Découverte du théâtre immersif avec "Cyrano Ostinato" de Sébastien Bonnabel : une incroyable expérience !
Vous connaissez le concept de théâtre immersif ? Je l'ai pour ma part découvert grâce à Sébastien Bonnabel et à sa Compagnie du Libre Acteur à travers le formidable Cyrano Ostinato Fantasies qui reprendra le 20 janvier 2020 au Théâtre Lepic. Vivement !
Des acteurs incroyables et d'une grande générosité, du théâtre dans le théâtre, des airs de musique espagnole, de Schubert, de violon et d'accordéon mélancoliques, des improvisations à la chaîne, des choeurs, des exercices incendie, des fumigènes qui brouillent aussi bien nos repères que nos esprits... C'est à un moment hors du temps que nous convie la Compagnie du Libre Acteur dans ce théâtre près de Montmartre que nous commençons à bien connaître.
Adieu, je vais mourir !
C’est pour ce soir, je crois, ma bien-aimée !
Rien ne va plus à quelques jours de la première de l'adaptation de Cyrano de Bergerac, que Michelle (Pascale Mompez), enceinte jusqu'au cou et fulminant à la moindre contrariété, et son assistante Gabrielle (Marine Dusehu), ont toutes les peines du monde à faire tenir debout. Le temps d'une soirée "atelier" à destination de comédiens en herbe, dans le rôle desquels nous nous fondons pour l'occasion, la Compagnie nous propose de nous montrer à quoi ça ressemble, une pièce en préparation. Et c'est pour le moins rock'n'roll...
Pendant qu'Emmanuelle (Pauline Cassan), costumière remplaçante cultivant une passion pour la connerie enchaîne gaffe sur gaffe, à commencer par sa commande d'un nez un peu trop phallique pour Cyrano (Éric Chantelauze), Jean (Philippe de Monts), copain de Michelle et père de leur futur enfant, continue à frivoler presque sous ses yeux, les comédiens semblent plus occupés par ce qu'ils vont manger pendant leur pause que par l'apprentissage au cordeau de leur texte. Ajoutez au tableau une Madeleine-Roxane un peu diva (Marie Hennerez) qui cherche une timide Amandine-Duègne (Louise Rebillaud), un Raphaël-Comte de Guiche (Stéphane Giletta) sans cesse dérangé par sa maman au téléphone, un Thimothée un peu trop joueur (Emanuele Giorgi), et cerise sur le gâteau, un Cyrano qui annonce à la troupe qu'il est gravement malade, au désespoir de tous, à commencer par son jeune amoureux Arthur, alias Christian de Neuvillette (Kevin Rouxel). Les répétitions sont également suivies par une femme fatale joueuse d'accordéon (Zsusanna Varkonyi) toute de noir vêtue, qui semble être l'allégorie d'une mort guettant aussi bien Cyrano que son comédien.
Nous, spectacteurs, devenons pour un temps les élèves d'un Cours Florent imaginaire, amenés à prendre part aux répétitions, non seulement en y assistant, mais aussi, en répondant aux questions des comédiens qui nous interpellent, en interagissant avec eux.
On vibre au diapason de chacun d'eux, partageant leurs moments de bonheur, de joie, de désespoir, d'inquiétude. On rit, on pleure avec les comédiens et leurs personnages. Nos émotions, elles aussi, sont en totale immersion.
Une expérience puissante, qui nous scotche à nos sièges (sauf dans les moments où les comédiens nous demandent de les suivre), nous donne à voir les coulisses d'une création en devenir, le travail autour d'une oeuvre emblématique de personnalités qui s'aiment autant qu'elles veulent s'étrangler. Un reflet de ce qu'est la vie, en somme.
À la mort qui s’avance, j’aurais aimé pouvoir porter le meilleur de moi-même, ma seule joie comme étendard, et mon sourire comme ultime panache.
En un mot comme en cent... Elle en a, du panache, cette Compagnie !
À noter que la Compagnie joue dans Smoke Rings, un autre spectacle de théâtre immersif adapté de Ring de Léonore Confino jusqu'au 22 décembre au Théâtre Michel. On aurait bien envie de la tenter, elle aussi.
Cyrano Ostinato Fantasies, au Théâtre Lepic, 1 avenue Junot, Paris 18ème, reprise à partir du 20 janvier 2020, tous les lundis, à 21h.