Critique d'album/ Amazone : quand Morgane Imbeaud s'émancipe en douceur..
Elle a beau avoir quitté le groupe Cocoon depuis 2011- pour une pause dont le terme ne semble pas immédiat- Morgane Imbeaud n'en est pas moins restée inactive pour autant .
Elle a même été tout autant prolixe que son ancien comparse Mark Daumail, qui a repris tout seul le flambeau du groupe Cocoon avec un dernier album sorti en fin d'année dernière.
En effet, au cours de ces huit dernières années, la belle auvergnate n'aura cessé de multiplier les collaborations en tous genres et les projets aussi divers qu'ambitieux.
On pense à son duo de reprise de Simon and Garfunkel avec Elias Dris ou bien encore son CD/ spectacle pour la jeunesse, "les Songes de Léo", réalisé avec le concours du voisin Jean-Louis Murat, spectacle.qui depuis sa création.en 2015, aura pas mal bourlingué dans toute la France.
Bref, si "Amazone", qui sort ce vendredi 24 janvier 2020, peut être considéré comme le tout premier album solo d'une artiste qui jusqu'à présent avait toujours ressenti le besoin d'être épaulée, il est la suite logique d'une carrière déjà longue d'une quinzaine d'années et surtout se nourrit de toutes ses expériences et influences passées.
Comme Morgane- que j'ai eu la chance de rencontrer sur Lyon en fin de semaine dernière au cours d'un très long échange- me l'a confié, ce désir d'émancipation s'est fait naturellement, au gré d'un voyage en solo sur les terres de Norvège, précisemment à Gressohlmen, une île située tout proche d'Oslo.
Ce voyage sur des rives lointaines a irrigué un certain nombre de morceaux de l'album, dont le bien nommé "Gressholmen" , second titre de l'album après un premier ,"Au Nord, qui résume tout autant la tonalité générale de l'album.
Enregistré non pas en Norvège mais au studio mythique du Black Box, à Angers, Morgane a sollicité le musicien dromois H-Burns pour mettre en boite l'ensemble du disque et une ambiance aussi envôutante que folk.
Passé les deux premiers morceaux plantant le décor, Morgane clame son besoin d'indépendance et son côté féministe, revendiqué haut et fort dans le titre éponyme de l'album : " Je suis de celles qui se lèvent / Je suis de celles qui règnent".
Mais Morgane ne hausse pas forcément la voix pour assumer son besoin de s'affranchir des carcans masculins; elle le fait avec sa douceur et sa bienveillance naturelle, et cela a tout autant de poids que les féministes plus radicales.
Sans forcément bomber le torse, Morgane Imbeaud décide de tomber le masque et de s'assumer enfin pleinement et cela fait assurément du bien à entendre.
Alliant dans un bel équilibre les sonorités éléctroniques aux bandes analogiques et aux irruptions de cordes ( notamment dans "Au Nord "ou "je t'en veux", très beau duo glam rock avec le québécois Chris Garnaud), ce disque, où H Burns semble avoir beaucoup distillé ses influences ( Bob Dylan, Cat Power, Neil Young et consorts) est aussi féérique que fascinant.
Chantant avec la même aisance en français- notamment 4 des 5 premiers morceaux- qu'en anglais, quand elle ne me mélange pas les deux langues dans le même morceau ( "Et si on essayait au Nord/ Tu dis qu’ça tuerait la magie/There’s a fever in the making/Fever I can’t hardly keeping" ), Morgane Imbeaud ose s'aventurer sur des rives intimes et audacieuces.
Ces textes sont sans doute moins métaphoriques qu'à l'époque de Cocoon, permettant visiblement à Morgane de revenir avec un certain recul et sans aigreur sur des histoires sentimentales pas forcément heureuses et sur ce besoin viscéral de s'évader dans des grands espaces pour renaitre au monde.
Un voyage au Nord qui se fait forcément en première classe et qui est à découvrir dès vendredi prochain en CD et sur toutes les plateformes de téléchargement.
" Amazone », Morgane Imbeaud, sortie le 24 janvier 2020 chez Roy Music.
En concert au BISE Festival (Nantes) le 22 janvier et aux Étoiles (Paris) le 12 mars 2020.