Baz'art  : Des films, des livres...
8 février 2019

Des hommes couleur de ciel :une déchirante histoire d'exil et de survie

 

hommes

""Peut-être devait-il courir au commissariat le plus proche pour le dire au policier. Il était l'alibi d'Adam, sa porte de sortie devant ce cauchemar. Mais une peur diffuse, irraisonnable, le maintenait pétrifié dans son lit. Et si Adam était coupable? Et s'il avait réellement tué ces lycéens?"

Un attentat meurtrier vient d'être commis dans un lycée de La Haye : vingt-deux élèves et deux professeurs sont morts sous les fracas de deux bombes posées dans le réfectoire.  

Un tchétchène est suspecté d'être à l'origine du massacre...Pourrait -il que ce soit   Adam (qui s’appelait Oumar dans son pays d’origine) ou  bien Kirem, son jeune frère, qui s’est volatilisé ? Alissa,  professeure de russe, est chargée de traduire les interrogatoires d'Adam, qui fut son élève, mais aussi les rédactions que Kirem s'obstinait à écrire en tchétchène  va tenter de  résoudre ce mystère et cette question : pourquoi  diable Adam garde-t-il le silence alors qu'il pourrait très bien  se disculper ?

La journaliste Anaïs Llobet  a longuement écumé la Russie et  la Tchétchénie,  ce pays tristement célèbres pour avoir persécuté des milliers  d’homosexuels. l’homosexualité , tabou passible de mort dans la communauté tchétchène.

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Au lieu de se lancer dans la rédaction d' un essai ou bien d' un récit didactique de ces terribles agissements, elle a préféré tisser une bien belle fiction  autour de trois individus d’origine tchétchènes  vivant à La Haye : les deux frères Oumar et Kreml,  et leur  professeur de russe, Alissa,  qui tente de cacher  ses origines, notamment à son compagnon.

"Mère-rempart, elle levait le menton vers le plafond de la cave, comme si elle défiait les avions de faire tomber leurs bombes sur ses enfants. Oui, il se souvient de ce regard qui ne vacillait pas, de son calme face aux grands-mères qui la harcelaient de reproches. Elle gardait la tête froide et les voisins s’en remettaient à elle. Taïssa avait la parole juste, le cœur acéré. Chacun savait que, si elle n’avait pas ses fils à élever, elle serait déjà dans les forêts, à se battre épaule contre épaule avec son mari Souleiman."

Cet exil aux Pays-Bas, pays des libertés et des institutions européennes est-il vraiment le graal, d’autant que rien ne préparait ces protagonistes à cette liberté.

Avec une intrigue pleine de rebondissements et parfaitement construite, Anaïs Llobet aborde plusieurs thématiques passionnantes  autour de l’exil et de l’arrachement à ses racines, comme la quête d’identité, la tolérance, l’intégration stigmatisation des différences culturelles, la fragilité de la vie face à la violence des actes  et bien évidemment d’homosexualité, le sujet  et moteur principal de la souffrance de cet Adam / Omar , obligé de cacher à ses proches ce qui fait partie intégrante de lui.

Sans pathos ni didactisme, Anaïs Llobet fait de ces  "hommes couleur de ciel "(le nom que l’on donne aux homosexuels en Tchétchénie)   le  témoignage percutant et intense  d'une (in)humanité  dans son ensemble.

Un des livres profondément marquants  de cet hiver littéraire, et qui pourrait bien faire réfléchir tous ceux qui auront le courage  et la chance de le lire …

 Des hommes couleur de ciel – Anaïs Llobet – Éditions de l’Observatoire – Janvier 2019

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