réel et la fiction,sa mélancolie gaie, sa nonchalance feinte , ses traits d'esprit.
Nicolas Rey poursuit ici ce qu'il sait faire de mieux à savoir l’écriture des obsessions et des lâchetés contemporaines, avec son écriture nerveuse, à vif, agaçant parfois par la brièveté de ses chapitres, mais avec cet amour immodéré pour ces perdants magnifiques e l’on ne peut résister à l'envie de consoler en les prenant dans ses bras.
" Dès le premier jour, dès la première minute, on dialogue sans avoir besoin de se parler. On la regarde. On se dit : « C’est bien d’avoir tenu le coup jusqu’à cet instant-là. » Elle arrive vers vous avec sa grande écharpe. Elle sourit déjà. Sans le savoir, elle vient, elle aussi, de trouver son point d’équilibre. Celui que vous cherchiez à l’aube des nuits grises et pleines de cendres. Et c’est l’unique raison pour laquelle un homme s’est donné le mal de vivre, chère Catherine Ses histoires d'amour foireuses. Ses envies débiles. "