Les voyages de Cosme K; Philippe Gerin
" Alors que la douce torpeur semblait l'entraîner définitivement dans les fonds troubles du sommeil, Cosme K poussa un premier cri. Elle connaissait bien ce cri maintenant car il l'avait réveillée en sursaut à de nombreuses reprises. Un cri qui semblait venir des profondeurs des entrailles de Cosme et qui ne trouvait que le silence de la nuit pour l'accueillir".
Philippe Gérin avait publié en 2013 un premier roman « Du haut de la décharge sauvage »une.plongée dure et , poétique,dans l’enfer d’une décharge.
Pour son second roman, "Les voyages de Cosme K", le voyage en question semble a priori plus agréable puisqu'on suit les traces d'un certain Cosme K, et un parcours qui l'amène entre la Norvège, les rives du lac Baïkal en Sibérie et enfin en plein Singapour, mais ce périple dépaysant n'est pas pour autant source de plénitude et de détente pour son personnage principal.
Cosme K( nom d'emprunt dont on ne comprendra la signification qu'à la fin du roman) va d'escales en escales, et s'il y fait souvent de belles rencontres, de gens acceuillants et bienveillants, il semble être toujours en fuite de quelque chose. Que fuit il exactement et pourquoi ces terreurs nocturnes qui l'assaillent régulièrement?
"L’air s’est rafraîchi. Je me demande combien de fois tu as traversé cette plage dans l’air étouffant de journées interminables. Tous ces pas imprimés, le poids de ton corps sur ce sol sec, qui abandonne des traces éphémères derrière lui. Depuis que j’ai mis mes pas dans les tiens, la colère s’est peu à peu dissoute. J’ai rencontré ceux qui t’ont aimé et que tu as abandonnés à leur tour. J’ai vu la beauté des lieux qui t’ont accueilli dans leurs écrins et que tu as laissés derrière toi. Je ne peux te haïr. Je n’ai jamais pu. La peine se fait moins forte ici. Je la porte encore en moi en étendard mais la lassitude est en train de l’emporter. Il est temps pour moi d’accomplir le voyage de retour."
On suit son parcours et essaie de déchiffrer ces mystères à travers l'enquête de son frère qui va suivre ses traces quelques années après lui et rencontrer les mêmes personnes qu'il a pu faire et dans ces paysages propices au retour sur soi et à la méditation
Dans une langue belle et poétique, Philippe Gérin, qui a lui même beaucoup voyagé , notamment dans certains pays qui servent de cadre à son roman, livre une ode à la beauté , celle de la nature implacable évidemment, mais aussi à celle des hommes, capable de rédemption et de résilience.
Car ce qui importe, comme c'est souvent, le cas, c'est le voyage, le dépaysement, même si cela implique un déracinement renouvelé.
Un roman passé un peu inaperçu dans la folie de la rentrée littéraire, mais à conseiller à tous ceux et celles qui aiment les récits initiatiques envoutants
Les voyages de Cosme K, vient de paraître aux éditions Gaïa. A noter la venue à Lyon cette semaine de l'écrivain Philippe Gerin pour présenter son nouveau roman, Il sera jeudi 3 octobre à 19H à la librairie Au bonheur des ogres.